Notes sur certaines églises du Gard – Partie 2 (de S à Z)
Cette page contient des notes sur 20 monuments du Gard
susceptibles de dater du Premier Millénaire :
•
Sabran : Saint-Symphorien-de-Boussargues
•
Saint-Ambroix : Site rupestre
•
Saint-André-de-Roquepertuis : Église paroissiale
•
Saint-Christol-de-Rodières : Église paroissiale
•
Saint-Étienne-des-Sorts : Église paroissiale
• Saint-Félix-de-Pallières
: Église paroissiale
•
Saint-Gilles-du-Gard : Église haute et Crypte
•
Saint-Hilaire-de-Brethmas: Église paroissiale
•
Saint-Laurent-des-Arbres : Église paroissiale
•
Saint-Paulet-de-Caisson : Chapelle Sainte-Agnès
•
Saint-Victor-la-Coste : Chapelle Saint-Martin-lès-Mayran
•
Saint-Laurent-d'Aigouze : Abbaye de Psalmody
• Salinelles :
Saint-Julien •
Saturargues : Chapelle Notre-Dame
•
Théziers : Chapelle Saint-Amand
•
Tornac : Chapelles Saint-Étienne et Saint-Baudile
•
Tresques : Chapelle Saint-Martin-de-Jussan
•
Uzès : Chapelle Saint-Geniès
•
Vénéjan : Chapelle Saint-Pierre
•
Villeneuve-lès-Avignon : Chapelle Notre-Dame-de-Belzevet
du Fort Saint-André
Sabran
: Saint-Symphorien-de-Boussargues
Pierre A. Clément, auteur de l’ouvrage cité ci-dessous
attribue la reconstruction de cette église aux hospitaliers
de Saint Jean de Jérusalem. Ce qui situerait cette
reconstruction au XIIesiècle. Cependant la
description qu’il donne des décors sculptés (étoiles,
rinceaux, entrelacs, motifs comparables à ceux de
Saint-Gabriel près de Tarascon) ainsi que la photographie du
mur Sud nous font envisager une datation antérieure.
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 249).
Saint-Ambroix
: site rupestre
Les images 1, 2 et 3
sont celles d’un site rupestre dominant le village de
Saint-Ambroix. Il s’agit très probablement d’un site de
culte païen dont la création pourrait remonter au premier
millénaire avant notre ère. L’occupation du site a dû se
poursuivre durant le premier millénaire mais, à l’inverse de
ce qui s’est passé pour la chapelle Saint-Roman près de
Beaucaire, l’existence d’un lieu de culte chrétien n’y est
pas avérée. On remarque cependant un même goût pour les
lieux insérés dans des paysages minéraux. Autre remarque :
il est possible que la salle que l’on voit ait été
primitivement troglodyte (enterré) mais que le lieu ait été
utilisé ultérieurement comme carrière et donc
progressivement dégagé.
Saint-André-de-Roquepertuis
: Église paroissiale
A elle seule l’église de Saint-André-de-Roquepertuis
mériterait une étude très poussée. Bien que nous ne l’ayons
pas visitée, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, nous nous
fions à son plan ainsi qu’aux commentaires qu’en donne
Pierre A. Clément. Et ce , bien que ce dernier nous dise « que cet édifice doit être
contemporain de l’appartenance à la Chaise-Dieu, abbaye
fondée en 1043 par Robert de Turlande ». Selon nous
cet édifice est beaucoup plus ancien. Son plan (image
31) est caractérisé par une abside pentagonale à
l’extérieur et circulaire outrepassée à l’intérieur. Ce plan
est rare et se retrouve surtout dans des églises
wisigothiques d’Espagne, églises datées du VIeau
VIIIesiècle.
Par ailleurs, la description des décors de chapiteaux (
feuilles d’eau, chandelier à cinq branches, têtes de taureau
stylisé) fait envisager une haute datation.
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 105).
Saint-Christol-de-Rodières
: Église paroissiale
Cette église n’a pu être visitée. Cependant une photographie
de carreaux décorés d’entrelacs « carolingiens » ainsi que
ces mots de Pierre A Clément « Les
entrelacs se retrouvent à l’intérieur sur les impostes des
piliers qui reçoivent les doubleaux. », permettent
d’envisager qu’une partie au moins de l’édifice est
antérieure à l’an 1000. (Voir la description de cette église
dans le Livre : Églises Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p
389).
