L’église de Locmaria à Quimper (Finistère) 

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Étude architecturale


Image 1 : Plan de l’église de Locmaria. On distingue sur ce plan, en noir , la nef, en vert, le transept et l’absidiole nord, en bleu foncé, l’abside, l’absidiole sud, et le porche d’entrée, en rose le pilier nord-ouest  du transept.  Les parties qui nous intéressent plus particulièrement sont la nef et le transept (en noir et en vert). Les parties en bleu foncé n’ont pas été étudiées mais seraient plus récentes. Le pilier cylindrique (en rose) est probablement le résultat d’un « habillage », à fin de renforcement, d’un pilier précédent analogue au pilier sud-ouest du transept. 

Les images 2 et 3 montrent une nef à 3 vaisseaux couverts d’une charpente. On est donc  en présence d’une basilique de type « romain ». C’est-à-dire non voûtée  de pierres. Les piliers sont rectangulaires de type 1010. C’est à dire comparables à ceux de Daoulas et de Redon.  Avec néanmoins des différences.  Ici, les impostes qui, comme à Redon, ne couvrent pas la totalité du pilier (il y a deux impostes à chaque pilier) sont supportées par des pilastres à plan rectangulaire. Alors qu’à Redon ce ne sont pas des pilastres mais des colonnes demi-cylindriques adossées au pilier.  Malgré cette différence on peut estimer que les nefs de Locmaria et de Redon  sont contemporaines et qu’elles précèdent de peu Daoulas. En effet les arcades rejoignant les piliers sont à simple rouleau. Comme à Redon, et à la différence de Daoulas où elles sont à double rouleau.




L’image 4 représente la croisée du transept vue en contre-plongée. On voit qu’ici les arcades sont à double rouleau. Ces arcades reposent sur des chapiteaux (et non des impostes) portés par des colonnes demi-cylindriques. Par ailleurs le plan (image 1)  nous montre que le transept est débordant (plus large que la nef)  et que les absidioles ne sont pas dans le prolongement des bas-côtés. Toutes ces caractéristiques accréditent l’idée que le transept est nettement postérieur à la nef.

On voit aussi que c’est un plancher et non une coupole sur trompes qui couvre la croisée du transept.  Cet autre détail nous conduit à penser que ce transept est antérieur  aux transepts dotés d’une coupole de croisée. On a donc une première estimation de datation.

Les images 5 et 6 montrent des chapiteaux à volutes très ressemblants entre eux. Sur l’image 6 le chapiteau  de droite montre des traces de restauration. Ce qui prouve son ancienneté..




L’image 7 est celle d’une imposte de la nef.  Cette nef  pose un problème.  En effet on est surpris par son côté « neuf ». Elle ressemble plutôt à une église néo-romane du début du XXe siècle qu’à une église du VIe siècle.  De fait, elle a dû être beaucoup restaurée au siècle dernier : on peut le voir aux joints entre les pierres qui sont relativement récents.  Le problème est de savoir si cette restauration a concerné aussi les impostes. Celles-ci semblent en effet très bien conservées. Peut-être trop bien.  L’aspect granité de leur  surface fait penser à un travail à la boucharde, du XIXe ou XXe siècle.  Il est donc possible que, lors de la restauration, les impostes aient été remplacées.


Essai de datation

 

Au vu de ces observations on peut proposer les datations suivantes : 

Dans un premier temps la nef à «trois vaisseaux » est édifiée. Cette nef doit être contemporaine de celle de Redon.   La datation de celle-ci est de l’an 650 avec un écart estimé de 150 ans. Cette première nef est dotée d’une abside et, probablement d’absidioles situées dans le prolongement des collatéraux.

Dans un deuxième  temps, il est décidé de créer un transept plus large que la nef. D’où le renforcement des piliers de la nef jouxtant avec le transept. La création de ce transept entraîne la suppression des absidioles et, peut-être, de l’abside principale.  De nouvelles absidioles  sont greffées sur le transept.  Cette partie aurait été édifiée vers l’an mille ou peu après. Soit l’an 1025 avec un écart estimé de 125 ans.