L'église Saint-Saturnin de Mosnac-sur-Seugne
Petite introduction à l'étude de ce monument de Saintonge
Cher ami lecteur attaché au patrimoine de la Saintonge, ce
petit préambule s'adresse à vous. Notre site Internet a été
créé dans le but d'identifier et de dater des édifices
principalement antérieurs à l'an mille. Lire
la suite...
L'église Saint-Saturnin de
Mosnac-sur-Seugne
Nous avons effectué une courte visite de ce monument. La
totalité des images de cette page est issue de cette visite.
L'image
1 de la façade occidentale nous a, dans un premier
temps, fait envisager que la nef de cette église pouvait
avoir été dans un premier temps, à trois vaisseaux, et
devenue ultérieurement à deux vaisseaux par suppression du
collatéral Sud. Cependant, on note immédiatement la
différence de décoration des façades du vaisseau principal
et du collatéral Nord.
Le chevet (image 2)
est peu pourvu d'ouvertures (une seule assez réduite sur la
façade Sud) ; ce qui fait envisager une datation aux
alentours de l'an 1100. Cette datation serait en partie
confirmée par le décor d'un modillon sculpté d'une sirène à
deux queues (image 3).
Le rez-de-chaussée du clocher, installé sur l'avant-chœur,
est de même style que le chevet (image
4). L'arcade recouvre en partie le « sourcil »
situé au-dessus de la fenêtre (image
5). La dissymétrie de l'ensemble fait envisager que
le pilastre et les arcatures ont été plaqués sur une façade
préexistante. En conséquence, la partie de mur contenant la
fenêtre serait antérieure à l'an 1100.
L’image
6 montre l'intérieur de la nef en direction du
sanctuaire et les images
suivantes 7, 8, 9
10 l'intérieur de cette nef en direction du Nord.
On peut voir immédiatement que la nef est divisée en deux
parties : le vaisseau central et un collatéral Nord. L’accès
à ce collatéral se fait à partir de la nef par de grandes
ouvertures protégées par de grands arcs. Soit, d'Ouest en
Est, un arc en anse de panier et un arc brisé (image
7). Puis un autre arc brisé (image
8). On peut voir au-dessus de ces arcs les restes
d'arcs en plein cintre : un premier au-dessus de l'arc en
anse de panier, un autre au-dessus du premier arc brisé et
deux enfin au-dessus du deuxième arc brisé (image
9). Ces arcs en plein cintre sont typiquement
romans. Le chapiteau de l'image
10, détail de l'image
9, est lui aussi typiquement roman.
La façade Sud est visible sur les images
11, 12 et 13 (détail d'un groupe de chapiteaux de
cette façade). Les différences de styles entre les
chapiteaux (roman côté Nord, gothique flamboyant côté Sud)
montrent que le couvrement du vaisseau principal de cette
nef a suivi plusieurs étapes de travaux, avec sans doute une
série d'incidents divers
(construction-destruction-reconstruction). L'ensemble des
événements est difficile à reconstituer.
Bien que difficile à évaluer, cette série d'opérations se
révèle intéressante pour nous. Nous avons eu l'occasion de
rencontrer des nefs à deux vaisseaux et de constater que,
hormis des cas très exceptionnels, de telles nefs n'étaient
pas construites à l'origine. À l'origine, la plupart des
nefs étaient à un ou trois vaisseaux. Il y a donc deux
possibilités : soit un deuxième vaisseau est ajouté au
vaisseau unique d'une nef, soit un collatéral est supprimé
dans une nef à trois vaisseaux. Nous avons constaté que dans
ce dernier cas, les arcs permettant la communication entre
le vaisseau central et les collatéraux sont conservés dans
la nouvelle nef à deux vaisseaux.
Il existe un débat entre chercheurs. La plupart d'entre eux
considèrent qu'au cours de la période romane, les églises à
nef unique ont précédé les églises à nef triple estimées
plus évoluées. Ainsi il n'est pas rare de voir des
explications telles que : « primitivement cette église était
à nef unique mais elle a été agrandie ultérieurement par
l'adjonction de collatéraux ». Cela est possible. Mais nous
avons constaté que dans bien des cas, les arcs permettant la
communication entre l'église et les collatéraux étaient tous
d'égales dimensions et symétriques, disposition qui nous
semblait trop régulière. Et il nous semblait que dans un tel
cas, il aurait été bien plus commode de tout détruire et de
rebâtir sur du neuf. Par ailleurs, percer des ouvertures
dans un mur plein nous semblait être une opération délicate.
Nous avons ici l'occasion de vérifier le bien-fondé de ce
point de vue. Nous pensons en effet que nous nous trouvons
exactement dans la situation décrite ci-dessus :
initialement l'église était à nef unique et elle a été
agrandie par l'adjonction d'un collatéral. Donc
initialement, l'église était à nef unique, une nef peut être
voûtée. Côté Nord, de grands arcs en plein cintre
permettaient de doubler l'épaisseur du mur gouttereau dans
sa partie supérieure. Lorsqu'il a été question de réaliser
des ouvertures de communication entre le vaisseau central et
le collatéral Nord, on n'a pas utilisé les arcs en plein
cintre préexistants, mais on a percé dans les murs et
protégé les ouvertures ainsi faites par des arcs brisés
situés en dessous des arcs préexistants. Le tout a été fait
sans tenir compte d'une régularité.
Les chapiteaux du chœur sont
probablement de peu postérieurs à l'an mille. On y retrouve
des thèmes caractéristiques d'un premier art roman.
Image 14 : Lions
affrontés. Ce sont des lions à queue feuillue : la queue
passe entre les pattes arrière du lion pour remonter le long
du corps et s'épanouir au-dessus de ce corps.
Image 15 : Lions
dévorant une tête humaine. Autre thème classique. On ne sait
si les lions dévorent ou dominent, ou encore protègent.
Symbole des relations entre pouvoirs temporel et spirituel ?
Image 16 :
Entrelacs.
Image 17 : Thème
dit des « oiseaux au canthare ». Autre thème classique.
Image 18 : Cuve
baptismale (datation ?)
Datation envisagée
pour l'église Saint-Saturnin de Mosnac-sur-Seugne : an 1025
avec un écart de 75 ans.