La chapelle préromane de Saint-Loup (Causse-et-Diège) 

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C’est presque par hasard que nous avons eu l’occasion de connaître la petite chapelle Saint-Clair, située au hameau de Saint-Loup, sur l'ancienne commune de Loupiac, aujourd'hui intégrée à Causse-et-Diège, au Nord du Rouergue. Nous n’avons même pas pu visiter l’intérieur. Cependant cette visite de l’intérieur ne nous aurait certainement pas appris grand-chose de plus que les très belles photographies du blog consacré à ce monument.

Un panneau situé à l’entrée de l’édifice donne quelques indications : « Au Ve siècle, un prêtre ermite, vivant dans les deux grottes au-dessus de la chapelle, évangélisait les habitants du Causse qui venaient chercher l’eau à la source intarissable. A l’époque ce n’était qu’un oratoire qui, au fil des siècles, se développa en architecture préromane. Dès 838, cette paroisse relève de Conques par donation du roi Pépin d’Aquitaine. Peu après Saint-Loup relève de Figeac. Nous sommes en présence d’une petite mais très remarquable église préromane ; ce qui confirme la précocité de l’art chrétien rural dans nos régions. L’art préroman de Saint-Loup est caractérisé par les angles extérieurs arrondis du rectangle primitif. Il faut repérer ces arrondis dans l’édifice et faire abstraction des ajouts plus récents pour restituer dans son originalité exceptionnelle ce monument préroman. »


Il serait intéressant de connaître les sources de ces informations. Ainsi l’histoire de l’ermite du Vesiècle (Saint-Loup ?) est peut-être issue d’une tradition transmise par voie orale. La datation attribuée au Vesiècle risque donc de s’avérer inexacte… ce qui ne retire rien à l’ancienneté du site.

La date de 838 est, quant à elle, révélatrice d’un document. Néanmoins ce document ne décrit pas l’édifice tel qu’il était en 838.

Selon les auteurs de la notice, cette église devait être primitivement rectangulaire à angles extérieurs arrondis. C’est le bâtiment central de l'image 2, entre le porche d’entrée et le clocher. En fait, si l’on en croit le plan de l'image 1 , la base du clocher ferait partie de ce bâtiment qui devait être entièrement rectangulaire à angles arrondis. Trois autres bâtiments auraient été ajoutés par la suite, un chevet à l’Ouest, la chapelle Nord et la chapelle Sud.


La chapelle étant fermée lors de notre visite sous la pluie (veuillez excuser les gouttes d'eau sur l'objectif pour l'image 6), nous complétons par trois photographies de l'intérieur du monument dûes à Alice Carrière, et trouvées sur le blog consacré à la chapelle.


Essai de datation

D’après le plan, ces trois nouvelles pièces (le chevet, la chapelle Nord et la chapelle Sud) seraient d’époque gothique. Nous pensons que cette évaluation a été faite après avoir constaté que deux de ces pièces (le chevet et la chapelle Sud) sont couvertes d’ogives (gothiques). Mais ce voûtement gothique a pu être effectué bien après la construction initiale. Par ailleurs la chapelle Nord qui elle, est couverte en plein cintre devrait être qualifiée de « romane » si on suit ce mode de pensée. Par ailleurs l’existence d’un chevet carré fait aussitôt penser aux églises à chevet carré du Sud de la France. On sait que la plupart de ces églises sont antérieures à l’an mille.

Notre hypothèse est la suivante :

Un premier bâtiment est construit. Il est de forme rectangulaire à angles extérieurs arrondis. Nous ne connaissions pas cette forme très originale avant d’avoir visité cette partie du Rouergue. On la retrouve à Toulongergues, église décrite dans la page suivante. Ces édifices seraient antérieurs aux églises à chevet plat. L’hypothèse que celui-ci pourrait dater des premiers siècles de notre ère (4eou Vesiècle) est loin d’être farfelue. On serait donc en présence d’un édifice ruthène construit par les premiers missionnaires chrétiens à destination des populations rurales. Plus tard aurait été construit un chevet carré à angles extérieurs droits. Plus tard encore, auraient été ajoutées les chapelles Nord et Sud donnant à l’édifice un plan en forme de croix grecque. De tels plans sont moins fréquents en occident qu’en Orient où on les rencontre dans des églises datées du IXe- Xesiècle.