L’église Saint-Georges de Cologne
Les images 1 et 2 ci-dessous
paraissent strictement semblables. Pourtant, un examen
attentif permet de vérifier que les arrière-plans sont
différents : l’ouvrage Est pour la première, l’ouvrage Ouest
pour la seconde.
Cette église est un peu différente des précédentes, car ici,
les murs gouttereaux du vaisseau central ne sont pas portés
par des piliers quadrangulaires, mais par des colonnes
cylindriques.
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Image 1
L’église Saint-Georges : vue de la nef
en direction du sanctuaire.
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Image 2
L’église Saint-Georges : vue de la nef
en direction du fond de l’église.
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Image 3
L’église Saint-Georges : le transept
et l’abside principale .
Ici les transformations sont vraiment
apparentes. Il apparaît en effet que le vaisseau central
était charpenté. Il en était probablement de même pour les
collatéraux. Lorsque le voûtement du vaisseau central a été
décidé, on a posé de massifs piliers à plan rectangulaire
aux extrémités de la nef et au milieu de la rangée de
colonnes. Si bien que l’on voit le pilier du milieu
positionné entre deux colonnes. La voûte d’arêtes a été
posée sur ces piliers rectangulaires. Et non sur les
colonnes estimées trop fragiles.
Nous pensons que la nef primitive à colonnes cylindriques
apparemment monolithes était de type romain. Elle serait
selon nous antérieure aux autres nefs de Cologne, et
daterait du Veou VIesiècle.
Ajout le 22 décembre 2022
Nous avons effectué une visite rapide de cette église en
octobre 2006, c'est-à-dite 10 ans avant la création de
l'actuel site Internet. Les commentaires ci-dessus ont été
rédigés peu après cette création, dans le courant de l'année
2016.
À ce moment-là, nous n'avions pas encore élaboré les
méthodes d'analyse des bâtiments que nous appliquons
aujourd'hui. De plus, nous pouvons profiter aujourd'hui de
certaines innovations techniques ou informatiques qui, à
l'époque, n'étaient que peu répandues (imagerie par
satellite, géolocalisation, cartes interactives, galeries
d'images d'Internet, etc).
Il est donc possible, à présent, de revenir sur l'étude de
ce monument.
La plupart des images de cette page ont été saisies lors de
la visite initiale.
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Image 4
L'église Saint-Georges de Cologne.
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Image 5
L'église Saint-Georges de Cologne.
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Image 6
L'église Saint-Georges de Cologne.
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Image 7
L'église Saint-Georges de Cologne.
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Image 8
L'église Saint-Georges de Cologne.
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Image 9
L'église Saint-Georges de Cologne.
« Histoire : La date de fondation de Saint-Georges remonte à l'archevêché d'Annon II de Cologne et sa construction se poursuit jusqu'en 1067. Auparavant, se trouvait là un oratoire bâti au VIIe siècle, probablement détruit par les Normands.
La nef est voûtée au milieu du XIIe siècle, vers 1150. Le massif occidental est ajouté en 1188 et le portail d'entrée du côté nord en 1551. Après différentes rénovations, l'église est restaurée dans son état du XIIe siècle à la fin des années 1920.
Le bâtiment est endommagé pendant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, entraînant une restauration importante en 1964, et en 1978 pour l'intérieur.
Architecture : Le plan tréflé de son extrémité orientale est typique des églises romanes de Cologne, son chœur et ses transepts se terminant chacun par une abside. La nef est unique à Cologne car son arcade repose sur des colonnes plutôt que des piliers.
La façade est robuste, avec des murs de 5 mètres d'épaisseur, ce qui suggère qu'il était censé être plus haut que ce qui fut réellement construit. Le toit roman original remplacé par un beffroi baroque, mais endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale, fut remplacé par un toit en cuivre à forte pente. »
Commentaires sur ce texte
Annon II est né vers l 'an 1010 et meurt en 1077. Cela donne une idée de la datation proposée par l'auteur du texte de Wikipédia : vers le milieu du XIe siècle. Cette datation est fort différente de celle que nous avions proposée précédemment (« ... daterait du Veou VIesiècle ». Voir ci-dessus).
Le ton du texte de Wikipédia est catégorique : « La date de fondation de Saint-Georges remonte à l'archevêché d'Annon II de Cologne et sa construction se poursuit jusqu'en 1067.». Devons-nous pour autant remettre en question notre propre estimation de datation ? Certes, l'auteur doit sans doute s'appuyer sur l'existence de textes. Mais y-a-t-il des textes datant de cette période ? Et, si oui, les a-t-on bien interprétés ? Nous avons constaté que dans bien des cas, le sens des textes était orienté en fonction des souhaits du commentateur. Ainsi, manifestement, le chercheur qui analyse des documents sur un monument a pour intention de connaître l'histoire architecturale de ce monument, c’est-à-dire sa construction, ses aménagements, les influences subies. Or de tels documents sont très rares car on n'a pas cru devoir les conserver. À quoi sert-il de garder les plans d'un monument ? Il a été construit ; il suffit de le voir ! Privé de ces documents de base, le chercheur se reporte sur d'autres documents qui n'ont peur-être aucun rapport avec la construction. Ainsi, la fondation d'une communauté ne correspond pas forcément avec la construction de l'église de cette communauté. La consécration d'un autel ne correspond pas forcément avec l'inauguration de l'église contenant cet autel.
