Notes sur deux églises wisigothiques de Galice 

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L’église de Santa Comba de Bande

Le village de Santa Comba est situé à proximité d’un lac de barrage, « Encoro des Conchas », tout près de la frontière avec le Portugal. Cette église est réputée comme étant wisigothique. Nous n’avons malheureusement pas pu la visiter.


Les images de 1 à 9 sont des vues de l’extérieur de l’édifice. Ces images ne laissent rien apparaître du caractère « wisigothique » de cette église. Qui plus est, nous n’arrivons pas à différencier les parties les plus anciennes. Et même certains traits qui nous permettent d’identifier une église ancienne sont absents. Ainsi, les fenêtres que l’on voit sur l'image 3 ne sont pas caractéristiques d’une église ancienne comme l’est celle de San Xes de Francelos (image 23). Une telle observation n’est pas pour autant significative. Comme cela arrive souvent, il est possible que les fenêtres de Santa Comba aient été agrandies ultérieurement.


On remarque cependant que plusieurs des baies ont été en partie obstruées (images 4 et 9). Extérieurement, rien ne permet de conclure que cette église est wisigothique.

Cependant, grâce aux images trouvées sur Internet, nous pouvons remarquer l’existence d’un arc outrepassé. Il s’agit d’un seul arc visible successivement sur lesimages 13, 14 et 15. L'image 16 révèle un détail de l’imposte droite qui le soutient. Nous pensons que cet arc est wisigothique (imposte très large dont la largeur dépasse nettement la largeur des chapiteaux ou des bases de l’arc). De plus, l’imposte présente un décor géométrique de rayures typique d’une période antérieure à l’époque mozarabe.

Il faut cependant remarquer que c’est le seul arc qui apparaît outrepassé. Ailleurs (image 17), les arcs sont en plein cintre non outrepassé.


Venons en maintenant aux diverses interprétations concernant la construction de cette église. Tout d’abord, on remarque que les plans des images 10 et 12 sont à peu près semblables. Les parties existantes sont représentées en traits pleins. Sur l'image 12, sont indiquées en traits rouges des « cellules latérales disparues ». Il ne nous a pas été possible de savoir si les murs de ces cellules ont été détectés lors de fouilles ou s’ils ont été imaginés. En tout cas, ces cellules disparues ne semblent pas communiquer directement avec la nef. On voit même que deux d’entre elles, situées en bas à gauche de l'image 12, ne sont même pas dotées d’ouvertures. Les images 10 et 12 font apparaître un plan rectangulaire semblable à celui de l’église San Pedro de la Nave (plan du milieu de l'image 18). La vue en perspective de l'image 11, de même que le plan de droite de l'image 18, font apparaître une église cruciforme. On a donc deux conceptions qui s’affrontent. Nous pensons que c’est la seconde version qui est la plus proche de la réalité. À San Pedro de la Nave, les pièces communiquent entre elles par de grandes ouvertures. Si cela avait été le cas ici, on en verrait les traces sur les murs.

Cependant, nous envisageons une évolution un peu plus complexe. À l’origine, l’église devait être une simple chapelle à chevet carré. Elle était formée des deux salles situées à l’Est, la plus petite étant le chœur, la seconde étant la nef. Les deux salles étaient séparées par l’arc triomphal outrepassé. Ces deux pièces seulement feraient partie de la construction wisigothique (an 500 avec un écart de plus de 100 ans). Plus tard, auraient été ajoutés d’autres pièces et le transept donnant à l’église une forme de croix (an 850 avec un écart estimé de 150 ans). Beaucoup plus tard aurait été ajoutée la salle du Nord-Est faisant office de sacristie.




L’église San Xes de Francelos à Ribadavia


C’est tout à fait par hasard en cherchant des images sur Santa Comba de Bande que nous avons appris l’existence de cette église. C’est un édifice à plan rectangulaire
(images 19 et 24). L’intérêt principal de cet édifice se trouve dans la façade Ouest.(images 20, 21 et 22). On remarque tout d’abord, particulièrement dans l'image 21 que l’arc d’entrée de porte est nettement outrepassé. Cependant, côté intrados, l’outrepassement de l’arc n’est plus visible. Il a été occulté par la pose d’un « linteau découpé et réassemblé ». Ce type de construction a été inventé à une époque tardive, au XVIIIesiècle, et généralisé au XIXesiècle, pour disparaître au profit du linteau en béton précontraint. Toujours est-il que la construction est wisigothique. On le voit au caractère outrepassé mais aussi aux larges impostes. Ces deux impostes sont identiques. Un même bloc contient deux scènes : un tableau de forme rectangulaire sculpté en bas-relief d’une scène historiée, et une sorte de chapiteau de style corinthien. Il s’agit bien d’une seule pierre et non de deux séparées. Cette forme de large imposte est caractéristique d’un style « wisigothique » (remarque : nous appelons ce style, « wisigothique », parce que les wisigoths constituaient l’ethnie barbare majoritaire dans l’Espagne de ce temps-là. Mais il pouvait y avoir d’autres ethnies. On sait ainsi que cette région de la péninsule ibérique a été occupée par des Gaulois, et des Suèves. Sans doute aussi par des Wisigoths et peut-être des Francs (d’où viendrait le mot « Francelos ») .

Les scènes des bas-reliefs représenteraient l’entrée de Jésus dans Jérusalem ou éventuellement la Fuite en Égypte. Mais l’important n’est pas de connaître l’intitulé exact mais sa signification symbolique. Peut être par ces scènes, le fidèle était-il invité à pénétrer dans la Jérusalem Céleste comme le Christ avait autrefois pénétré dans la Jérusalem terrestre.

Datation de San Xes de Francelos : an 550 avec un écart estimé de 150 ans.