Monuments de la Nouvelle Aquitaine (ex Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes)

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Carte interactive de la région Nouvelle Aquitaine
(ex Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes).
Vous trouverez ci-dessous la liste des monuments étudiés pour la région Nouvelle Aquitaine (ex région Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes) qui regroupe 12 départements.

Cette liste est classée dans l'ordre alphabétique des départements, puis des localités.

D’ores et déjà, les données que nous avons recueillies à partir de l'étude de ces monuments nous permettent de faire une synthèse consultable à la page :

Conclusion sur les monuments de la Nouvelle Aquitaine.

Introduction aux monuments de la région Nouvelle Aquitaine :

Sur quoi nous sommes nous basés pour établir cette liste ?
Elle est dûe en partie au résultat de nos visites faites sur le terrain. Mais, bien sûr, nous ne pouvons pas (nous ne pourrons jamais) effectuer la totalité des visites envisagées. Nous avons dû étudier les livres suivants de la collection Zodiaque : Angoumois roman (image 1), Guyenne romane, Poitou Roman (image 2), Haut-Poitou Roman (image 3), Pyrénées romanes, Saintonge romane . Il faut bien comprendre que cette étude ne s’est pas faite par la seule lecture de ces livres mais par l’analyse des plans et des photographies fournies par ces manuels. Et la comparaison avec ce que nous avons observé dans d’autres régions.

Le livre « Angoumois roman » de la collection Zodiaque.

Image 1
Le livre « Angoumois roman »
de la collection Zodiaque.
Le livre «Poitou roman » de la collection Zodiaque.

Image 2
Le livre «Poitou roman »
de la collection Zodiaque.
Le livre « Haut-Poitou roman » de la collection Zodiaque.

Image 3
Le livre « Haut-Poitou roman »
de la collection Zodiaque.

En effet, s’il suffisait de lire ces livres et de répéter ce qu’ils nous apprennent la conclusion serait rapide : il n’y a qu’un monument du premier millénaire en région Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes, le baptistère Saint Jean de Poitiers. Or, si nous avons créé ce site, c’est bien parce que nous sommes persuadés qu’il y en a beaucoup plus dans cette région. Et qu’on doit pouvoir les dater. Ou du moins montrer qu’il existe une chronologie relative.

Un spécialiste de l’art roman risque néanmoins d’être choqué par ce point de vue. Et d’affirmer en retour que certaines des églises citées ci-dessus sont du XII^e siècle et ne devraient pas faire partie d’une liste d’édifices du premier millénaire. A cela nous avons plusieurs réponses. La première est que nous revendiquons le droit à l’erreur. Nous avons dit que ces édifices étaient « susceptibles » d’une datation du premier millénaire. Cette estimation a pu avoir été effectuée à partir d’une seule photographie. Ce qui est insuffisant comme élément de preuve. Il s’agirait plutôt de ce qu’on appelle en droit judiciaire, une « mise en examen ».

La deuxième réponse est apportée par l’analyse des deux images suivantes montrant l’église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers. L’image 4 représente la façade occidentale de cette église. Un spécialiste de l’art roman (toujours le même) dira que cette façade est du XII^e siècle. Tout en étant un peu réservés sur cette affirmation, nous voulons bien l’admettre. Mais est-ce que cela signifie que l’église Notre-Dame-la-Grande dans son ensemble est du XII^e siècle?
On a très bien pu construire la façade après une première construction effectuée durant les siècles antérieurs. Or, si on fait le tour de cette église on peut voir une portion de mur (image 5), typique des murs romains dits du Bas Empire que les spécialistes datent du IV^e siècle. Alors ? Notre-Dame-la-Grande est-elle du XII^e siècle ? Ou du IV^e siècle ? Je n’ai pas la réponse. Sauf en disant qu’elle est « susceptible « de dater du premier millénaire. Et qu’une étude plus approfondie s’impose.

Église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers : la façade occidentale.

Image 4
Église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers :
la façade occidentale.
Église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers : mur sud du chevet.

Image 5
Église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers :
mur sud du chevet.
Civaux: trois couvercles de sarcophages trapézoïdaux. Celui du milieu porte une croix pattée.

