Diverses églises de la Nièvre susceptibles de dater du 1er millénaire (page 4/4)
Les édifices étudiés dans cette page, ainsi que dans trois
précédentes du même chapitre concernant le département de la
Nièvre, n’ont pas été visités. Leurs images, en général des
copies d’écran Internet, servent à expliquer et à justifier
les datations. Ces images ne peuvent remplacer une visite in
situ.
Remarque :
Ce site n’est pas seulement destiné à fournir des
informations à un visiteur éventuel. Il sert aussi à usage
interne en vue de faciliter nos propres recherches. En
conséquence, on ne s’étonnera pas que l’étude de certains
monuments s’écarte parfois du cadre préalablement fixé.
Les quatre églises décrites dans cette page sont : l’église
Saint-Patrice de Saint-Parize-le-Châtel, l’église
Saint-Pierre de Saint-Pierre-le-Moûtier, l’église
Saint-Révérien de Saint-Révérien, l’église
Saint-Pierre de Sémelay.
L’église
Saint-Patrice de Saint-Parize-le-Châtel
Le site Internet « Bourgogne Romane » consacré à cet édifice
nous apprend ceci : « Ce
village nivernais possède une église remarquable, surtout
pour les chapiteaux surprenants de sa crypte romane.
L’église occupe le site d’un prieuré qui aurait été fondé
au VIe siècle par Patricius, le saint patron
dont les reliques ont été conservées dans la crypte
jusqu’à la Révolution. L’édifice a été très remanié vers
1875, quand la nef, les chapelles et le clocher ont été
entièrement reconstruits dans le style de l’époque. Ne
restent de l’époque romane que le chœur couvert d’un
berceau et la façade dont le portail est intéressant pour
son archivolte à frise de palmettes et ses chapiteaux aux
monstres. La merveille de la priorale est sans doute sa
crypte romane, probablement du début du XIIe
siècle, à trois nefs et abside à l’Est.
Selon la légende, l’église occupe le site d’une abbaye
fondée au VIe siècle par Patricius ou saint
Patrice, évangélisateur du pays et disciple de saint
Pourçain. Il aurait été inhumé en 555 dans une première
église, construite sur le site d’un temple païen alors
appelé Gentilico. Un prieuré y est mentionné en 802, ainsi
qu’un hospice attenant aux eaux minérales. Il fut donné à
Nevers en 888 par Charles le Gros. L’évêque Hugues IV
donne le village au chapitre de la cathédrale de Nevers en
1113. C’est de cette époque que date la construction de
l’église romane partiellement conservée. Sa crypte gardait
les reliques de saint Patrice ou saint Parize, jusqu’en
1793, quand elles furent dispersées. »
Les images 1 et 2 ne
permettent pas de déterminer l’ancienneté de cette église.
L'image 3 est
celle d’une crypte contenant des chapiteaux très
intéressants. L'image 4 en
révèle deux. Celui de gauche contient deux personnages : un
sciapode et un centaure. Le sciapode que l’on retrouve
d’ailleurs sur l'image 6 est
un être semi-mythique dont parlent des historiens de
l’Antiquité, dont Ctésias de Cnide dans son Histoire de
l’Inde. Selon la page du site Internet Wikipedia qui traite
du sujet : « Les
commentateurs modernes supposent que la légende des
sciapodes pourrait provenir d'une confusion dûe à
l'observation par des voyageurs de la position de
méditation sur une jambe des sages. ». Nous
pensons que le sciapode, tout comme un autre être
fantastique, l’antipode (aux deux pieds opposés) a été
imaginé à partir de l’interprétation populaire d’une
hypothèse de savant que, la terre étant sphérique, ii y
avait des habitants de l’autre côté de la terre, qui
auraient les « pieds au-dessus de la tête ».
Quant au centaure de l'image
4, il est aussi représenté sur l'image
7.
Toujours sur l'image 4, le chapiteau de
droite porte une sirène (visible aussi sur l'image
9), un homme ou une femme tenant un chaudron, et
enfin un cochon jouant de la harpe (image
8). Toutes ces images doivent avoir un sens qui
nous échappe presque totalement.
Nous ne pensons pas que ces chapiteaux datent du début du XIIesiècle. Ils seraient nettement antérieurs à
cette date.
Datation envisagée
pour l’église Saint-Patrice de Saint-Parize-le-Châtel : an
1025 avec un écart de 75 ans.
L’église
Saint-Pierre de Saint-Pierre-le-Moûtier
Le site Internet « Bourgogne Romane » consacré à cet édifice
nous apprend ceci : « Le
bourg de Saint-Pierre-le-Moûtier, aux confins du Nivernais
et et du Bourbonnais, possède une grande église remaniée
dotée de sculptures romanes de qualité. Il s’agit d’un
ancien prieuré bénédictin, fondé au VIIIe ou IX
e siècle, qui dépendait de l’abbaye Saint-Martin
d’Autun. L’église romane a été construite vers 1100, puis
incendiée et remaniée à plusieurs reprises. La nef, le
transept et le chœur de l’édifice roman sont encore
debout, mais les voûtes, la façade, le chevet et le
clocher ont été refaits plus tard. La nef de six travées
conserve encore ses arcades sur piliers à colonnes
engagées. Le bas-côté Sud est roman, celui du Nord a été
refait en gothique. [...] Sous l’église, il y aurait
encore une crypte préromane comblée. Les chapiteaux des
piliers et des parties hautes de la nef présentent un
ensemble de sculptures parmi les plus importants de la
Nièvre. [...]
