L’église paroissiale de Saint-Généroux
Le site Internet de cette église nous apprend ceci : « Bien que la date de sa
construction reste incertaine, on la situe le plus souvent
au X e siècle. Ancien prieuré de l'abbaye de
Saint-Jouin-de-Marnes, le sanctuaire fut sans doute élevé
à l'emplacement du tombeau du moine Generosus. Remanié au
XII e siècle, l'édifice a été largement
restauré au XIX e siècle. Considérée comme
l'une des plus anciennes églises françaises, l'église
paroissiale de Saint-Généroux est un témoignage précieux
de l'architecture préromane basée sur un plan simple avec
nef unique séparée d'un sanctuaire par un mur de trois
arcs. Les chapiteaux du chœur de l'époque médiévale sont
tout aussi rares. Un édifice dépouillé dont le seul
ornement est l'ordonnance des pierres. »
L’information est importante ! C’est en effet une des rares
fois où l’on constate que des spécialistes français
identifient un monument comme étant antérieur à l’an
mille ! Nous ironisons ! Bien sûr !
Il faut dire qu’il serait difficile à ces spécialistes de
faire autrement. Cet édifice - surtout l’intérieur -
apparaît plus primitif que les édifices du premier art roman
estimés au XIesiècle. Et nous constatons
qu’ils arrêtent leur évaluation au Xesiècle
sans envisager une datation antérieure.
L’aspect extérieur (images de 1 à 5) semble relativement récent.
Il ne semble pas possible en effet qu'un appareil aussi
régulier que celui visible sur l'image
2 ait pu garder une apparence aussi neuve depuis
un millénaire. Mais l’information ci-dessus, « largement
restauré au XIXesiècle » explique
sans doute cette apparence de fraîcheur. Reste à savoir s’il
s’agit là d’une restauration à l’identique ou d’une refonte
complète. Nous penchons plutôt pour la première solution.
S’il s’agissait d’une refonte complète, les restaurateurs
l’auraient faite dans un style néo-roman différent de
celui-ci. De plus, l’appareil de marquèterie de pierre que
l’on voit ici se retrouve dans d’autres édifices estimés
antérieurs à l’an mille.
Sur le chevet, on remarque deux ouvertures : à gauche, un
oculus, à droite une fenêtre protégée par un arc en plein
cintre. Nous pensons qu’il y avait primitivement deux oculi
symétriques, mais pas la fenêtre intercalaire. Ou s’il
existait une fenêtre, elle était de dimensions plus
réduites. Les oculi sont fréquents dans des monuments
antérieurs à l’an mille.
Comme nous l’avons dit précédemment, la
nef présente toutes les caractéristiques d’une ancienneté :
les piliers sont rectangulaires de type R0000,
les vaisseaux de la nef sont charpentés. Les arcs -
légèrement brisés - sont posés sur des impostes et non sur
des chapiteaux comme dans l’art roman. Les impostes sont
d’un type particulier, à chanfrein vers l’intrados de la
courbe.
L’intérêt principal se trouve dans le mur séparant la nef en
deux (images 8 et 10).
Il s’agit là de quelque chose d’exceptionnel.
Nous pensons que la création des transepts a été une étape
dans la construction des églises. Les premières églises
étaient dépourvues de transept. Ceux-ci ont été créés petit
à petit. Ce qui s’est très probablement passé, c’est que, au
tout début, l’espace du chevet a dû être jugé insuffisant
pour le chœur des moines et une partie de la nef a été
ajoutée à ce chœur. C’est ce qui a dû se passer pour
l’église Saint-Généroux. Plus tard encore, on a construit
sur les collatéraux d’une travée de la nef un bâtiment
transverse. C’est ce qui s’est passé à l’église
Sainte-Madeleine de Béziers. Et plus tard encore, on a
construit un bâtiment transversal à l’ensemble de la nef :
c’est le transept.
L’église Saint-Généroux se révèle donc comme un édifice très
particulier qui fait référence. Ce que nous pouvons appeler
un « taxon ».
D’après le plan de l'image
6, la
partie de la nef séparée par le mur de refend occupe une
travée de l’ancienne nef.
On constate par ailleurs sur ce plan que la nef primitive
devait avoir quatre travées et trois vaisseaux. Ces
vaisseaux étaient prolongés par trois absides. Selon toute
probabilité, le mur de refend (nous devrions plutôt dire «
mur de séparation ») n’était pas prévu dans le plan initial
et a été installé sur une église déjà construite. Les images
de ce mur laissent néanmoins apparaître des anomalies que
nous ne pouvons pas expliquer actuellement. Il est possible
que les murs séparant les trois vaisseaux de la nef et
portés par des arcs brisés aient été repris après la pose du
mur de séparation entre nef et sanctuaire.
Il reste à étudier les chapiteaux aux
formes étonnantes (images
11 et 12) ainsi que quelques sculptures : des
fonts baptismaux (image
14), et surtout une pierre sculptée en bas-relief
et décorée de rosaces que nous ne sommes pas arrivés à
identifier (image 15).
Datation estimée :
an 700 avec un écart de plus de 150 ans.