Étude statistique sur les nefs triples en vue d’une datation (page 1/4 du 1/6/2019)
• Évolution
de l'architecture
Rappelons tout d’abord que ce premier essai ne concerne que
les nefs de basiliques à plusieurs vaisseaux. Il n’est donc
pas question ici des nefs uniques ou des édifices à plan
centré qui seront étudiés dans les pages suivantes. Il n’est
pas non plus question des ouvrages ajoutés aux nefs :
ouvrage Est (chevet), ouvrage médian (transept), ouvrage
Ouest (narthex), clocher, etc.
Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un essai de datation, comme
nous l’avions envisagé auparavant, mais d’une étude
statistique. Cette étude statistique devrait évoluer au fur
et à mesure de la description de monuments. Les cartes
interactives seront réactualisées à intervalles de temps
réguliers. Régulièrement aussi, nous ferons le point et nous
réévaluerons nos estimations en fonction des observations
effectuées.
La présente page représente la réactualisation des données au 1 Juin 2019.






Carte interactive n°1
Monde ( Europe et Méditerranée ) : types de nefs.
Pour voir un nom de lieu, survoler un des marqueurs de la carte à l'aide de la souris. Pour voir les noms des monuments du lieu ainsi sélectionné, cliquer sur ce marqueur.
Commentaires
sur la carte interactive n° 1 : Monde ( Europe et Méditerranée ), types de nefs
Cette carte représente les types de nefs décrites dans ce
site à ce jour. Nous avons voulu différencier plusieurs
types de nefs :
• Les nefs orientées à 1 vaisseau (drapeau vert).
• Les nefs orientées à 2 vaisseaux (drapeau violet).
• Les nefs orientées à 3 vaisseaux ou plus (drapeau orange).
• Les nefs à plan centré (drapeau bleu clair).
• Les monuments dits de type indéterminé (drapeau gris) sont,
en général, des monuments autres que des nefs d’églises :
des musées, des palais, des fortifications, voire des objets
caractéristiques.
• Enfin, le drapeau jaune désigne les régions non encore
étudiées. Ces zones non encore étudiées concernent le tiers
des départements français et des pays comme l’Italie, la
Belgique et les Pays-Bas.
La première des constations que l’on peut faire au sujet de
cette carte représentant l’Europe et le pourtour de la
Méditerranée est la grande densité de monuments dans le Sud
de la France, principalement le Bas-Languedoc et la basse
vallée du Rhône (le département des Pyrénées-Orientales n’a
pas été étudié), et une densité nettement moins importante
en Espagne, pays étudié d’une façon analogue. Deux
hypothèses sont possibles : soit la densité d’occupation est
réellement différente, soit la recherche de monuments a été
plus efficace en Bas-Languedoc qu‘en Espagne. Sans doute un
peu des deux. Pour la première hypothèse, les régions
d’Espagne sont du point vue agricole plus pauvres que le
Bas-Languedoc. Pour la deuxième hypothèse, on peut remarquer
que la région espagnole des Asturies est plus densément
occupée. Or c’est dans cette région que la « reconquista »,
période exaltante de l’histoire de l’Espagne, a débuté. Il
ne serait donc pas étonnant que cette région ait été plus
prospectée que d’autres. En particulier, les régions Sud de
l’Espagne occupées par les arabes durant une partie du
premier millénaire.
Les départements situés au Nord et à l'Est de la France
n’ont pas encore été traités, mais nous savons qu’il y
existe des monuments susceptibles de dater du premier
millénaire. De plus des ouvrages tels que : « Palatinat
Roman », « Bavière
Romane » ou « Saxe
Romane », de la collection Zodiaque,
nous apprennent qu’il existe, à l’Est du Rhin, des églises
romanes. Et donc très probablement des églises préromanes.
Cependant, il nous faut constater la très faible densité de
monuments préromans à l’Est d’une ligne allant de Hambourg à
Venise. Sauf beaucoup plus à l’Est, en Géorgie et en
Arménie. Et ce n’est pas faute d’avoir cherché sur Internet.
Des pays entiers comme la Pologne, la Tchéquie, la
Slovaquie, la Hongrie semblent ne détenir que très peu
d’églises romanes : une dizaine pour la Pologne, moins de
cinq pour les autres pays. Cette très faible densité a de
quoi surprendre. À quoi l’attribuer ? Les invasions
barbares ? Mais alors, comment se fait-il que des églises
aient pu subsister et en grande densité à l’extrême Est du
monde occidental ? Une moins grande richesse de terres
cultivées ? Cela est un peu plus envisageable. Il semblerait
que les terres situées à l’Est de l’Europe aient été
colonisées progressivement après la période romaine.
