Notes sur deux monuments de Galice datés de l'Antiquité 

• Espagne-Portugal    • Article précédent    • Article suivant    


Nous n’avons pas eu l’occasion de visiter les deux monuments décrits ci-dessous. Les images ont été extraites d’Iinternet. Leur lecture n’est pas facile.


Église Santa Eulalia de Bóveda

Selon les commentaires trouvés sur Internet, l’église Sainte Eulalie de Bóveda était primitivement un sanctuaire du IIIesiècle dédié à la déesse Cybèle. Plus tard, vers le IVesiècle, ce sanctuaire païen aurait été christianisé et dédié à Sainte Eulalie.

Il ne nous a pas été possible de savoir comment les historiens de l’art ont pu déterminer que ce monument avait été construit à destination du culte de Cybèle. Toujours est-il que par son plan (images 10 et 12), il ne s’apparente à aucun édifice chrétien. Le bassin situé au milieu de la salle pourrait faire penser à un baptistère mais il est trop large et pas suffisamment profond pour assurer cette fonction. Nos connaissances sur les cultes païens sont insuffisantes pour comprendre l’utilisation de ce monument.

De toute façon, même s‘il a été christianisé un peu plus tard, il a dû y avoir survivance d’anciennes pratiques cultuelles. Faute de quoi, le monument aurait été totalement transformé pour être adapté à la nouvelle religion, une religion chrétienne.

On constate la présence d'un arc d’entrée nettement outrepassé. Compte tenu de l’ancienneté de l ‘édifice, on peut estimer que l’arc outrepassé pourrait remonter au
IIIe ou au IVesiècle.


L’intérêt de cet édifice repose principalement sur l’existence de peintures murales qui décoraient la voûte de la salle inférieure (images de 3 à 9). La voûte a en partie disparu mais les restes sont suffisamment importants pour permettre une analyse assez poussée. Ces fresques dénotent une influence nettement romaine. Des oiseaux de toutes sortes (paon, canards, perdrix, coqs) y sont représentés. On y voit aussi un canthare (image 9). On sait que le thème des deux oiseaux encadrant un canthare est fréquent dans l’iconographie chrétienne primitive. Ce n’est pas tout à fait la même forme que l’on voit ici, mais la présence simultanée des oiseaux et du canthare interrogent. Il ne s’agit probablement pas d’une simple coïncidence. Le thème chrétien des deux oiseaux au canthare est-il inspiré d’un culte païen peut-être adressé à la déesse Cybèle? Ou bien cette décoration est-elle une création purement chrétienne, mais dissimulée sous une scène agreste apparemment banale? On sait en effet que durant les siècles de persécutions, les chrétiens dissimulaient leur appartenance à cette religion. Quoi qu’il en soit, si cet édifice a été réellement un lieu de culte, il est douteux que ce décor ait été crée dans un but seulement esthétique. L’intention symbolique a dû primer.




San Pedro de Rocas

San Pedro de Rocas est un site rupestre tout à fait comparable à ceux que l’on voit dans d’autres endroits du monde romain : Montmajour, Carluc, Ganagobie en Provence, Saint-Roman de Beaucaire, Prieuré de Grammont en Occitanie, Vardzia en Géorgie, Subiaco en Italie, Geghard en Arménie. Ces endroits en général isolés étaient probablement occupés par des populations barbares qui privilégiaient le contact avec le rocher : les tombes sont creusées dans le roc, les lieux de culte sont souterrains. L’occupation de ces lieux aurait débuté dans l’antiquité tardive (IVe-Vesiècle) et se serait terminée avant la fin du premier millénaire, du moins dans la partie rupestre. Car certains sites comme Subiaco ou Montmajour se sont développés dans leur partie aérienne.

Concernant San Pedro de Rocas, les tombes de l'image 14, creusées dans le roc, sont anthropomorphes. On trouve des tombes exactement semblables en Occitanie et en Provence. Elles sont probablement wisigothiques. Ce qui permet de dater les premières constructions du VIeou VIIesiècle.

Cette haute datation est confirmée par l’inscription trouvée sur une pierre tombale. En voici la traduction du texte en espagnol, trouvée sur Internet : « L'origine de San Pedro de Rocas est antérieure à l'année 573, année conservée par une inscription trouvée sur une pierre tombale dans l'église du monastère. » .
N’ayant pas eu l’occasion de visiter ce site, nous ne pouvons proposer une datation des bâtiments. Cependant au vu des photographies, ils nous semblent antérieurs à l’an mille.