La chapelle Saint-Étienne de Saint-Hilaire-d’Ozilhan 

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Nous avons visité cette chapelle en septembre 2008, tout à fait par hasard, lors de Journées du Patrimoine. A cette époque, il y a donc huit ans, nous n’avions pas encore envisagé d’étudier le Premier Millénaire, même si quelques monuments dits « romans » posaient pour nous des problèmes de datation.

Le responsable du petit groupe ayant procédé bénévolement aux fouilles et à la restauration du lieu, nous l’a fait découvrir dans les moindres détails. Et ce, avec une passion très communicative.


A première vue cet édifice semble dépourvu de tout intérêt. Son plan (image 1) est celui d’une nef unique à deux travées prolongée par un chevet à plan semi-circulaire. L’extérieur de la nef (image 2) et la façade occidentale (image 3) témoignent d’une même banalité. De telles églises ont été construites à profusion et même un œil exercé peut passer devant en pensant que l’édifice date du XIXesiècle.


Sur cette façade, la fenêtre supérieure (image 4) est le résultat d’une restauration récente. La colonne et le chapiteau sont probablement des copies d’originaux vus dans des églises voisines. On est surpris par la différence des largeurs de deux fenêtres. On remarquera de plus que la fenêtre est inscrite dans deux arcs superposés et non un seul. Ce qui laisse envisager qu’on a plaqué, sur un premier mur de façade, un second mur en vue de renforcer cette façade.

Le portail d’entrée (image 5) porte une décoration moulurée très simple (fin XIIesiècle ?). Mais on remarque que ce portail est inscrit sous un arc qui lui est antérieur.

On retrouve cet arc à l’intérieur (image 6). Ainsi que le portail reconstruit sous cet arc. Le portail primitif était nettement plus haut et large que le portail actuel.


L'image 7 représente un détail de l’image précédente ; la partie inférieure gauche de l’arc du portail. On constate une discontinuité dans les maçonneries et l’absence des piliers primitifs. L’arc primitif était-il outrepassé ?

Les images 8 et 9 sont des vues latérales de la nef. Selon notre aimable et très compétent guide, cette nef daterait du XIesiècle. Il nous était très difficile de le contester sur ce point. Et même à présent nous ne pouvons qu’émettre des réserves. Certes la datation du XIesiècle est envisageable, mais une datation antérieure à l’an 1000 nous apparaît tout aussi envisageable, au vu de ce que l’on constate sur d’autres églises.

On peut se poser en particulier la question de l’utilité des arcs adossés aux murs latéraux (images 8 et 9). Ces arcs ont été sans doute plus employés en vue d’épaissir les murs que pour des raisons esthétiques. On les voit, tout particulièrement dans les églises à nef unique, à l’intérieur ou à l’extérieur (voir dans ce site internet, les monuments de l’Aveyron comme Luzençon ou Castelnau-Pégayrolles). Ces arcades ont été rajoutées afin de renforcer des murs qui devaient supporter une voûte en plein cintre.

Or, ici, il semblerait que l’église n’ait jamais été voûtée. Pourquoi alors avoir placé ces arcs dont l’utilité ne se justifie pas ? Ces arcs ont-ils placés lors de la construction des murs latéraux ou bien après ?

Et…, s’ils avaient été placés avant les murs latéraux ? Serait-il possible que la nef de l’église primitive ait été à trois vaisseaux ? Et que , ultérieurement, on ait décidé de supprimer les collatéraux, pour ne garder qu’un vaisseau ?

Mais laissons là ces questions qui mériteraient un examen approfondi, examen qui a peut être été déjà fait par les compétents restaurateurs que nous avons rencontrés..

Constatons seulement que ces arcs semblent être très légèrement outrepassés.


Les images 10, 11, 12 suivantes sont celles d’impostes. Selon nous l’imposte est caractéristique des monuments du premier millénaire. Cependant leur datation est difficile tant il existe de formes différentes.

Remarquer sur les images 10 et 11 que les impostes semblent pénétrer dans le mur latéral. Ce qui confirmerait l’hypothèse vue précédemment d’un mur latéral comblant un espace entre des piliers.


Le groupe archéologique a pu opérer des fouilles à l’entrée du chœur. Il a découvert un détail très intéressant. L’abside primitive est à plan outrepassé. Le caractère de
« plan outrepassé » a totalement disparu au niveau de l’abside actuelle qui pourrait réutiliser une partie des murs de l’ancienne abside (image 13).

L'image 15 d’un sarcophage à logette céphalique (VIe-VIIesiècle) est là pour démontrer que le site en lui-même date bien du premier millénaire.



Conclusions

Comme il est dit précédemment, le site remonte au premier millénaire. En conséquence, une église existait à cette époque à l’emplacement même de l’église actuelle, comme le prouvent les fouilles exécutées à l’intérieur de cette église. Et il est même fortement probable que des murs entiers de l’église primitive aient été conservés : mur encadrant la fenêtre de la façade occidentale, piliers à impostes et arcades des murs latéraux. La datation de cette église primitive pourrait être antérieure à l’an 600.

Une question à présent se pose. Un rapport de fouilles a-t-il été publié ? Nous l’ignorons. Si ce n’est pas le cas, il serait temps que les organismes dont c’est la mission s’en préoccupent.


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