L’église Saint-Georges de Néris-les-Bains  

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Sur la page du site Internet Wikipedia parlant de cette église, les renseignements sont très lacunaires. Fort heureusement, des panneaux placés à l’extérieur de l’édifice permettent d’en avoir une meilleure connaissance.


Un premier ensemble de panneaux donne des explications sur la nécropole placée au Nord de l’église : « Nécropole : Durant la période mérovingienne et carolingienne une nécropole est installée sur l’actuelle place de la République. Du VIesiècle au Xesiècle, ce cimetière, logiquement placé autour de l’église, se compose de sépultures en pleine terre et de sarcophages, souvent taillés dans des blocs d’origine romaine (fûts de colonnes, corniches sculptées), certains avec un emplacement pour la tête et les épaules du défunt (IXeet Xesiècle)… Au XIesiècle, le château fort de la ville recouvre les sarcophages mérovingiens et carolingiens. Avec des fondations aussi fragilisées, il tombe rapidement en ruine… » (images 2 et 3).

Nous ne sommes pas des spécialistes de la question, mais il nous semble que les tombes « avec un emplacement pour la tête du défunt », dites « à logette céphalique » seraient plus anciennes, d’environ deux siècles (VIIeou VIIIesiècle). De toute façon, les études sur ces nécropoles sont encore en cours. Leurs datations se révèlent de plus en précises grâce aux méthodes de datation au radiocarbone.

Une de ces tombes porte une scène gravée (image 3). Au-dessus de ce qui semble être un motif en croix, on distingue deux lions à queue feuillue encadrant un canthare. Une telle scène nous semble très intéressante dans la mesure où le canthare, issu des romains (et avant eux les grecs), disparaît rapidement par la suite au profit du calice. On peut donc penser que le motif du lion à queue feuillue que l’on croyait remonter au XIesiècle serait nettement plus ancien du Veou VIesiècle.


Un autre panneau fournit des renseignements sur l’église Saint-Georges : « Avec le développement du christianisme, c’est au VIesiècle que l’église Saint-Georges est construite à l’emplacement de la basilique du IVesiècle, elle-même construite sur un mur romain dont elle a gardé le mur latéral Nord. Ce mur est facile à repérer car il présente une alternance de rangées de briques et de rangées de petites pierres.

Cette technique qui assurait une plus grande solidité aux constructions était très employée par les romains.

L’église a ensuite été agrandie au XIesiècle (abside, chœur et transept) et au XIIesiècle (nef en berceau brisé, clocher). Elle possède deux caractéristiques majeurs de l’art roman : la solidité et la sobriété. L’aspect massif de l’ensemble est évident avec les murs bas, les contreforts épais et un manque d’ouvertures.
».


Si nous avons bien compris ce qui est écrit sur ce panneau, il y aurait eu en cet emplacement quatre édifices successifs : une habitation romaine construite avec des murs en alternance de briques et de petits moellons, puis une basilique au IVesiècle, une autre au VIesiècle et enfin une autre église au XIesiècle.

Nous ne savons pas comment ont été trouvées les basiliques du IVesiècle et du VIesiècle. Par contre, nous avons remarqué que le mur latéral Nord n’était pas le seul mur d’origine romaine. Ce mur latéral Nord est visible sur les images 5, 6 et 7 pour l’extérieur et sur l'image 14 pour l’intérieur. On constate à chaque fois l’alternance des lits de brique et de pierre. L’appareillage est relativement régulier en ce qui concerne les images 7 et 14. Il l’est beaucoup moins pour l'image 6. Le percement d’une porte et d’une fenêtre, l’ajout de contreforts ont contribué à la destruction de cet appareil.

Sur l'image 8 de la façade Ouest, côté extérieur, on ne voit pas d’appareil en alternance. Il est par contre très apparent à l’intérieur (image 15).

Enfin on observe à nouveau un appareil en alternance, côté Sud (images 9 et 10).

Il apparaît au vu de ces observations que trois des murs de l’église actuelle (Nord, Ouest et Sud) conservent des parties importantes de l’ancien mur d’un édifice romain. De là à estimer que ce mur romain n’est autre que celui de la basilique romaine primitive, il n’y a qu’un pas. Nous serions donc en présence de la basilique romaine primitive.


Bien sûr, cette basilique a été profondément modifiée, comme en témoignent les interruptions de lits de briques et de pierres sur les murs.

L’édifice primitif devait être comme l’actuel édifice, à trois vaisseaux, le vaisseau principal étant porté par des piliers ou des colonnes. Mais ce ne seraient pas les piliers actuels, beaucoup plus tardifs. Il est possible que, comme c’était souvent le cas à l’époque, les piliers primitifs aient été en bois.

En tout cas dans l’église actuelle, le vaisseau principal est porté par des piliers de type R1010 (images 16, 17 et 18). Ce type de pilier témoigne d’une période primitive dans l’art roman (des XIeou XIIesiècles). Par ailleurs, les chapiteaux des images 20 (lion à queue feuillue), 21 (masque vomissant des feuillages), 22, 23 et 24, témoignent d’une ancienneté analogue.

Reprenons l'image 24 : On constate que la demi-colonne adossée au pilier (celle située face à nous partage la corniche qui passe au-dessus des chapiteaux). Normalement, par souci d’esthétique, la corniche devrait contourner la demi-colonne. Ce n’est pas le cas ici. D’où l’idée que, primitivement, le vaisseau principal était charpenté. Il aurait été voûté ultérieurement en berceau brisé sur doubleaux brisés. Pour soutenir les doubleaux brisés, on aurait installé les demi-colonnes adossées.

Supposons que le voûtement en berceau brisé ait été prévu dès l’origine. Dans ce cas, les constructeurs auraient aussi prévu l’installation de fenêtres supérieures pour éclairer la nef. Ce n’est pas le cas ici. Au moment de la construction des piliers de type R1010, la nef devait être charpentée. Ultérieurement, on aurait décidé de la voûter. Mais, pour ce faire, on a décidé de la rabaisser. Ce qui a eu pour conséquence de supprimer les fenêtres supérieures.

Le chevet (images 11 et 12 et plan en image 13) pourrait être lui aussi très ancien : les absidioles sont dans le prolongement des collatéraux, leurs ouvertures sont étroites et les traces de réfection, nombreuses. Concernant l’abside principale, elle a pu faire l’objet d’une réfection à l’époque romane (adjonction d’une colonnade de fond d’abside (image 25).

Noter la présence d’une colonne d’origine romaine servant de base à un autel (image 27).


Datation

Concernant la basilique primitive (aux murs en alternance de briques et de pierres), la datation envisagée est l’an 450 avec un écart de 150 ans.

Concernant la basilique ayant remplacé cette basilique primitive, nous proposons la datation de l’an 1000 avec un écart de plus de 100 ans.

Pour le couvrement de cette basilique en berceau brisé sur doubleaux brisés, nous proposons la datation de l’an 1200 avec un écart de 50 ans.