Auparavant, ces terres étaient occupées par de grandes
étendues de forêts primaires dont des restes subsistent en
Pologne. Le défrichage de ces forêts par écobuage, leur
transformation en grandes prairies libres de tous droits,
n’a sans doute pas favorisé une occupation permanente des
populations. C’est en tout cas ce à quoi on a assisté
jusqu’au XIXesiècle, voire au XXe,
en Afrique subsaharienne.
Nous avons aussi une autre explication : les églises
auraient pu être construites en bois, comme le sont les
stavkirker de Norvège ou certaines églises de Pologne. Ou
encore en France, en Champagne. Le bois étant un matériau
périssable, ces églises auraient disparu dans le temps.
Une dernière explication nous semble envisageable : il
existe dans ces pays des monuments datant du premier
millénaire, mais ils n’ont pas été identifiés. Cette
hypothèse peut paraître complètement farfelue, mais elle
découle d’une constatation : la carte que nous sommes en
train de construire des monuments antérieurs à l’an mille
coïncide à la carte de diffusion des ouvrages de la
collection Zodiaque.
Il y a un ouvrage «
Belgique Romane », donc il devrait y avoir des
églises préromanes situées en Belgique. Il n’y a pas
d’ouvrage intitulé «
Autriche Romane » donc sur la carte de notre site
Internet, il ne devrait pas y avoir d’église préromane en
Autriche. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’église
romane ou préromane en Autriche ! Cela signifie seulement
que les éditions Zodiaque, s’étant arrêtées de
concevoir des ouvrages, l’ouvrage concernant l’Autriche n’a
pas fait l’objet d’études préalables. Et ces études, ce
n’est pas nous qui pouvons les faire, mais des personnes
résidant en Autriche. Nous nous contentons des pages
publiées sur Internet. Mais comme il n’y a pas eu d’ouvrage
intitulé « Autriche
Romane », il n’y a pas eu de relai au niveau local
pour mettre en évidence de telles églises.
Venons en maintenant aux études statistiques sur cette carte
intitulée Monde
: types de nefs (le « monde » dont il est
question est l’ex monde romain, c’est-à-dire un monde réduit
à l’Europe et au pourtour de la Méditerranée).
À la date du 1 Juin 2019, environ 1500 monuments ont été
identifiés comme étant susceptibles de dater du premier
millénaire. Sur ces 1500 monuments, 1134 ont fait l’objet
d’une étude dans notre site, soit une augmentation de 22%
par rapport à notre étude précédente datant d'il y a 3 mois.
Parmi ces 1134 monuments, 395 sont des nefs orientées à 1 vaisseau,
15 des nefs orientées à 2 vaisseaux, 529 des nefs orientées à 3 vaisseaux ou
plus, 88 des nefs à plan centré, 111 des monuments de type
indéterminé.
Nous allons d’emblée écarter les 111 monuments de type
indéterminé qui ne peuvent être considérés comme des nefs
d’églises. Il reste 1023 monuments correspondant à des nefs.
Parmi ces 1023 nefs, 88, soit 8,6% sont des nefs à plan
centré. Nous les étudierons dans une des pages suivantes.
Il reste 935 nefs à plan orienté. En règle générale,
l’orientation s’effectue de l’Ouest en direction de l’Est.
Avec cependant une marge d’incertitude par rapport à l’axe
réel Ouest-Est. Nous avons seulement 11 nefs à deux
vaisseaux. Soit 1,2% des nefs. Ce qui laisse penser que, à
l’origine, il n’a pas été prévu de construire des nefs à
deux vaisseaux. Et effectivement, nous avons la plupart du
temps constaté que les nefs à deux vaisseaux pouvaient être
obtenues soit par l’adjonction d’un vaisseau à une nef
unique, soit par la suppression d’un vaisseau dans une nef
triple.
En faisant abstraction de ces 11 nefs, il reste 924 nefs
orientées dont 395 (42,7%) à un seul vaisseau et 529 (57,3%) à
trois vaisseaux ou plus.
Nous constatons à la vue de ces chiffres que les nefs à
trois vaisseaux semblent plus nombreuses que les nefs à un
vaisseau. Il devrait s’agir là d’une vraie surprise que nous
avions anticipée au cours de nos recherches. Pourquoi tant
de nefs à 3 vaisseaux ? Il faut comprendre que la nef
supposée idéale est la nef à un seul vaisseau. Il n’y a pas
de pilier pour empêcher la vision du sacrifice eucharistique
au cours de la célébration dominicale. On peut objecter à
cela que la nef unique est employée pour les petites
superficies destinées à un petit nombre de fidèles. Dès
qu’on passe à un plus grand nombre de fidèles, la nef unique
ne convient plus, car limitée en largeur, elle devrait être
allongée démesurément, et, en conséquence, il faut passer à
la nef triple. Cette objection n’est qu’en partie fondée,
car on a constaté dans bien des cas que des nefs triples
étaient de dimensions si réduites qu’elles auraient pu être
remplacées dès l’origine par des nefs uniques. Nous pensons
donc qu’il doit y avoir des raisons autres
qu’architecturales ayant conduit à privilégier les nefs
triples : collatéraux réservés aux néophytes ? aux femmes ?
aux esclaves? Circuits de processions nécessitant l’usage de
collatéraux ? Toujours est-il qu’il semblerait que les nefs
triples aient précédé les nefs uniques. Sauf le cas de
petits oratoires occupés par des ermites isolés.