Saint-Étienne-des-Sorts
: Église paroissiale
Cette église n’a pu être visitée. Cependant sa description
ainsi qu’une photographie (référence ci-dessous) font
envisager une réévaluation de sa datation. En effet, le plan
de l’abside fait apparaître des niches creusées dans le mur
de l’abside pentagonale (formule déjà vue au chevet d’Alet
dont la datation est estimée antérieure à l’an mille). Par
ailleurs les piliers de croisée du transept sont
rectangulaires dotés d’impostes.
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 219).
Saint-Félix-de-Pallières
: Église paroissiale
Le plan (image 30)
est celui d’une église cruciforme. Le transept est peu
caractérisé. De fait, il n’y a pas de bas-côtés du transept,
mais en leur place des niches faisant office d’absidioles.
La formule fait penser à Saint-Martin-de-Londres dans
l’Hérault. Le chevet serait décoré d’arcatures lombardes.
Datation possible : début du XIesiècle.
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 404).
Saint-Gilles-du-Gard
: Église haute et Crypte
L’abbatiale de Saint-Gilles-du-Gard est surtout connue pour
son magnifique portail roman que nous ne décrirons pas car
il date probablement du XIIesiècle. Concernant
cet édifice, voici un extrait du texte écrit par Robert
Saint-Jean et Jean Nougaret dans le livre «
Languedoc Roman » de la collection Zodiaque : « L’église haute. Amputée de
son transept et de son chevet romans et privée de son
élévation primitive, l’église actuelle est en partie une
reconstruction du XVIIesiècle (1650-1655) qui
a utilisé les murs latéraux et les piles des cinq
premières travées romanes. Piliers et murs ont été
conservés jusqu’au niveau des grandes arcades latérales
…Les puissants piliers carrés, seuls vestiges de
l’élévation romane, sont cantonnés de colonnes engagées à
chapiteaux corinthiens et à bases moulurées ornées de
griffons. Ils reposent sur de larges socles carrés peu
élevés, qui servaient jadis de bancs aux pèlerins
». Et un peu plus loin, concernant cette fois-ci la crypte
(plan de celle-ci en image
32) : « Contrairement
à la plupart des églises romanes bâties sous le tombeau du
saint, la crypte de Saint-Gilles ne s ‘étend pas sous le
chœur de l’église haute, mais au-dessous des six travées
occidentales de la nef. Anomalie qui s’explique par la
déclivité du sol d’Est en Ouest, mais aussi par le souci
de ne pas déplacer le tombeau du Saint ».
Il nous semble que ces deux dernières explications
(déclivité du sol, et souci de ne pas déplacer un tombeau)
sont plutôt des essais de justification d’une anomalie
incomprise. Pourtant le plan de l'image
32 semble parfaitement clair. C’est le plan d’une
basilique romaine à piliers carrés ! Un plan analogue à ceux
de Saint-Aphrodise ou Sainte- Madeleine de Béziers. Des
monuments que l’on estime à présent dater du Veou
VIesiècle de notre ère.
Essayons à présent d’imaginer la suite logique des
événements. : Vers le Vesiècle de notre ère,
on décide de construire à Saint-Gilles-du-Gard une
basilique. Or Saint-Gilles est en bordure du Rhône réputé
pour ses fortes inondations … et ses apports d’alluvions.
Petit à petit la basilique est enterrée par celles-ci. Et il
arrive un moment où il devient nécessaire de construire
au-dessus. C’est ainsi qu’on construit l’église haute en
utilisant les structures de l’église antérieure. Quant à
l’église basse, elle est transformée en crypte par la
construction d’un plancher.
Bien sûr il ne s’agit là que d’une hypothèse qui doit être
vérifiée sur place. En attendant, notre catalogue de
monuments du premier millénaire s’enrichit d’une unité.
Saint-Hilaire-de-Brethmas
: Église Paroissiale
L’église n’a pu être visitée, tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur. Il faut donc se fier aux descriptions. La nef a
disparu ; Il ne reste qu’un transept prolongé par une abside
et deux absidioles.
La principale remarque que l’on peut faire est que les
absidioles semi-circulaires sont insérées dans un massif
rectangulaire. Comme s’il s’agissait de niches insérées dans
une maçonnerie. En conséquence, si, intérieurement, on peut
voir trois absides en cul-de-four, extérieurement, seule
apparaît une abside proéminente, l’abside principale. On a
là un schéma, rare en France, mais plus fréquent ailleurs,
et, en particulier, en Italie, dans les Pouilles.
