Autres monuments de Charente susceptibles de dater du 1er millénaire (page 2/3) 

• France    • Nouvelle Aquitaine    • Article précédent    • Article suivant    


Les six édifices étudiés dans cette page sont les suivants : l’église Saint-Sébastien de La Rochette, l’église Saint-Martial de Mouton, l’église Saint-Pierre de Reignac, l'abbatiale de Saint-Amand-de-Boixe, l’église Saint-Quentin de Saint-Quentin-de-Chalais, l’église Saint-Pierre de Sers.



L'église Saint-Sébastien de La Rochette (images de 1 à 15)

Selon le site Internet : MAIRIE DE LA ROCHETTE : PATRIMOINE (larochette16.fr) :

« L’église Saint-Sébastien de La Rochette remplaça dans les années 1180 un édifice charpenté du XIe siècle. Son plan est simple : une nef unique, un faux carré du transept et une abside semi-circulaire.

La façade comporte un portail central à trois voussures nues et deux arcades latérales abritant chacune un petit tympan sculpté. Le tympan nord (à gauche) présente une figure équestre piétinant un petit personnage. Ce dernier tient une bourse. Il peut donc s’agir d’une représentation de la victoire de la vertu sur l’avarice, le vice. À moins qu’il ne faille voir ici une figure de Constantin, premier empereur chrétien, symbole du triomphe de l’église sur le paganisme.

Au sud, la vertu présentée sous les traits d’un homme barbu accroupi, arrête le vice en pleine course, symbolisé par un personnage chevauchant un animal fantastique.

Certaines interprétations présentent cet homme comme Samson sur le lion.

Au-dessus du portail, des consoles indiquent la présence passée d’un porche érigé en 1632 pour agrandir l’église et aujourd’hui disparu. Une série de modillons ornés et une fenêtre cantonnée par deux colonnettes occupent la partie haute de la façade.

Des chapiteaux en remploi ont été placés en hauteur des angles de la façade et des murs latéraux. Ces derniers sont rythmés de massifs contreforts. Animaux, personnages divers et végétaux décorent les modillons qui supportent la corniche au nord comme au sud.

L’abside est épaulée par deux contreforts plats et ne présente aucune ornementation. Un clocher surmonte le faux carré du transept. Son étage remonté en 1905 est percé de cinq ouvertures : deux sortes de meurtrières à l’ouest et une baie rectangulaire sur chacune des autres faces.

La couverture de l’édifice, récemment restaurée (années 1980), est constituée de lauzes calcaires.

À l’intérieur, la nef est couverte d’un berceau brisé et divisée en trois travées par des arcs doubleaux retombant sur des demi-colonnes à chapiteaux sculptés. Trois baies sont percées au nord et au sud. Celles du nord avaient été murées au début du XVIe siècle.

Le faux carré voûté en berceau plein cintre précède l’abside sommée d’un cul-de-four et éclairée par une fenêtre ménagée, au sud.

Nous trouvons également de ce côté une piscine et deux niches d’armoires.

L’intérieur de Saint-Sébastien offre de beaux exemples de sculpture romane. Outre les palmettes et les têtes animales, nous voyons, à l’entrée du faux carré, un lion dont une des pattes postérieures est dévorée par une tête. Sa queue se termine elle-même sous forme de tête. Cordelière et volutes d’angle ornent les chapiteaux encadrant l’entrée du sanctuaire.

Les chapiteaux de la nef présentent, entre autres, des personnages aux prises avec des canards, des lions dévorant les bras d’un homme ou un malheureux armé d’une lance et se défendant contre un monstre qui lui mange déjà un genou.

Comme les tympans de la façade, la plupart de ces chapiteaux historiés participent d’un programme iconographique omniprésent dans le décor de nos églises médiévales destiné à illustrer l’incessant combat opposant le bien et le mal.
»


Commentaires sur le texte ci-dessus

En fait, nous n'avons pas grand-chose à ajouter à ce texte, si ce n'est quelques questions comme les suivantes : Comment l'auteur sait-il que cette église en a remplacé une autre construite au XIe siècle ? Comment sait-il que ce remplacement s'est fait en 1180 ?

Concernant le tympan de l'arcade latérale Nord, l'auteur envisage que le personnage équestre pourrait être l'empereur Constantin. Nous ne pensons pas que ce soit le cas. On trouve ailleurs en Poitou des représentations réalistes d'un personnage sur un cheval qui sont censés être des images de l'empereur Constantin. Mais ici, ce n'est pas le même type d'image : ce n’est pas un cheval, mais un lion à queue feuillue et le lion piétine un homme, ce qui n'est pas le cas dans les représentations de Constantin (image 5). De même, pour le tympan de l'arcade Sud, ce n'est pas la scène de Samson et du lion (image 6). Il est cependant possible que ces deux scènes aient été créées avant celles de Constantin et de Samson, que leur interprétation symbolique ait été oubliée et que, plus tard, elles auraient été expliquées comme représentant Constantin pour l'une, et Samson pour l'autre. On aurait alors décidé de faire des représentations plus réalistes pour des sculptures nouvelles.

