Diverses églises de la Haute-Saône susceptibles de dater du 1er millénaire
Les édifices étudiés dans cette page,
concernant le département de la Haute-Saône, n’ont pas été
visités. Leurs images, en général des copies d’écran
Internet, servent à expliquer et à justifier les datations.
Ces images ne peuvent remplacer une visite in situ.
Remarque : Ce site n’est pas
seulement destiné à fournir des informations à un visiteur
éventuel. Il sert aussi à usage interne en vue de faciliter
nos propres recherches. En conséquence, on ne s’étonnera pas
que l’étude de certains monuments s’écarte parfois du cadre
préalablement fixé.
Les quatre églises décrites dans cette page sont : l’église
Sainte-Marie-Madeleine de Grandecourt, l’église
Saint-Martin de Luxeuil, l’église
Sainte-Marie-Madeleine de Marast, l’église
Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Mélisey.
Église
Sainte-Marie-Madeleine de Grandecourt
La page du site Internet racinescomtoises.net consacrée à
cet édifice nous apprend ceci : «
Le prieuré d'Augustins a été fondé en 1142. L'église a été
construite au XIIe siècle dans le pur style
roman. Le village a entièrement brûlé en 1636, seule
l'église a été épargnée. Un clocheton a été ajouté au XIXe.
Le plafond a été enlevé en 1966, et maintenant on peut
voir la charpente. Une crypte se trouve sous le choeur
soutenu par quatre colonnes. Au-dessus du choeur, une
fresque datant de la construction de l'église représente
le Jugement Dernier. »
Nous rappelons qu’une date de fondation d’un monastère ne
signifie pas forcément la date de construction de l’église
de ce monastère. Cette église peut être construite peu
après, mais bien souvent, l’église existait avant. L’église
ou une église, car il a pu y avoir reconstruction de
l’église.
Il nous est difficile de dater celle-ci. Le fait qu’elle
soit à nef unique est selon nous révélateur d’une date
relativement récente. Inversement, si cet nef était
postérieure à l’an 1100, elle serait probablement voûtée.
Datation envisagée
pour l’église Sainte-Marie-Madeleine de Grandecourt : an
1050 avec un écart de 100 ans.
Église
Saint-Martin de Luxeuil
La page du site Internet consacrée aux fouilles
archéologiques de l’église Saint-Martin de Luxeuil nous
apprend ceci : « Les
recherches archéologiques menées à Luxeuil en 2008 et 2009
devaient permettre de reconsidérer les conditions de la
fondation de l’abbaye par saint Colomban et l’évolution de
la fonction funéraire et mémorielle de l’église
Saint-Martin. En effet, si l’on en croit le récit
hagiographique de Jonas de Bobbio, écrit vers 640,
l’abbaye de Luxeuil, fondée par l’Irlandais Colomban à la
fin du VIe siècle, était établie à
l’emplacement d’un ancien castrum : « (...) il trouva un
ancien poste militaire qui avait été solidement fortifié.
Il s’appelait autrefois Luxeuil. Il y avait là des eaux
chaudes entourées de beaux bâtiments. (...) Le lieu
n’était plus fréquenté que par les animaux et les bêtes
sauvages, une multitude d’ours, de buffles et de loups.
C’est là que le grand homme s’installa et se mit à
construire un monastère ». L’église Saint-Martin, située
au Nord du monastère, est mentionnée pour la première fois
dans le récit des miracles des abbés Eustaise et Valbert,
composé par l’abbé Adso à la fin du Xesiècle.
On y apprend que saint Valbert, troisième abbé de Luxeuil,
y fut inhumé vers 670 « derrière l’autel, dans une crypte
d’un travail admirable ».
Les vestiges découverts
lors des deux campagnes de fouilles menées sur la place de
la République ... présentent à la fois un caractère
patrimonial exceptionnel et apportent des éléments d’ordre
historique inédits sur l’un des monastères les plus
importants d’Europe au haut Moyen Âge. (....)
Le premier bâtiment en
pierre reconnu correspond à un habitat urbain du II
e siècle apr. J.-C., de type domus, succédant à
une occupation artisanale (travail du verre et
métallurgie). La domus est principalement formée de trois
ailes disposées autour d’une cour centrale. Les cinq
pièces reconnues de l’aile Est conservent des sols de
mortier, de mortier de tuileau et de galets. Dans son
dernier état, le développement architectural de la domus
correspondrait à quatre phases de constructions.
C’est dans les ruines de
la domus, abandonnée dans la première moitié du IVesiècle,
qu’est établie une nécropole, certainement païenne. Ce
changement de fonction témoigne, d’une part, d’une
rétraction de la ville antique, vraisemblablement au
profit d’un castrum - dont on ne connaît pas l’emprise -
et, d’autre part, de la situation désormais extra-muros du
site de la place de la République.
