Abbatiale Sainte-Valérie de Chambon-sur-Voueize
La petite commune de Chambon-sur-Voueize
abrite les restes d’une grande abbaye. On y voit en
particulier une partie des bâtiments abbatiaux (image
1) ainsi que l’abbatiale (image
3). Sur cette image
3, on peut observer de gauche à droite un
clocher-porche, la nef recouverte d’un toit à quatre pentes,
et la tour-lanterne . Fait étonnant : il n’y a pas en cet
emplacement de transept. Et ce, malgré le fait qu’il y ait
une tour analogue à une tour de croisée de transept.
Celui-ci est installé dans la partie suivante : le clocheton
de croisée émerge du toit.
Plus à droite, on trouverait le chevet représenté sur l'image 4. L’abside
principale, à déambulatoire, est dotée de trois chapelles
rayonnantes. Deux absidioles sont greffées sur le croisillon
Sud du transept. Elles n’ont pas leurs symétriques, côté
Nord (plan en image 2).
On retrouve sur l'image 5
le clocher-porche de la façade Ouest. Il ne semble
pas présenter un grand intérêt. L'image
6 nous montre la nef. Le profil de son toit est
inusité.
Nous poursuivons notre visite de
l’extérieur avec l’examen de la tour-lanterne et des murs
qui l’entourent (image 7). Étudions de plus près cette image en commençant
par la droite. Là se trouve la nef recouverte de deux toits.
Le plus proche de nous est le toit du collatéral Nord. En
arrière et au dessus, se trouve le toit du vaisseau central.
Des pilastres ou contreforts délimitent les travées de la
nef. Deux de ces travées sont apparentes. Si, dans la
partie inférieure, les deux travées sont identiques, elles
ne le sont pas dans la partie supérieure. Tout se passe
comme si la tour-lanterne avait été installée à l’intérieur
de la nef après la construction de celle-ci. À cause de la
construction de la tour, le mur supérieur de la nef aurait
été refait. Et dans le même temps, il y aurait eu réfection
du mur extérieur du collatéral situé sous la tour. On le
voit aux fenêtres identiques pour les deux murs et
différentes de celles du mur en bas à droite.
Remarquer les deux chapiteaux de la tour-lanterne et, en
particulier celui de l'image
9.
Nous avouons notre déception lors de
notre visite, pour la première fois, de l’intérieur de cette
église (images de 10 à
15). Elle ne ressemblait à aucune autre de ce que
nous connaissions. En fait, la différence fondamentale se
trouve dans les chapiteaux de la nef : ils sont tous
identiques ! Et qui plus est, de simple facture. Nous étions
tellement habitués à visiter des églises romanes ou même
préromanes dans lesquelles les chapiteaux sont tous
différents que nous ne pouvions imaginer une telle
originalité. Selon nous, ces chapiteaux tous semblables ne
pouvaient correspondre qu’à un monument néo-roman du XIXesiècle.
En conséquence, cet édifice ne présentait pour nous aucun
intérêt. Celui-ci ne pouvait que se reporter à la
tour-lanterne manifestement romane. L’analyse fine des
images a totalement changé la donne.
Il y a eu d’abord la constatation faite précédemment : très
probablement, la tour-lanterne est postérieure à la nef.
Par ailleurs observons l'image
14. Le chapiteau de gauche est surmonté d’un
tailloir qui s’insère directement dans le pilier. Ce qui
n’est pas le cas du tailloir de droite. Par ailleurs, le
tailloir de gauche est décoré d’une simple rainure alors que
celui de droite ne porte pas de décor. Il faut comprendre
que ces différences de détail sont contraires à l’esprit
moderne qui a tendance à tout standardiser.
Dernière remarque : observons les images
16 puis 17. Sur la première, apparaissent les
travées les plus proches de la tour-lanterne. On constate à
la dimension des arcs que la travée de droite est plus
étroite que la travée de gauche. Ce qui confirme ce qu’on
avait vu à l’extérieur. Mieux encore ! Les deux travées
suivantes se trouvent sous la tour-lanterne. On constate que
les arcs sont à double rouleau alors que ceux de la nef sont
à simple rouleau. On sait que l’arc à double rouleau est
plus récent que l’arc à simple rouleau.
Le plan de l'image 2 permet
de reconstituer l’évolution des constructions : la nef, puis
la tout lanterne. Sur les images
18 et 19 des collatéraux de la tour-lanterne, on
devine plusieurs successions de travaux.
Nous n’avons que peu d’images de
l’intérieur du chevet, mais ces images ainsi que le plan
témoignent de nombreuses reprises de travaux. Considérons
par exemple l'image 24 :
les deux colonnes sont installées sur un bahut
quadrangulaire. Si celle de droite supporte un arc par
l’intermédiaire d’un chapiteau, celle de gauche ne supporte
rien. Par contre, tout à côté, une console supporte le
doubleau de la voûte. Preuve qu’il y a eu là une réfection.
C’est dans le chevet que l’on observe des chapiteaux décorés
(images de 22 à 27
). Le plus intéressant est celui de l'image
27. Il représente un homme nu qui semble recueillir
des fruits. Qui est-ce ? Adam ? Daniel ? Toujours est-il que
cette scène s’apparente à celle du chapiteau de l'image
9.
Datation
Nous proposons l'an 850 avec un écart de 150 ans pour la
nef. L'an 1050 avec un écart de 100 ans pour la
tour-lanterne. Pour le transept et le chevet, nous ne
pouvons proposer une datation au vu de la complexité de la
construction.