Le chapiteau de l'image 7, probablement utilisé en remploi, pourrait être issu de la scène classique de l'homme nu jaillissant des feuillages, repéré à la crypte de Saint- Bénigne de Dijon. Ce chapiteau aurait évolué vers le chapiteau de l'homme aux jambes dressées vers le haut.

Concernant l'intérieur de la nef (images 8 et 9), nous estimons que les arcs brisés gothiques qui soutiennent la voûte sont postérieurs d'au moins un demi-siècle aux chapiteaux romans.

Les chapiteaux de cette nef (images 10 à 15) ont probablement une signification symbolique plus précise et détaillée que la simple lutte du « bien contre le mal ». Mais nous ne la connaissons pas.

Datation envisagée pour l'église Saint-Sébastien de La Rochette : an 1100 avec un écart de 100 ans.




L'église Saint-Martial de Mouton (images de 16 à 21)

La page du site Internet Wikipédia relative à la commune de Mouton dit ceci sur cette église : « L'église paroissiale Saint-Martial date du XIIe siècle. Elle existait dès l'an 900 et appartenait à l'abbaye Saint-Martial de Limoges. Ce prieuré bénédictin a perdu la conventualité en 1535 lorsque l'abbaye est devenue simple chapitre.

L'église a été reconstruite au XIIe siècle et peu remaniée, même si le haut du clocher a été reconstruit à la fin du Moyen Âge.

La nef et la façade de l'église datent du XIIe siècle; elle fut surélevée au XVe siècle. Il n'y a pas de croisillon sud. Le chœur a été voûté d'ogives au XVe siècle. Le portail comporte une anomalie : on a remplacé une des deux archivoltes romanes par une ogive.

Le cimetière primitif a été supprimé vers 1830. Le vieux cimetière, désaffecté, a été supprimé en 1972. Il reste quelques tombes anciennes (XIe au XIIIe siècle) autour de l'église et également dans le vieux cimetière.

L'église a été classée monument historique par arrêté du 18 août 1955.
»

Le tympan de l'arcade latérale Nord du portail représente un agneau (image 17). C'est peut-être l'Agnus Dei mais il ne porte pas les attributs habituels (nimbe crucifère, croix pattée hampée). Le tympan de l'arcade latérale Sud (image 18) est presque semblable à celui de Saint-Sébastien de la Rochette : lion à queue feuillue posant sa patte sur la tête d'un homme.

L'image 19 révèle l'existence de deux arcs simples sur le mur extérieur de la nef côté Sud, et un arc double au même niveau sur le mur du clocher. Il est possible qu'à l'origine, la nef ait été triple. Elle aurait été transformée en nef unique par suppression des collatéraux. Il est possible que ces deux arcs soient les restes de l'ancienne nef. Cependant, nous ne disposons pas de suffisamment d'images pour vérifier cette hypothèse.

Aussi nous proposons la datation suivante pour l'église Saint-Martial de Mouton : an 1100 avec un écart de 100 ans.




L'église Saint-Pierre de Reignac (images de 22 à 33)

La page du site Internet monumentum réservée à cette église nous apprend ceci :

« Historique : Édifice de plan cruciforme avec absidiole sur bas-côté sud. Le bas-côté nord a été remonté sur croisée d'ogives au XVIe siècle. Coupole sur pendentif. Abside en cul-de-four. Clocher octogonal percé de quatre fenêtres et présentant un chemin de ronde couvert à l'est. Abside en cul-de-four sur l'absidiole sud. Celle-ci communique avec l'abside par un passage du XVIe siècle. La façade a trois portails dont l'un est caché par le contrefort sud-ouest. Cette façade est surmontée par deux étages d'arcatures aveugles sculptées (monstre avec personnage nu ; saints...).