La nécropole du
Bas-Empire est à l’origine de la construction d’une vaste
(et inattendue) basilique funéraire paléochrétienne des Veet VIesiècles. Seule la partie
centrale de la nef est reconnue, car les bas-côtés et
l’extrémité occidentale sont hors de l’emprise de la
fouille ; les dimensions restituées sont d’environ 34 m de
longueur par 19,50 m de largeur. La nef à trois vaisseaux
s’achève par une abside quadrangulaire à chevet plat,
peut-être bordée d’annexes latérales dès l’origine, comme
pourrait l’indiquer la position des sarcophages.
L’ensemble de l’édifice, sanctuaire compris, accueille une
multitude d’inhumations en sarcophages, en murets de
moellons et en coffres de tuiles antiques ; un seul a été
reconnu. Les inhumations au chevet sont essentiellement en
coffres de bois calés par des pierres. Les plus anciens
sarcophages sont de plans rectangulaires ou légèrement
trapézoïdaux et réutilisent des stèles funéraires antiques
comme couvercles ou comme cuves ; des cuves sont également
creusées dans des blocs de grands appareils antiques.
C’est contre le chevet
primitif que fut construit au VIIe siècle ce
que l’on interprète comme la « crypte de saint Valbert »,
crypte de chevet non hypogée, mais probablement voûtée, de
plan quadrangulaire (3,60 x 3,60 m) et dont l’architecture
élaborée – décor d’arcatures aveugles intérieures – ... La
présence de la tombe sainte de l’abbé Valbert a entraîné
un développement de la nécropole monastique, notamment au
chevet de la crypte, avec la présence d’un grand nombre de
sarcophages ad sanctos, dont huit comportent le nom abrégé
d’un moine défunt gravé sur le couvercle.
L’église fut ensuite
reconstruite au début du IXesiècle,
peut-être sous l’autorité du grand abbé Anségise, à partir
du plan primitif de Saint-Martin, auquel on adjoignit deux
annexes latérales. (...) La crypte primitive fut
reconstruite selon un même plan, légèrement agrandi, au
profit d’une annexe orientale accueillant trois
inhumations privilégiées en sarcophages (abbés ?).
La lecture des
transformations portant sur les parties orientales de
l’édifice permet de suggérer l’hypothèse d’un programme
architectural au début du IXesiècle, où l’on
développe la fonction mémorielle de l’édifice à travers la
mise en scène explicite ou implicite de tombes considérées
comme saintes ou revêtant une importance particulière pour
les moines carolingiens. (...)
Autour de l’an Mil, on
assiste à une nouvelle modification de la fonction des
espaces orientaux, avec le transfert du sanctuaire à
l’emplacement de l’ancienne crypte et le décloisonnement
des annexes latérales sur l’ancien sanctuaire, qui aboutit
à la création d’un transept. L’ancien sanctuaire,
désormais à la croisée du transept, supportait une tour de
clocher attesté tardivement par les archives.
C’est ainsi que se
présentait Saint-Martin avant que sa fonction monastique
n’évolue vers un usage paroissial, à une date qui reste
indéterminée, mais qui pourrait se situer vers les XII
e - XIIIesiècles. À partir de cette
période, les modifications architecturales sont mineures,
hormis la rétraction de la nef dans le seul vaisseau
central, alors que se perpétue la fonction funéraire de
l’église jusqu’à sa démolition en 1797. On continue
d’inhumer dans l’église, en particulier dans sa nef, mais
il ne s’agit plus seulement d’hommes, puisque la fouille a
révélé un grand nombre de femmes, d’enfants et de
personnes âgées.
Avec près de 125
sarcophages enregistrés à ce jour - dont un grand nombre
bien conservé - , le site de la place de la République a
livré les vestiges de ce type les plus importants pour
l’Est de la France. L’existence d’une église cimétériale
paléochrétienne, croisée avec les découvertes réalisées
lors de sondages archéologiques sur la proche place de la
Baille, atteste de la permanence d’une occupation durant
l’Antiquité tardive, nécessitant de nuancer l’état
d’abandon du lieu lors de l’arrivée de Colomban, ainsi que
le prétendait l’historiographie luxovienne depuis le récit
hagiographique de Jonas de Bobbio. Aussi, on devra
désormais s’interroger sur les motivations, notamment
politiques, et sur les modalités qui ont présidé à la
fondation de la célèbre abbaye.
Au-delà des
considérations historiques, les vestiges découverts sur la
place de la République présentent un réel intérêt
patrimonial en raison de leur densité et de leur état de
conservation - avec des élévations parfois conservées sur
plus d’un mètre - pour des époques généralement mal
représentées, en particulier en Franche-Comté. Ces
vestiges mettent également en relief des dispositifs
précoces dans le Moyen Âge, liés à la vénération de tombes
saintes extrêmement rares à l’échelle du territoire
national. »
Nous avons voulu reproduire la quasi-totalité du texte
extrait d’Internet, car il est très important pour notre
argumentation.
Cette argumentation repose sur une quelques idées de base
liées à des constatations. La première de ces constatations
est que les historiens, et, avec eux, les historiens de
l’art, font une trop grande confiance aux textes écrits.