Image 6
Civaux: trois couvercles de sarcophages trapézoïdaux. Celui du milieu porte une croix pattée.

Nous devons aussi comprendre que les monuments anciens ont, dans leur grande majorité, subi au cours des siècles de profonds remaniements qui ont altéré l’aspect primitif de ces œuvres. Rares sont les monuments intacts. Ceux qui le sont avaient été enfouis à la suite de catastrophes naturelles (éruptions volcaniques, crues, tempêtes de sable) et n’ont été retrouvés que à la suite de fouilles de grande ampleur. Mais pour nombre d’autres l’aspect actuel n’est que le résultat de restaurations successives. Et si on s’extasie devant d’antiques monuments romains (arènes, arcs de triomphe, temples, théâtres), que l’on dit « aujourd’hui conservés », on ignore que ces monuments ont été le plus souvent « débarrassés de toutes les adjonctions qui les dénaturaient » . Parfois mêmes des reconstructions ont pu être opérées. La volonté de conserver voire de reconstituer les monuments romains s’est développée à partir du XVII^e et a pris une plus grande ampleur au XVIII^e siècle. Parfois au détriment des monuments du Moyen-Âge estimés de peu d’intérêt.

En conséquence, des monuments dont la première construction a été effectuée avant l’an 1000 ont pu être (on peut même dire : ont été) profondément modifiés depuis.

Acceptons de comprendre qu’une église du VIII^e siècle peut très bien avoir subi des transformations au XII^e siècle. Acceptons aussi de comprendre que, globalement, on doit avoir moins de restes d’édifices du VIII^e siècle que du XII^e siècle…et moins d’édifices du XII^e que du XX^e. Mais ne refusons pas de voir dans un édifice qui, auparavant, a été attribué au XII^e siècle, les restes probables d’un édifice plus ancien.

Cette identification d’édifices du Haut Moyen-Âge peut prendre des détours inattendus. Considérons l’image 6 montrant des sarcophages ou couvercles de sarcophage. L’un d’entre eux porte une croix pattée. La forme de ces sarcophages et la présence de cette croix pattée font envisager qu’ils datent de l’antiquité tardive ou du haut Moyen-Âge (an 600 avec un écart estimé de 100 ans). L’idée est de dire que la présence de ces sarcophages est automatiquement associée à la présence d’une église: « S’il y a des sarcophages du VI^e ou VII^e siècle, il doit y avoir, tout à côté, une église construite à la même période ». Et il y a bien, là où a été prise la photographie, à Civaux, une église. S’agit-il de l’église construite au premier millénaire ? Si on nous répond que non, alors, où est donc l’église construite au premier millénaire ? Dans le cas où cette dernière église n’aurait pas été localisée, nous sommes obligés d’envisager que l’église actuelle de Civaux puisse avoir été initialement construite vers l’an 600. Cette église, nous n’avons pas eu l’occasion de la visiter mais, par avance, nous pouvons dire que, si elle a été construite vers l’an 600, elle a dû être profondément remaniée durant les siècles suivants. Et il ne reste peut être plus rien de visible de l’édifice primitif. Cependant, dans un des livres précédemment cités une photographie laisse envisager qu’il existe bien des restes d’un édifice antérieur à l’an mille. Là encore on peut dire que l’église est « susceptible » d’être datée du premier millénaire, même s’il n’en reste qu’une partie.

Remarque : les commentaires précédents concernant Civaux ont été rédigés sans qu'on ait eu l'occasion de visiter l'église et l'ensemble du site. Depuis la visite a été effectuée. Voir à ce sujet la page du site commentant cette visite. L'hypothèse d'ancienneté de l'église y est confirmée : chevet du VI^e ou VII^e siècle. Après réflexion, nous avons décidé de conserver l'intégralité des commentaires précédents qui tendent à montrer que l'ancienneté d'une nécropole conduit à envisager l'ancienneté de l'église qui la jouxte.

Oloron-Sainte-Marie (Cathédrale) : le porche occidental.