Périodes de construction : XIIesiècle, XVesiècle, XVIIIe siècle.
»

Autre information obtenue sur Wikipédia : « L'église paroissiale Saint-Pierre est du XIIe siècle, remaniée et fortifiée au XVe siècle. La nef romane dont la croisée comporte une coupole sur pendentifs est augmentée d'une chapelle à croisées d'ogives et d'une chapelle gothique qui communique avec l'abside qui possède une arcature. Dans la nef est noté 1538. Les murs sont ornés de peintures murales et sur le mur ouest de la nef, existe des restes d'une litre funéraire : des armoiries avec leurs tenants. Le chevet a été fortifié par construction d'une galerie crénelée sous le toit et percement de nombreuses meurtrières. Elle est classée monument historique depuis 1970. »


Les images que nous avons de cette église confirment au moins en partie les descriptions de ces deux sites. On vérifie que cette église a subi de nombreuses restaurations au cours du temps, en particulier aux XVe et XVIe siècles. Rappelons que notre étude est prioritairement axée sur les périodes préromanes et romanes et, en conséquence, nous n'analysons pas les créations ultérieures qui constituent pourtant le principal intérêt touristique de cette église.

La vue par satellite de l'image 22 et l'image 23 font immédiatement pressentir que nous sommes en présence d'une église à plan basilical à nef à trois vaisseaux. Mais il s'agit là du plan initial car l'image 23 montre que le collatéral Sud a été transformé en immeuble d'habitation. Quant au collatéral Nord et au vaisseau central, ils auraient été, surélevé pour le premier, abaissé pour le second, de façon à transformer cette basilique en une église-halle à deux vaisseaux (image 29).

Cette hypothèse est confirmée par l'examen de l’intérieur de la nef. L'image 30 prise à l'intérieur du vaisseau central de la nef en direction de l'entrée principale fait apparaître sur la gauche deux grandes arcades. Ces arcades devaient à l'origine protéger les baies de communication entre le vaisseau central et le collatéral Sud. Ultérieurement, le collatéral Sud ayant été supprimé ces deux arcades ont été murées et des fenêtres ont été percées dans les murs. L'image 31 prise toujours à l'intérieur du vaisseau central de la nef, mais en direction du Nord-Ouest, fait aussi apparaître deux grandes arcades, cette fois-ci sur la droite. Celles-ci ne sont pas murées et on peut voir à travers l'ouverture le collatéral Nord voûté en croisée d'ogives. À remarquer un détail qui nous semble important : les arcades et les chapiteaux qui les portent ne sont pas les mêmes du côté Sud et du côté Nord : arcs simples, côté Sud (image 30) ; arcs doubles côté Nord (images 31 et 32). Nous voyons dans ces différences deux étapes de construction.

Notre hypothèse est la suivante. À l'origine, il y a eu construction d'une église à nef à trois vaisseaux, dépourvue de transept. Les trois vaisseaux devaient être charpentés et prolongés par trois absides. Il resterait de cette église les arcades du mur gouttereau Sud séparant le vaisseau central du collatéral Sud. Il resterait aussi l'absidiole Sud (image 24). Ultérieurement, et peut-être en plusieurs étapes, les travaux suivants auraient été effectués : mur gouttereau Nord séparant le vaisseau central du collatéral Nord, voûtement en berceau brisé de la nef, transept et façade Ouest, abside centrale. À remarquer que les façades Ouest (image 23), Sud du transept (image 24), Nord du transept (images 25 et 26), de styles presque identiques, sont probablement contemporaines.

Sur la façade Nord du transept (image 26), sont placés à mi-hauteur quatre bas-reliefs provenant probablement d'une structure plus ancienne. Sont représentés : un lion à queue feuillue posant sa patte sur un homme nu et deux personnages nus sous des arcades (image 27) et, à nouveau, deux personnages nus sous des arcades et un lion à queue feuillue en présence d'un homme nu (image 28). Il s'agit-là de scènes énigmatiques dont nous ne saisissons pas le sens.

Datation envisagée pour l'église Saint-Pierre de Reignac : an 1025 avec un écart de 100 ans.




L'abbatiale de Saint-Amand-de-Boixe (images de 34 à 42)

La page du site Internet Wikipédia réservée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

Le tombeau d'un solitaire, nommé Amantius, retiré dans la forêt de Boixe, est l'origine de ce monastère, transféré vers la fin du Xe siècle dans le lieu qu'il occupe aujourd'hui, entre une voie romaine et le Javart, un affluent de la Charente. Amant serait né à Bordeaux vers 520, et partait pour la Galice après le décès de ses parents. À peine parti, il essuie une tempête à l'embouchure de la Gironde qui le repousse à celle de la Charente. Persuadé qu'il s'agit d'une volonté divine, il devient disciple de saint Cybard dans sa grotte située sous le plateau d’Angoulême, puis il est envoyé par ce dernier dans la forêt de Boixe pour y chasser le mauvais esprit du lieu. Il y accomplit des miracles et y guérit des malades. Il meurt le 1ermars 600.

