Autres églises des Alpes-Maritimes : page 1/2
Les édifices décrits dans cette page et la suivante ont été
identifiés comme pouvant dater du premier millénaire. Mais
rien n’est certain. Plus exactement, sachant que pour tous
les monuments que nous étudions, la certitude absolue
n’existe pas, dans le cas présent l’indice de probabilité
est moins fort. Il y a plusieurs raisons à cela. D’une part,
nombre de ces édifices ne nous sont connus que par quelques
images extraites d’Internet. Seule une visite approfondie
pourrait permettre une meilleure évaluation. Pour d’autres
monuments, comme les églises à nef unique (exemple : Cannes
: Chapelle Sainte-Anne-du-Suquet), l’évaluation est plus
délicate que pour les églises à nef triple. Enfin, pour une
meilleure compréhension de l’évolution des constructions,
nous nous sommes permis d’ajouter d’autres édifices comme la
cathédrale de Grasse qui semble dater du XIIesiècle.
Antibes :
cathédrale Notre-Dame de la Platea
Il est malheureusement difficile d’estimer la datation de la
cathédrale d’Antibes, car la plus grande partie de cette
église a été recouverte d’un enduit qui empêche toute
identification de matériau. Les parties identifiables sont
une tour à bossages (image
1) datant probablement des environs de l’an mille
et le croisillon sud d’un transept bas (image
2 : il s’agit d’un corps de bâtiment transverse à
la nef et adossé au collatéral sud de la nef). Nous pensons
que la construction des premiers transepts bas remonte au
premier millénaire. Les images
3, 4, 5 et 6 de l’intérieur font apparaître une nef
à plan basilical à 3 vaisseaux. Les piliers sont cruciformes
ou, selon la nomenclature que nous nous sommes donnée,
rectangulaires de type
R1111. Il est cependant possible que, comme on l’a
vu en maintes occasions, la nef ait été à l’origine
charpentée avec des piliers rectangulaires de type R1010.
Dans ce cas, l’édifice primitif serait antérieur à l’an 1000
(an 800 avec un écart de 200 ans). C’est selon nous
l’explication la plus probable. En effet, une cathédrale
devait déjà exister à cet emplacement avant l’an mille et
son plan s’apparente à celui d’une basilique préromane.
Cependant, elle a été très certainement fortement restaurée
à l’époque baroque. À cette époque, l’appareil régulier en
pierres taillées du moyen-âge a été au moins en partie
remplacé par un appareil formé de grossiers moellons réunis
par un ciment. Les nouveaux restaurateurs du XIXeet
du XXesiècle ont sans doute estimé que les
murs dépareillés ne pouvaient être présentés tels quels et
on recouvert le tout d’un crépi uniforme (,ce qu’ils n’ont
pas fait pour la tour et le collatéral Sud). Il s’agit là
d’une hypothèse que nous n’avons pas vérifiée, mais qui
s’inspire de la restauration de l’église Sainte-Madeleine de
Béziers effectuée à l’an 2000.
Breil sur
Roya : chapelle Notre-Dame-du-Mont
Nous n’avons pas eu l’occasion de visiter cette église et
même de voir des photos de l’intérieur, mais tout indique
que nous sommes en présence d’une église du premier
millénaire : plan basilical à trois nefs, collatéraux qui
ont été rehaussés ultérieurement à la construction
primitive, absides en prolongement des vaisseaux. Mais ce
qui nous semble le plus déterminant est l’absence de
transept. Il semblerait en effet que, à partir du VIIeou
VIIIesiècle, l’existence d’un transept (d’abord
bas puis haut) est devenue une nécessité pour la
construction de nouveaux édifices de grande taille.
Nous estimons la datation de celui-ci à l’an 700 avec un
écart de 200 ans.
Cannes :
Chapelle Sainte-Anne-du-Suquet
Cette église est très difficile à dater, car elle ne
présente pas de caractéristique permettant d’envisager une
datation : absence de décoration sculptée, voûtement ayant
pu avoir été effectué postérieurement à la construction
initiale (en tout cas le mur à créneaux est, quant à lui,
postérieur). Un seul indice, très minime, nous invite à
envisager une haute datation : l’existence d’une fenêtre
unique et étroite sur l’abside. Nous avons constaté que,
plus tard, les absides sont abondamment éclairées.
Datation envisagée : an 1000 avec un écart de 100 ans.
Châteauneuf-Grasse
: église Notre Dame du Brusc
C’est un peu par hasard, en consultant Internet, que nous
avons eu connaissance de cette église partiellement ruinée.
Nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion de la
visiter, mais nous pensons qu’elle pourrait remonter à
l’antiquité tardive. Son plan est celui d’une basilique à
trois vaisseaux à piliers rectangulaires de type R0000.
On constate l’existence d’une cuve baptismale à immersion.
Le baptême à immersion a disparu au profit du baptême à
infusion au VIIeou VIIIesiècle (images 15 et 21). Le
plan (image 13)
révèle l’existence de deux absides consécutives. Il est
probable que l’édifice, trop petit, a été agrandi du côté de
l’Est par la construction d’une nouvelle abside. Les deux
constructions auraient pu avoir été effectuées toutes deux
durant le premier millénaire. Manifestement, cet édifice
présente un grand intérêt et devrait être très sérieusement
protégé. Nous ne serions pas surpris s’il subsistait des
fragments de fresques.
Datation envisagée : an 500 avec un écart de 150 ans.
Gourdon
: église paroissiale Saint-Vincent
Le village de Gourdon est situé dans un cadre
extraordinaire, dominant la plaine littorale du côté de
Nice-Antibes (image 22).
Son église présente certains éléments qui pourraient
permettre d’envisager une datation aux alentours de l’an
1000.
L’abside semi-circulaire est faiblement éclairée d’une
étroite fenêtre axiale (image
23). Remarquer sur la même image la différence
d’appareil entre le haut et le bas du mur : sans doute le
résultat d’une restauration ultérieure.
À l’intérieur (image 24), on constate qu’il existe une autre fenêtre dans
l’abside non décelée auparavant. On constate aussi qu’un
doubleau de la voûte de la nef est porté par des pilastres à
impostes à chanfrein vers l’intrados. Les impostes
constituent un indicateur d’une datation antérieure à l’an
1000. Malheureusement, il s’agit d’un indicateur non
déterminant.