Il faut comprendre que rien n’est gratuit. Et en particulier
dans l’architecture romane où tout a valeur de symbole. Il
semblerait que dans ce cas, les architectes aient voulu
reproduire dans leurs plans le symbole de la Trinité :
extérieurement, « un seul Dieu », intérieurement, « en trois
personnes ».
La réflexion et le débat sur le dogme de la Trinité
dateraient du Premier Millénaire. Pour le reste il est
difficile de se faire une idée. Une décoration en bandes de
losanges pourrait dater du XIesiècle alors
qu’une croix pattée sculptée en réserve peut aussi bien
dater du VIesiècle que du XVIesiècle.
(Voir la description de cette église dans le Livre :
Églises Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 111).
Saint-Laurent-des-Arbres
: Église Paroissiale
Du château et de l’église de Saint-Laurent-des-Arbres, nous
n’avons pu visiter que l’extérieur. Son plan (image
4) révèle une église à nef unique avec transept
débordant sur lequel sont greffées une abside et deux
absidioles. Mais la grande caractéristique de cette église
est son chevet qualifié de « chevet haut » parce qu’il est à
même hauteur que la nef (image
7). Pourquoi de tels chevets hauts, d’ailleurs
assez rares? On peut penser à des fins de fortification. Ce
qui pourrait être le cas ici, l’église étant enserrée de
fortifications. Mais ailleurs, comme à Leyre en
Aragon-Navarre, cela ne semble pas avoir été le cas.
Toujours sur l'image 7,
les différences d’appareil entre le haut et le bas montrent
que ce chevet a été construit en au moins 2 étapes. Il
semblerait aussi que les fenêtres de la partie inférieure
aient été percées après construction.
Dernière remarque : sur l'image
5, observer le très bel appareil en « arêtes de
poisson » (opus spicatum).
Saint-Paulet-de-Caisson
: Chapelle Sainte-Agnès
C’est une église à nef unique à deux travées prolongée par
une abside à plan outrepassé insérée dans un chevet
pentagonal. Seule une visite peut permette de lever les
ambiguïtés.
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 389).
Saint-Victor-la-Coste
: Chapelle Saint-Martin-lès-Mayran
Le chevet de l’église Saint-Martin-lès-Mayran (image
12) est semi- circulaire à l’extérieur. Par
contre, à l’intérieur, il contient trois niches d’égales
dimension. On a là à nouveau le symbole de la Trinité déjà
vu ci dessus mais sous une autre forme à Saint-
Hilaire-de-Brethmas.
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 272).
Saint-Laurent-d'Aigouze
: Abbaye de Psalmody
Il ne reste malheureusement que des ruines de l’ancienne
abbaye de Psalmody fondée au cours du Premier Millénaire (image 13). Parmi ces
ruines on a pu retrouver certains restes de l’ancienne
église qui aurait été construite en 780 (à vérifier). Le
plan de cet édifice (image
33) est cruciforme avec une nef unique prolongée
par un transept largement débordant sur lequel sont greffées
trois absides indépendantes semi-circulaires légèrement
outrepassées à l’intérieur et plates à l’extérieur. On
retrouve là une des anomalies signalées précédemment :
l’insertion d’une partie circulaire dans une maçonnerie
carrée à l’extérieur. Il doit y avoir une explication à
cette opération certainement plus coûteuse que la pose d’un
mur de clôture d’une surface semi circulaire ou carrée.
Salinelles
: Chapelle Saint-Julien
On constate sur l'image 14
que cet édifice est à « arcatures lombardes ». En
fait, une partie de l’édifice n’est pas à arcatures
lombardes : la partie médiane de la nef principale, la
façade ouest et la nef secondaire. Il nous faut rappeler que
nous estimons que les arcatures lombardes ont été employées
durant une logue durée, du
Xeau XIIesiècle. Certaines
parties de cette église pourraient donc dater du Xesiècle.
A cela s’ajoute le fait que la façade occidentale (image
16) témoigne de reprises. L’édifice primitif
devait être plus haut comme en témoignent les restes de
pilastres (piliers quadrangulaires adossés) dont l’un,
tronqué atteint le bord du toit. Par ailleurs l’étude de
cette façade occidentale fait apparaître que l’entrée et la
fenêtre supérieure ne sont pas situées dans l’axe de
symétrie de la façade. On en déduit que toute la partie
gauche de la nef (où se trouvent les arcatures lombardes)
fait partie d’un second chantier.
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 70).
Saturargues
: Chapelle Notre-Dame
Une seule photographie extraite du livre référencé
ci-dessous et montrant un décor fait de rosaces, de
palmettes et de stries permettent d’envisager une haute
datation.