Certes, les textes écrits se révèlent fondamentaux pour
l’histoire récente. Mais, en ce qui concerne les textes
anciens, c’est plus que problématique. Car de nombreux
textes ont disparu et on a tendance à privilégier avec
outrance les textes restants. Ainsi, nous avons envisagé que
l’histoire des moines irlandais comme Saint Colomban avait
été mise en exergue, non parce qu’elle était plus importante
que celle des milliers de moines qui vivaient à la même
époque, mais parce qu’on ne connaissait pas l’histoire de
ces moines. De même, nous pensons que de nombreuses églises
ont été datées du
XIIesiècle, non parce qu’elles étaient
caractéristiques du XIIesiècle, mais parce
qu’elles n’étaient pas citées dans un document antérieur au
XIIesiècle.
Par ailleurs, nous pensons que les textes anciens eux-mêmes
ont pu être faussés. Les moines qui ont écrit l’histoire de
leurs congrégations respectives ont pu la déformer ou faire
des oublis. Ainsi, nous avons envisagé que la date de
fondation d’une communauté pouvait avoir été fournie
ultérieurement par un membre de cette communauté. Un moine
qui aurait oublié de parler des communautés ayant précédé la
sienne.
En contredisant les écrits de Jonas de Bobbio, les fouilles
de l’église Saint-Martin viennent confirmer cette opinion.
Datation envisagée
pour l’église Saint-Martin de Luxeuil (datation déduite des
fouilles archéologiques) : an 475 avec un écart de 125 ans.
Église
Sainte-Marie-Madeleine de Marast
La page du site Internet Wikipedia consacrée à cet édifice
nous apprend ceci : « Dépendant
de l’abbaye de Chaumousey, le prieuré de Marast a été
fondé en 1117.
L'église, érigée dans les années 1120-1130, a été placée
sous le vocable de la Vierge Marie, mais à la suite d'une
évolution résultant d'une dévotion locale particulière à
Sainte-Marie-Madeleine, la dénomination devient dès le XIIIesiècle, l'« église Sainte-Marie-Madeleine de
Marast ».
La règle de saint Augustin, dont dépendaient les
chanoines, n'a été suivie qu'assez lâchement puisque la
vie commune disparaît dès le XIVesiècle, les
religieux disposant de leurs appartements propres. Leur
nombre, qui n'a jamais dépassé huit, se stabilise ensuite
à quatre, tant en raison d'un manque de recrutement que de
l'avarice des prieurs peu soucieux de partager les
revenus.
La nef, dotée de deux collatéraux, comporte huit travées
reliées par des arcs en plein cintre, reposant sur des
piliers alternativement carrés et ronds. Les chapiteaux
témoignent de l'influence rhénane de même que l'emploi en
partie du grès.
L'ensemble, qui date du XIIesiècle, est
surmonté d'une charpente du XVIe siècle, en
forme de carène renversée. »
Nous ne sommes pas du tout d’accord avec cette datation du
XIIesiècle. À cette époque-là, les
constructeurs étaient capables de faire bien mieux.
C’est-à-dire des églises entièrement voûtées. Cela étant,
nous découvrons une église exceptionnelle particulièrement
conservée dans son état originel
Le vaisseau central est porté par des piliers en alternance
rectangulaires et cylindriques. Les arcs reliant les piliers
sont simples. Sur les piliers rectangulaires, on peut voir
des impostes. Il est difficile de savoir si ces impostes
sont à chanfrein vers l’intrados, ou non. Sur les piliers
cylindriques, on peut voir des chapiteaux de type cubique
rhénan.
Tout permet de penser a une ancienneté de l’édifice (voir
ci-dessous).
Compte tenu de son homogénéité, cela fait envisager une
grande ancienneté pour certains éléments. En particulier
pour le système d’alternance de piliers cylindriques et
rectangulaires. Jusqu’à présent, nous estimions que ce
système datait d’une période dite « carolingienne ». Il nous
faudrait remonter sa datation de plus d’un siècle.
Un autre élément intéressant à dater est le chapiteau
cubique dit « rhénan ». Jusqu’à présent, nous pensions qu’il
datait de la période « romane » (XIesiècle).
Datation envisagée
pour l’église Sainte-Marie-Madeleine de Marast : an 750 avec
un écart de 150 ans.
Église
Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Mélisey
La page du site Internet Wikipedia consacrée à cet édifice
nous apprend ceci : « L’abside
et le clocher datent du XIIe siècle. Ils sont
bâtis sur les fondations d'une église paroissiale plus
ancienne : les fouilles archéologiques réalisées entre
1989 et 1990 ont permis de découvrir deux sarcophages
monolithiques du VIIesiècle.
La charpente de la nef est délabrée au début du XIXe
siècle, notamment en raison des guerres successives.
Les parties romanes (travée de chœur, clocher, chevet)
sont classées au titre des monuments historiques en 1986.
»
Nous n’avons que peu de choses à dire sur cette église, dont
la nef paraît être gothique (image
24). Le chevet (image
21) est formé de trois absides accolées. L’abside
centrale à plan polygonal semble plus tardive que les deux
autres. Elle est à arcatures lombardes (images
22 et 23).
Datation envisagée
pour l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Mélisey : an
1050 avec un écart de 75 ans.