Image 7
Oloron-Sainte-Marie (Cathédrale) :
le porche occidental.
Oloron-Sainte-Marie (Cathédrale) : sarcophage à l’intérieur de l’église.

Image 8
Oloron-Sainte-Marie (Cathédrale) :
sarcophage à l’intérieur de l’église.
Oloron-Sainte-Marie (Cathédrale) :
l’ouverture située au-dessus du porche occidental.

Image 9
Oloron-Sainte-Marie (Cathédrale) :
l’ouverture située au dessus du porche occidental.

Appliquons maintenant ce principe à la cathédrale d’Oloron-Sainte-Marie, petite ville située dans les Pyrénées Atlantiques. Cette église est bien connue par son célèbre portail (image 7) et les atlantes de son trumeau (colonne supportant le linteau du portail ; les atlantes de sont pas visibles sur cette image).

Ce n’est pourtant pas le portail qui nous intéresse plus particulièrement. Il doit dater du XII^e siècle mais il a sans doute été très restauré. De même l’intérieur de l’église, très sombre, ne caractérise pas un édifice dit roman. Donc, a priori, rien d’un édifice du premier millénaire.

Mais voilà ! A l’intérieur de cette église on trouve plusieurs sarcophages du Haut Moyen-Âge (image 8). Donc cette église a été construite au VII^e siècle ! Peut- être même avant ! Mais que reste-t-il de cette église du VII^esiècle ? Il faudrait y revenir et voir ce qui nous a échappé lors de notre première visite.

Mais regardons à nouveau l’image 7. On y voit tout en haut, au-dessus du portail, une grande fenêtre à 3 arcades. La voûte du porche recouvre partiellement les arcades extrêmes. Ce qui montre que le porche a été édifié après la façade. Mais il y a plus ! A travers cette fenêtre on distingue (image 9) un mur doté de trois ouvertures à arcades. Et qui plus est, les impostes soutenant ces arcades sont à saillie dans toutes les directions. Une forme qui semble caractériser un monument du VI^e ou VII^e siècle (voir dans Analyse des impostes). Serait-on en présence des restes de l’édifice primitif?

Autre chose devrait attirer notre attention : le tympan du portail (image 7). Les sculptures semblent de facture récente. Ce n’est pas rare. Il arrive très souvent que les restaurateurs remplacent des pièces très dégradées par des copies plus récentes. Des copies qui parfois ne respectent pas les canons anciens. Attachons nous plutôt aux thèmes iconographiques : Daniel entre les lions sur un petit tympan, Dieu le Père entre des lions pour l’autre tympan. Et pour le tympan qui couvre les deux précédents, une Déposition de Croix. La Croix sur laquelle se trouve le Christ est pattée. Et dessous cette croix, un chrisme. Hormis la Déposition de Croix tous ces thèmes ou symboles iconographiques caractérisent le premier millénaire. Il est donc possible que le portail ait été fait au XII^e siècle mais que les plaques de décoration des tympans aient été récupérées sur l’édifice précédent construit au VII^e siècle. Et que lors d’une restauration, au XIX^e ou XX^e siècle ces plaques aient été remplacées par des copies. Ajoutons que cela n’est qu’hypothèses. Un chercheur local pourrait très certainement trouver beaucoup d’autres renseignements confirmant ou infirmant ces points de vue.

Il reste quand même un dernier problème. Comment se fait-il que dans cette page ait été citée l’église Saint-Jean-de- Montierneuf, de Poitiers ? Cette église est, en effet, une des mieux documentées et elle daterait (pour sa première construction) de la fin du XI^e siècle. Elle ne devrait donc pas être citée sur l’actuel site. Nous ne l’avons pas visitée mais nous espérons le faire car il s’agirait d’une église témoin. Témoin de ce qui s’est réalisé à partir de la fin du XI^e siècle. Cela nous permettrait d’identifier avec une plus grande certitude les constructions de cette période et par suite de mieux établir une chronologie relative. Bien que n’étant pas du premier millénaire, Saint-Jean-de-Montierneuf peut se révéler un élément essentiel dans la compréhension de l’architecture de cette période.