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 194).
Théziers
: Chapelle Saint-Amand
Les commentaires de Pierre A. Clément ainsi que le plan de
cet édifice permettent d’envisager une haute datation.
Ces commentaires sont les suivants : « Les
sarcophages paléochrétiens qui ont été découverts lors des
fouilles du cimetière avoisinant permettent de présumer
qu’une église existait déjà à l’époque wisigothique. Une
autre chapelle paraît avoir été construite sur le même
emplacement au XIesiècle. On en voit encore
les bases des deux absides mineures qui jouxtaient
l’abside principale qui a été utilisée telle quelle lors
de la construction de l’église par les moines victorins
dans la deuxième moitié du
XIIesiècle ».
Nous sommes conduits à penser que l’église wisigothique
présumée disparue et l’église du XIesiècle,
dont il subsiste des restes, ne sont en fait qu’une seule et
même église qui serait donc wisigothique. Il est même fort
possible qu’il y ait des restes de cette église dans
l’église actuelle. En effet, ce qui nous est dit de la
décoration ne correspond pas du tout à celle d’une église la
deuxième moitié du XIIesiècle.
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 154).
Ajout du 9 janvier 2020 : une étude détaillée de cette église a été rajoutée sur cette page.
Tornac : Chapelles Saint-Étienne et Saint-Baudile
Il existe deux édifices romans dans la commune de Tornac. La chapelle Saint-Étienne, située dans une propriété privée et fort dégradée, et la chapelle Saint-Baudile, dans le cimetière du village (images 19, 20 et 21). Les deux chapelles sont décorées d’arcatures lombardes. Il semblerait cependant que cette décoration soit tardive
(XIe ou XIIesiècle).
(Voir la description de ces églises dans le Livre : Églises Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 201).
Tresques
: Chapelle de Saint-Martin-de-Jussan
Le plan (image 28)
de l’église Saint-Martin-de-Jussan est apparemment très
simple. L’intérêt se trouve dans la sculpture de
l’archivolte du portail. Selon nous, par son style et par la
technique de ciselure de la pierre travaillée en méplat,
cette pièce est bien antérieure au milieu du XIIesiècle
comme le prétend l’auteur. Elle s’apparenterait plutôt au
linteau de Saint-Génis-des-Fontaines daté par la plupart des
spécialistes, du début du XIesiècle. Mais que
nous estimons encore plus ancien. (Voir la description de
cette église dans le Livre : Églises Romanes Oubliées du
Bas-Languedoc p 390).
Uzès :
Chapelle de Saint-Geniès
Il ne reste de cette chapelle en ruines que le chevet, à
trois absides accolées et à arcatures lombardes, Datation
estimée au vu de l’image et du plan : Xesiècle.
(Voir la description de cette église dans le Livre :
Églises Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 275).
Vénéjan
: Église Saint-Pierre
Tout comme pour l’église de Tresques le plan de l’église de
Vénéjan (image 29)
ne semple pas présenter d’intérêt. En fait, l’intérêt
principal semble se trouver dans ses chapiteaux de forme
cubique (ou plutôt parallélépipédique) avec coins inférieurs
abattus. Ce type de chapiteau peut être considéré comme
archaïque. Il en est de même pour les décors de ses
chapiteaux (orants, fleur en hélice, etc.)
(Voir la description de cette église dans le Livre : Églises
Romanes Oubliées du Bas-Languedoc p 215).
Villeneuve-lès-Avignon
: Chapelle Notre-Dame-de-Belzevet du Fort Saint-André
Nous n’avons pas d’information sur cette chapelle de plan
très simple (image 22).
L’arcature qui décore les murs latéraux du chevet est très
originale, tout à fait différente des arcatures lombardes
vues précédemment (image
23). La baie axiale (image
24) a été obstruée par une plaque ajourée
représentant une croix pattée entourée d’un cercle. Le style
de cette croix pattée s’apparente plus aux croix
wisigothiques qu’aux croix templières. A l’intérieur (image 25), l’arc
triomphal est porté par des impostes biseautées. Il faut
cependant noter que cet ensemble dégage une impression de
neuf. Il nous semble impossible que cette église soumise aux
intempéries ait pu conserver un tel état de fraîcheur. On
est donc amené à penser qu’elle a été fortement restaurée.
En espérant que les arcatures du chevet ainsi que la plaque
ajourée au décor de croix pattée soient des copies de
modèles trouvés sur place et non des créations purement
arbitraires.