L’église occupe le site d’une villa romaine. Un prieuré
bénédictin y fut fondé au VIIIe ou IXe
siècle, peut-être vers 740, et mentionné en 842. Il
dépendait de l’abbaye Saint-Martin d’Autun à laquelle les
terres avaient été données au VIIe siècle par la
Reine Brunehaut. L’église fut reconstruite au début du XII
e siècle, vers 1100, à l’emplacement de la
première église du monastère. Elle fut en partie détruite
par le feu à la fin du XIIe siècle.
Saint-Pierre avait alors une importance considérable :
ville forte depuis 990, elle devint ville royale en 1169.
»
Les images 13 et 16 montrent
que les chapiteaux supérieurs ont été en partie recouverts
par une voûte. On en déduit que le vaisseau central de la
nef primitive devait être charpenté. D’après les
informations données ci-dessus, on aurait tendance à
s’imaginer que cette église pourrait remonter au IXe,
voire au VIIIesiècle. Mais les chapiteaux des images 17 et 18 ainsi
que d’autres trouvés sur Internet nous semblent plus
récents, du XIIesiècle. Une analyse plus
précise devrait permettre d’apporter des éléments de
réponse.
Datation envisagée
pour l’église Saint-Pierre de Saint-Pierre-le-Moûtier : an
1100 avec un écart de 100 ans.
L’église
Saint-Révérien de Saint-Révérien
Le site Internet « Bourgogne Romane » consacré à cet édifice
nous apprend ceci : « Ce
village du Nivernais possède une église romane qui est
parmi les plus remarquables du département. L’histoire du
lieu est marquée par le martyre, au IIIe siècle
de Révérianus, évêque d’Autun et évangélisateur de la
région. Un oratoire s’élève sur son tombeau, et plus tard
un prieuré bénédictin, possession de Cluny à partir du XI
e siècle. C’est au milieu du siècle suivant que
l’église priorale actuelle est construite. [...] Ce qui
attire l'attention, c’est le merveilleux chœur roman, avec
ses travées voûtées en berceau, ses bas-côtés voûtés
d’arêtes, son rond-point à arcatures sur six colonnes, le
déambulatoire et ses chapelles rayonnantes. La série
magnifique des chapiteaux du chœur fait de Saint-Révérien
l’un des plus importants ensembles de la sculpture romane
dans la Nièvre après celui de la grande abbatiale de la
Charité, d’où les sculpteurs sont probablement venus.
Saint-Révérien, situé près du site antique de Compierre, a
connu une longue histoire. Au IIIe siècle,
Révérianus, évêque d’Autun, fut envoyé sur ces terres par
le pape Saint Félix I er pour évangéliser le
peuple. Il fut martyrisé à Saint-Révérien par décapitation
en 274, avec ses onze compagnons, sur les ordres de
l'empereur Aurelius. Les martyrs furent inhumés sur place
et une cella fut construite dès le IVe siècle
sur leur tombeau. Un petit monastère bénédictin dépendant
de Saint-Martin d’Autun s'y installera ensuite. Le prieuré
fut donné au chapitre de Nevers par Charles le Gros en
886. En 1076, le prieuré fut remis à Cluny par le comte de
Nevers et un prieuré clunisien avec douze moines se
développe. Au XIIe siècle, l'église et les
dépendances furent reconstruites, à côté de l'ancienne
église qui devint alors paroissiale (jusqu'au XVIIIe
siècle). Les brigands pillent le prieuré et l'église en
1360. La fortification du prieuré fut décidée après la
guerre de Cent Ans. Un incendie au XVe siècle
nécessita la reconstruction des voûtes de l'église. Le
déclin du prieuré commença au début du XVIe
siècle avec l'installation des abbés commendataires. »
L'image 20 ainsi
que le plan de l'image 21
montrent que, pour une partie de la nef, le vaisseau
central est porté par des piliers cylindriques et des
piliers rectangulaires en alternance. Les piliers
rectangulaires sont de type R1111.
Cependant, nous ne sommes pas certains qu’ils étaient
primitivement de type R1111.
Peut-être étaient-ils de type R1010
? Ils auraient été transformés en piliers R1111
par l’adjonction de colonnes adossées destinées à supporter
les doubleaux soutenant la voûte.
Par leur finesse, les chapiteaux des images
22, 23, 24 et 25 semblent dater du XIIesiècle.
Celui de l'image 26 représentant
une sirène et celui de l'image
27 représentant des entrelacs semblent, quant à
eux, nettement plus anciens.