Il ne s'agit là que d'une mise en garde. Bien sûr, il est fort possible qu'il existe un document d'époque certifiant sans ambiguïté que cette église à bien été construite sous l'épiscopat d'Annon II. Mais c'est aux auteurs du texte de Wikipédia d'en apporter la preuve.
La phrase, « Auparavant, se trouvait là un oratoire bâti au VIIe siècle, probablement détruit par les Normands. », est quant à elle plus nuancée puisqu’on y trouve le mot
« probablement ». Cependant, nous trouvons ces histoires de destructions par les Normands un peu trop fréquentes pour être honnêtes. Rien ne dit qu'il y a eu totale destruction (il pourrait y avoir des restes dans le bâtiment actuel). Rien ne dit que cette destruction était due à un acte malveillant (les exemples de destruction d'un bâtiment ancien en vue d'une construction nouvelle sont beaucoup plus fréquents que ceux des destructions malveillantes). Rien ne dit que la destruction est le fait des Normands (à titre de comparaison, les méfaits des nazis durant la guerre de 1939-1945 sont bien connus. Pourtant, en 1944, ce ne sont pas les nazis qui ont détruit la ville de Cologne où ce trouve cette église).
Nouvelles observations concernant l'architecture de cette église
Le texte de Wikipédia affirme ceci : « La nef est voûtée au milieu du XIIe siècle, vers 1150 ». Nous pensons que le vaisseau central de la nef a été effectivement voûté, mais ce serait beaucoup plus tard, peut-être au XVIe siècle.
La nef de l'église primitive devait être charpentée. Cela apparaît sur les images 1 et 2 (mur Sud pour l'image 1 ; mur Nord pour l'image 2). Pour chacune de ces deux images, un très haut pilastre vertical vient partager en deux le mur de la nef. Il est manifeste que ce pilastre a été installé ultérieurement car il traverse par le milieu un arc analogue aux arcs voisins. Ce pilastre porte les arcs qui, à leur tour, soutiennent la voûte d'arêtes. Il est possible que cette voûte soit en stuc. En tout cas, les pilastres et leurs chapiteaux ne ressemblent pas à des pilastres romans ou gothiques mais plutôt à des œuvre renaissance ou baroque.
Ces images 2 et 3 nous obligent cependant à fortement réviser la datation du Ve ou VIe siècle que nous avions envisagée auparavant. En effet, nous n'avions pas remarqué que les arcs porteurs du vaisseau central étaient doubles. Cela caractériserait selon nous, une avancée technique importante. Et donc une datation plus tardive (an 900 avec un écart de 125 ans).
L'ouvrage Ouest (images 4, 8 et 9 et plan de l'image 5) :
Relisons le texte ci-dessus : « Le plan tréflé de son extrémité orientale est typique des églises romanes de Cologne, ... La façade est robuste, avec des murs de 5 mètres d'épaisseur, ce qui suggère qu'il était censé être plus haut que ce qui fut réellement construit ».
Nous ne sommes pas d'accord avec l’expression « plan tréflé » et préférons lui substituer « plan carré ». On constate que le plan carré est apparent sur trois faces. Il manque la face du côté de la nef. C'est un peu surprenant : dans la plupart des cas, il existe une sorte de frontière entre l'ouvrage Ouest et la nef, une sorte de pan de mur percé de deux grandes baies superposées. L'ouvrage Ouest est à deux étages : l'étage inférieur servant de porche, l'étage supérieur servant de tribune orientée vers la nef. Ici, il n'y a pas deux étages et pas de séparation entre la nef et l'ouvrage Ouest. Cependant, il est possible que primitivement, une telle séparation ait existé. Les faces Nord, Sud et, Ouest de cet ouvrage Ouest sont identiques au point de donner à l'ensemble une impression d'incomplétude, et d'imaginer qu'à l'origine le plan carré était parfait. Ce plan carré parfait fait penser à la Jérusalem Céleste décrite dans l'Apocalypse de Saint Jean. Existe-t-il un ouvrage-Ouest analogue à celui-ci ? Nous ne le savons pas pour Cologne, mais il en existe un à Perrecy-les-Forges (Saône et Loire).
Dans sa structure d'origine, cet ouvrage Ouest reste roman. Datation envisagée : an 1050 avec un écart de 50 ans.