Carte interactive n°2
France : types de nefs.
Pour voir un nom de lieu, survoler un des marqueurs de la carte à l'aide de la souris. Pour voir les noms des monuments du lieu ainsi sélectionné, cliquer sur ce marqueur.
Commentaires
sur la carte interactive n° 2 : France, types de nefs
Les drapeaux sont les mêmes que ceux de la carte précédente.
À la date du 1 Juin 2019, sur 901 monuments ayant fait
l’objet d’une étude dans notre site, 339 sont des nefs
orientées à 1 vaisseau, 8 des nefs orientées à 2 vaisseaux,
414 des nefs orientées à 3 vaisseaux ou plus, 31 des nefs à
plan centré, 109 des monuments de type indéterminé.
Si on effectue les mêmes opérations que précédemment, on
écarte les monuments de type indéterminé. Il reste 792
églises. Parmi ces 792 églises, 31, soit 3,9 % sont à plan
centré. Enfin, on constate que le nombre de nefs à 1
vaisseau, 339, est un peu inférieur (42,8%) au nombre de nefs à 3
vaisseaux.
Sur la carte interactive, on constate que la densité de
drapeaux verts (nefs à 1 vaisseau) semble plus importante au
Sud de la France sur les contrées bordant le Golfe du Lion.
Peut-être y a-t-il là une cause structurelle indépendante de
la répartition réelle : nous habitons dans cette région et
en conséquence nous la connaissons mieux que d’autres
régions et sommes mieux à même de connaître des églises
ignorées. Cependant, il semble bien que cette région possède
plus que d’autres des églises à nef unique. En particulier,
des églises à chevet plat. Ce sont des églises à nef unique
situées principalement hors des villes.
Les nouvelles images introduites sur le site permettent de mettre en évidence l’existence d’un type d’église
aux caractéristiques bien définies. Nous avions déjà rencontré ce type d’église à Tollevast (Manche/ Normandie),
ou à Saint-Pierre de Brocuéjouls (Aveyron/ Occitanie). Mais nous pouvions penser que le modèle était isolé, régional.
Grâce aux images recueillies sur les églises de Bourgogne, nous estimons à présent que ce modèle est plus fréquent
que ce que nous avions envisagé.
Le plan de ces édifices est tripartite : un ouvrage Est, un ouvrage médian, un ouvrage Ouest.
L’ouvrage Est est constitué par une abside en général unique, parfois précédée d’un avant-chœur.
L’ouvrage médian correspond au transept. Mais ce n’est pas un vrai transept car il n’y a pas de croisillons de transept.
Seule subsiste la croisée de transept qui, systématiquement porte des étages supérieurs et un clocher.
L’ouvrage Ouest est une nef unique, le plus souvent charpentée.
La principale observation que nous pouvons faire est que ces trois ouvrages semblent nettement différenciés, construits en des périodes différentes.
On n’a pas affaire à un plan préétabli mais à des ajouts ou des modifications successives qui aboutissent au modèle final décrit ci-dessus.
Nous pensons que l’ouvrage médian est le dernier à avoir été construit. Une église existait auparavant.
On a décidé d’installer sur cette église un ouvrage médian faisant office de clocher. Attention, lorsque nous disons « le dernier à avoir été construit »,
cela signifie « le dernier de l’église primitive à avoir été construit ».
Car il a pu y avoir des réaménagements de cette église primitive après la construction. Par exemple, des absides ont pu être refaites, agrandies.
Cela étant, nous pensons plus particulièrement aux nefs. Nous pensons qu’il y avait primitivement plus de nefs triples.
Mais aux alentours de l’an mille, la fonction particulière des collatéraux a perdu le sens qu’elle pouvait avoir primitivement.
En conséquence, les piliers centraux ont été supprimés et la nef qui était triple est devenue unique.
C’est en tout cas ce que nous avons envisagé dans certains cas particuliers comme les « passages berrichons ».
Nous avons ajouté ci-dessous les graphes des statistiques indiquées plus haut.
Les codes O1V, O2V, O3V désignent les nefs à 1 vaisseau, 2 vaisseaux, et 3 vaisseaux, respectivement. Le code C désigne les nefs à plan centré.
Le code X désigne les nefs de type indéterminé.