Là encore, une analyse plus fine permettant de localiser
exactement ces chapiteaux permettrait de fournir des
éléments de réponse. Le plan de l'image
21 permet d’envisager deux étapes de construction
dans cette église. La partie de droite en traits noirs
pourrait dater de la première moitié du XIIesiècle
(chevet à déambulatoire et chapelles rayonnantes). La
partie de gauche à piliers en alternance rectangulaires R1111 et cylindriques
serait nettement plus ancienne, de la période
pseudo-carolingienne.
Datation envisagée
pour l’église Saint-Révérien de Saint-Révérien : an 950 avec
un écart de 150 ans.
L’église
Saint-Pierre de Sémelay
Le site Internet « Bourgogne Romane » consacré à cet édifice
nous apprend ceci : « Sémelay
est une petite bourgade dans le sud du Morvan nivernais,
entre Autun et Decize, dont l'église est un édifice roman
très intéressant d'un ancien prieuré clunisien. [...]
L’église est entièrement d’un style roman bourguignon
homogène. Elle remonte probablement au milieu du XIIe
siècle, sans en avoir des repères exacts. »
La vue aérienne (image
28) fait apparaître l’existence d’un « transept
bas ». Nous pensons que l’invention du transept s’est faite
progressivement. Et que le « transept haut » consacre la fin
de ce processus. Le « transept haut » a ceci de
caractéristique que le faite des toits des croisillons du
transept est de même hauteur que le faîte du toit du
vaisseau central. Le transept haut a, en vue aérienne, un
profil de croix parfaite, les quatre branches étant situées
au même niveau. Il faut comprendre que le
« transept haut » doit être prévu dès le premier projet de
construction du bâtiment. Lorsque la décision de construire
une église est faite on demande à l’architecte de construire
un transept. Il prévoit donc son plan en fonction de ce
transept. C’est–à-dire qu’il prévoit dès le début de
construire les piliers de croisée, les arcs au-dessus de ces
piliers, la tour-lanterne, les croisillons. Et tout dans le
même style.
En conséquence, l’existence d’un « transept bas » signifie
que, très probablement, le transept n’était pas prévu dès
l’origine : il a été construit après. On doit envisager que
la nef primitive était à trois vaisseaux avec trois absides
en prolongement de ces trois vaisseaux.
Nous n’avons qu’une image de l’intérieur de la nef (image 30). Au vu de
cette simple image, nous pensons que le vaisseau central,
actuellement voûté d’arêtes, devait être primitivement
charpenté (la voûte frôle une fenêtre supérieure alors
qu’elle devrait passer largement au-dessus). Les arcs
reliant les piliers sont doubles.
L'image 31 fait
apparaître une demi-colonne adossée montée sur une base
sculptée. La corniche à décor de billettes passant au-dessus
du chapiteau est brusquement interrompue. Pourquoi ?
Les images suivantes sont celles de chapiteaux ou de bases
sculptées. Voici la description de quelques uns :
Image 32 : Une
femme nue court, poursuivie par un homme. Un serpent, lui
dévore les seins. C’est le symbole de la luxure. S’agit-il
d’une scène historiée (c’est à dire d’une scène racontant
une histoire ou une légende) ou simplement d’une scène
symbolisant le péché de luxure ?
Image 33 : Scène
très naïve pouvant représenter, à gauche et au dessus, le
paradis, et à droite l’enfer. En ce qui concerne le paradis,
il est gardé par l’aigle. Un homme souriant, émergeant des
entrelacs, semble loger sous des arcades un petit personnage
(son âme ?). L’enfer est représenté par un monstre
dévorant un corps humain. Par l’aspect archaïque et
l’existence d’entrelacs, une haute datation peut être
envisagée.
Image 34 : Deux
personnages nus et un habillé font office d’atlantes. Le
personnage central, un homme, porte une robe courte évasée
vers le bas. Nous pensons que la forme des robes ou des
jupes portées par des hommes peuvent constituer des éléments
d’identification d’ethnies ou de périodes (voir aussi l'image 35). Remarquer
la présence de part et d’autre de l’homme d’une rosace et
d’un « sceau de Salomon » (croix en entrelacs).
Images 35 et 36 :
Représentations d’aigles impériaux. On doit noter cependant
que ces aigles n’ont pas tout à fait un corps d’aigle. Les
sculpteurs de l’époque, même malhabiles, devaient être
capables de représenter un corps d’aigle dont ils avaient
facilement des modèles sous les yeux. Où s’ils n’avaient pas
des corps d’aigles, des corps de pigeon. Or, la sculpture de
l'image 35 n’est
pas celle d’un pigeon. On y voit plutôt un personnage à tête
presque humaine, portant une sorte de robe, les pattes
dépassant de cette robe, comme si c’étaient des jambes
humaines.
Image 37 : Masques
crachant des entrelacs. Ici aussi, il faut envisager une
haute datation.
Image 38 : Base de
colonne : un petit personnage menacé par une sorte de diable
fait des efforts pour soutenir la colonne.
Datation
envisagée pour l’église Saint-Pierre de Sémelay :
an 850 avec un écart de 150 ans.