Autres édifices de Castille-León susceptibles de dater du Ier millénaire (3/3) 

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Gradefes : Église San Miguel de Escalada

Voici, concernant cette église une partie des explications données par le site espagnol « Turismo Preromanico » :

« Comme il figure dans l’inscription constitutive aujourd’hui disparue; mais dont on conserve la transcription, incluse par l’abbé Risco dans le tome XXXV de
« l’Espagne Sacrée » et dirigée par l’abbé Florès au XVIIIe siècle, ce monastère fut fondé à la fin du IXe siècle sur une ancienne église wisigothe abandonnée après l’invasion arabe.

On y expliquait qu’à la fin du IXe siècle, des moines cordouans dirigés par l’abbé Alfonso, et avec l’appui de la monarchie asturienne, repeuplèrent l’ancien monastère en reconstruisant l’église actuelle, mais qui, peu après, en raison de l’accroissement de la communauté, … édifièrent en une seule année une nouvelle église - délai assez surprenant pour l’époque, vu la taille de l’église et la qualité de la décoration sculptée - , inaugurée par l’évêque Genadio de Astorga le 12 décembre 913, et qui nous est parvenue en très bon état
… ».


Ces informations sont très intéressantes car elles pourraient permettre de fournir une datation approchée à un siècle près des édifices dits « mozarabes » qui ont été décrits précédemment (San Cebrian de Mazotte, San Juan de Baños, San Pedro de la Nave, Santa María de Wamba).

Il ne faut pourtant pas exagérer l’importance de celles-ci. En effet, le témoignage précédent recèle beaucoup d’impondérables. Le texte lui-même exprime quelques doutes comme le fait que cette église ait été construite en un an. Par ailleurs, il est dit un peu plus loin dans le même texte de « Turismo Preromanico » que les restes de l’église wisigothique n’ont pas été retrouvés. Pas plus sans doute que ceux de la deuxième église qui a remplacé l’église wisigothique et été remplacée par l’actuelle. Cela pose un problème de crédibilité des textes.

Il faudrait revenir aux explications données dans le tome XXXV de « l’Espagne Sacrée » en essayant d’effectuer un distinguo entre ce qui relève de la transcription d’un document ancien et ce qui relève de l’interprétation. On sait en effet qu' à l’heure actuelle beaucoup d’historiens interprètent les documents en fonction de leurs idées. Ce devait être encore plus vrai au XVIIIesiècle.

La date de 913 est possible pour une date de fin de travaux. En nous fiant au fait que les arcs sont simples, nous avions envisagé au vu des photographies une date aux alentours de l’an 850 mais avec un écart estimé de plus de 100 ans.





Peñalba de Santiago : Église Saint-Jacques

La plan de l’église Santiago de Peñalba (image 10) est très exceptionnel et mériterait à lui seul une étude très poussée. Il ne ressemble en effet à celui d’aucune autre église. Cette église est en effet à nef unique formée de deux travées à plan carré. Deux salles carrées symétriques de mêmes dimensions sont disposées de part et d’autre de cette nef. Il existe aussi une abside côté Est et une contre-abside côté Ouest. Ces deux absides sont à plan carré à l’extérieur et demi-circulaire outrepassé à l’intérieur.

Ce plan n’a aucun rapport avec les plans des églises à 3 vaisseaux que l’on a déjà vues dans les Asturies ou en Castille (églises mozarabes). Mais il n’a aussi aucun rapport avec celui de certaines églises wisigothiques comme Quintanilla de Las Viñas. Il est possible que certaines parties de cette église puissent être comparées à San Frutuoso de Montellos, de Braga, ou San Miguel de Cellanova. Mais seule une étude architecturale très poussée pourrait peut être apporter des solutions. Cette étude a d’ailleurs peut être été déjà effectuée, les espagnols étant très compétents sur ces questions.

Vu la complexité du plan et des bâtiments, nous pensons que cette église a été construite en plusieurs étapes de travaux, chaque étape contribuant à modifier le plan initial.

Notre estimation de datation : an 750 avec un écart estimé de 150 ans.

La croix de Peñalba (image 21) pourrait dater de la même période.




Santo Tomás de las Ollas : Église Saint Thomas

On pourrait penser que cette église est aussi ancienne que les précédentes. Un élément nous fait cependant en douter : l’arc triomphal (images 24 et 25), nettement outrepassé, est double. Ce qui pour nous signifie que cette église pourrait être plus récente que les deux autres… tout en appartenant au premier millénaire.

Datation : an 950 avec un écart estimé de 100 ans.



Conclusion sur les édifices de Castille-León


On a pu voir dans cette région d’Espagne diverses sortes d’édifices : une église wisigothique comme Quintanilla de Las Viñas, une église aux caractéristiques indéterminées (Santiago de Peñalba), des églises mozarabes (Cebrián de Mazote, San Juan de Baños, San Pedro de la Nave, Santa María de Wamba, San Salvador de León, San Baudelio de Berlanga, San Miguel de Escalada, Santo Tomás de la Ollas) et une église mudéjar (San Tirso de Sahagún).

Nous sommes donc en présence d’une grande variété d’églises. Et ces églises sont très différentes de celles que nous avons déjà vues dans les Asturies. Il n’y a pas, autant qu’on le sache, en Castille-León, d’église à nef à trois vaisseaux à arcs en plein cintre non outrepassé, analogue à la Santullano d’Oviedo.

Dans la phrase précédente, les mots qui nous semblent les plus importants sont, « autant qu’on le sache ». Serait-il possible, en effet, qu’il y ait, en Castille-León des églises analogues à la Santullano d’Oviedo et qu’on ne le sache pas ? Pourquoi ne le saurait-on pas ? Parce qu’on ne les aurait pas cherché ! Et pourquoi ne les aurait-on pas cherché ? Parce qu’on avait décrété par avance qu’il n’y en avait pas ! Il était donc inutile de les chercher.

Que nos amis espagnols ne s’offusquent pas de notre outrecuidance ! Si nous émettons cette hypothèse, c’est parce que nous avons découvert son authenticité en ce qui concerne la France. Qu’ils se consolent en sachant qu’en France c’est pire : il n’y a pas en France de site Internet intitulé « Tourisme Préroman ». Pourquoi n’y a-t-il pas un site intitulé « Tourisme Préroman » ? Parce qu’il n’y a pas de monument préroman ? Et pourquoi n’y a-t-il pas de monument préroman ? Je vous laisse le soin de continuer …