L'église Notre-Dame de Courcôme 

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Nous n'avons pas visité cette église. Un de nos correspondants, Monsieur Clive Kenyon, nous en ayant fait parvenir des images, nous avons estimé qu'elle devait faire partie de notre étude. Nous avons éventuellement complété l'information par des textes ou des images issus d'Internet.

M. Kenyon a par ailleurs publié sur le site Flickr un très bel album consacré à cette église : https://flickr.com/photos/200072446@N07/albums/72177720316973763/

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« L'église Notre-Dame de Courcôme est une église située sur la commune de Courcôme, dans le département français de la Charente. [...]

Historique : Initialement propriété de l'abbaye Saint-Martin de Tours vers 831, elle devient la propriété du Comte de Poitiers, puis du duc d'Aquitaine. À la fin du Xe siècle, les terres de Courcôme, ainsi que son église, sont cédées à l'abbaye de Saint-Hilaire de Poitiers par le duc d'Aquitaine, Guillaume II, Fier à Bras. L'église paroissiale a dû être entièrement construite en lieu et place de l'église primitive au XIe siècle, dont il ne reste plus que le mur nord de la nef ; à la suite d'un incendie, cet édifice a lui-même laissé la place, au début du XIIe siècle, à une nouvelle église. De cette époque, datent les voûtes en berceau et les chapiteaux sculptés. Les croisillons datent d'une seconde phase, toujours de l'époque romane. Les absidioles datent d'une dernière phase à la fin du XIIe siècle. Au XVe siècle , un bas-côté est ajouté pour accueillir une plus grande communauté paroissiale. Les modifications entraînent des désordres qui furent résolus par la suppression des voûtes gothiques et le rétablissement du contrebutement de la voûte romane à la fin du XIXe siècle.

L'église de Courcôme est dédiée à la Vierge Marie, en son Assomption. Le classement en monument historique par arrêté du 2 août 1881 a permis sa restauration notamment de 1885 à 1895. [...]

Architecture : L'église comprend une nef à berceau, à un seul bas-côté, un transept sur lequel ouvrent deux absidioles, et un chœur profond terminé par une abside. La croisée est voûtée d'une coupole octogonale à la base, surmontée d'un beau clocher carré, d'un seul étage. La façade, percée d'une porte à quadruple voussure, flanquée de deux arcades aveugles et surmontée d'une corniche et d'une fenêtre à deux voussures, est très remarquable par l'exécution de ses chapiteaux et de ses modillons.

40 chapiteaux d'époque romane (XIe et XIIe siècles) qui tous ont une valeur symbolique font l'objet d'études depuis le début du XXe siècle et sont sujets à débats quant à leur interprétation
. »


Commentaire de ce texte

Les phrases suivantes, « À la fin du Xe siècle, les terres de Courcôme, ainsi que son église, sont cédées à l'abbaye de Saint-Hilaire de Poitiers par le duc d'Aquitaine, Guillaume II, Fier à Bras. L'église paroissiale a dû être entièrement construite en lieu et place de l'église primitive au XIe siècle, dont il ne reste plus que le mur nord de la nef ; à la suite d'un incendie, cet édifice a lui-même laissé la place, au début du XIIe siècle, à une nouvelle église.», nous donnent à penser qu'il y a eu en ce lieu trois églises successives : une première église qui existait au Xe siècle et dont il ne resterait rien puisqu'elle a été «  entièrement » remplacée par une église au XIe siècle. De cette église, il ne resterait que le mur Nord. La troisième église aurait été construite « au début du XIIe siècle ». Le texte ajoute que, « De cette époque, datent les voûtes en berceau et les chapiteaux sculptés. Les croisillons datent d'une seconde phase, toujours de l'époque romane. Les absidioles datent d'une dernière phase à la fin du XIIe siècle. »

Nous estimons que ce texte révèle, au moins pour le XIIe siècle, une véritable boulimie de constructions. On peut certes envisager qu'au niveau de la troisième église, il y a eu progressivité de la construction : on commence par la nef, puis les croisillons du transept, puis les absidioles. Mais l'explication que nous trouvons un peu bancale
– car tout projet de construction doit être considéré achevé dans les dix ans qui suivent la mise en chantier – ne tient pas en ce qui concerne les trois églises du début : une première au Xe siècle, une seconde au XIe siècle, une troisième au XIIe siècle. Il suffit de regarder autour de nous. Nous connaissons tous des églises construites au XVIIIe siècle ou au XIXe siècle, ou au XXe siècle. Mais à titre personnel, je n'en connais aucune qui a été construite au XVIIIe siècle, puis entièrement détruite pour être remplacée, sur le même lieu, par une autre au XIXe siècle, laquelle a été remplacée, sur le même lieu,, par une autre au XXe siècle. Ne serait-ce que l'opération de détruire un immeuble pour le remplacer par un autre sur le même lieu est déjà chose délicate, car il faut pendant le temps de destruction-reconstruction reloger les personnes ou les activités.

Par contre, il n'est pas rare qu'une église antérieure au XIXe siècle ait été restaurée (sans être totalement détruite) au XIXe siècle, puis au XXe siècle.



Examen de l'architecture


À partir du plan de l'image 6, dans lequel le tracé en traits noirs de la nef permet de repérer ce qui pourrait avoir été le vaisseau central d'une nef à trois vaisseaux. Le corps de bâtiment qui flanque ce vaisseau central côté Sud pourrait être le collatéral Sud restauré au XVe siècle. Le collatéral Nord aurait été supprimé. Afin de boucher les baies de communication entre le collatéral Nord et le vaisseau central, on aurait plaqué un autre mur contre le mur gouttereau nord du vaisseau central. C'est ce mur qui serait qualifié du XIe siècle.

Notre hypothèse est donc qu'il y avait à l'origine une nef à trois vaisseaux. Le vaisseau central était porté par des piliers de type R1010 et des arcs brisés et à double rouleau. Les arcs étaient portés par les piliers par l'intermédiaire d'impostes (images 6, 13 et 14). La nef aurait été charpentée. Ce serait cette nef qui daterait du Xe siècle.

Le transept et le chevet sont de style différent (pas d'imposte mais des chapiteaux abondamment décorés). Ils auraient été édifiés ultérieurement (XIIe siècle) en remplacement du chœur primitif.

Sans doute auparavant, la nef aurait été voûtée en berceau sur doubleaux. Une question : comment voit-on que la nef devait être d'abord charpentée puis, dans un second temps, voûtée ? Examinons l'image 10. On y voit, au milieu à droite, un petit projecteur et immédiatement sous ce projecteur une imposte faisant office de corniche. La corniche est portée par des pilastres aux angles aigus à 90°. La corniche se poursuit vers la droite mais elle est interrompue par la colonne demi-cylindrique (donc aux angles arrondis) qui soutient l'arc doubleau de la voûte. Nous estimons que le passage de l'aigu à l'arrondi dénote un changement de style et donc de période de construction.


Image 15 : Bénitier. Il est possible que la pierre bleue centrale soit une réutilisation d'anciens fonts baptismaux.

Image 16 : Ensemble de chapiteaux à feuillages d'un pilier de croisée du transept.

Image 17 : Le chapiteau de gauche est énigmatique. Il présente deux lions dans des feuillages et un masque humain. À droite, un homme accroupi saisit deux serpents menaçants.

Image 18 : Deux bases de colonnes sculptées. L'une est décorée de feuillages.



Datation envisagée pour l'église Notre-Dame de Courcôme : an 900 avec un écart de 100 ans.