L'abbaye n'apparaît dans les textes qu'en 888, lorsque les ancêtres du comte d’Angoulême confisquent cet établissement, surtout pour ses revenus. Elle est alors située dans la forêt de Boixe, au lieu-dit la Macarine où l'ermite Amant aurait fini sa vie.
[...]

Vers 1025, le fils d'Arnaud Manzer, Guillaume IV Taillefer, décide de transférer son château d'Andone à Montignac, et sur l'avis de son épouse, ordonne le déplacement de l'abbaye créée par son père en 988 dans la forêt de la Boixe, à son emplacement actuel, tout proche de Montignac et le long de la Chaussade, voie romaine de Périgueux à Rome et Poitiers . Dès le XIe siècle, une première église, le cloître et les bâtiments qui l'entourent sont construits.

Le monastère est doté d'une église où le corps de saint Amant est transféré
par l'évêque Girard II en 1125 – d'après le cartulaire de Saint-Jean-d'Angély, sous Guillaume Ier, qui était abbé dans le premier quart du XIIe siècle –. La partie orientale est alors achevée, mais l'église ne sera terminée qu'en 1170 par Aliénor d'Aquitaine. L'abbaye est consacrée solennellement le 15 novembre de cette même année, en présence de l'archevêque de Bordeaux, assisté des évêques d’Angoulême, de Périgueux et de Saintes, et d'un grand nombre d'abbés. [...]

L'ensemble de la construction, sauf le chœur, appartient au XIIe siècle, certainement postérieur à 1150. Le chœur, qui date seulement du XVe siècle, conserve des parties plus anciennes. »


Commentaire de ce texte

L'existence des saints Amand et Cybard est probable. On a vu dans les pages précédentes concernant Aubeterre et Gurat que la sanctuarisation de grottes ou de cavités souterraines a été réalisée dès le Ve ou VIe siècle. De plus, dès la seconde moitié du VIe siècle, Grégoire de Tours décrit des vies de saints. Si certaines sont douteuses car trop anciennes par rapport à lui, d'autres plus récentes sont plus susceptibles d'être vraies.

Concernant les datations proposées par le texte, nous notons ce qui nous semble être une ou plusieurs erreurs dans l'enchaînement suivant : « Vers 1025, le fils d'Arnaud Manzer, ... ordonne le déplacement de l'abbaye créée par son père en 988 ... . Dès le XIe siècle, une première église, le cloître et les bâtiments qui l'entourent sont construits. ... Le monastère est doté d'une église où le corps de saint Amant est transféré par l'évêque Girard II en 1125 ... La partie orientale est alors achevée, mais l'église ne sera terminée qu'en 1170 ... L'ensemble de la construction, sauf le chœur, appartient au XIIe siècle, certainement postérieur à 1150. ». A priori tout cela semble très logique. Mais ça ne l'est pas ! Si le fils d'Arnaud Manzer ordonne le déplacement de l'abbaye en 1025, cela signifie que quelque chose (probablement au moins une église) existait au nouvel emplacement. Faute de quoi les moines auront vite fait de revenir à l'ancien emplacement. Que sont devenus ces infrastructures créées vers 1025 ? Le texte ne le dit pas. Par contre, on apprend par la suite qu'un église est construite vers 1125, mais terminée en 1170. Soit 45 ans plus tard. Là encore, ce n'est pas logique. Tout projet mis en chantier, même le plus ambitieux qui soit doit être achevé du vivant même de son concepteur (même si parfois celui-ci meurt précocement. Mais le projet est achevé peu de temps après). Manifestement, les travaux effectués en 1170 (s'ils ont eu lieu) ne sont pas ceux du plan exécuté pour la construction de 1125 : c'est un autre projet. Il faut bien comprendre qu'il existe une construction initiale effectuée dans des temps assez restreints et des constructions ou reconstructions successives qui modifient le plan initial.

Les diverses vues extérieures (images 35 et 36 ; pour cette dernière, la maquette reconstitue le chevet roman) font apparaître une église de type basilical, à nef à trois vaisseaux. Mais ce n'est pas tout à fait le plan issu des basiliques romaines car le vaisseau central devrait être plus élevé que les vaisseaux latéraux pour permettre l'insertion de fenêtres supérieures. Les images 38, 39 et 40 confirment l'absence de fenêtres supérieures, qui auraient permis d'éclairer la nef, et la présence d'une voûte en berceau plein cintre sur doubleaux plein cintre. Ces derniers sont portés par des colonnes demi-cylindriques par l'intermédiaire de tailloirs et de chapiteaux. La présence d'une voûte, de colonnes demi-cylindriques et de chapiteaux nous fait envisager une création romane (et non préromane). À ce niveau, deux hypothèses sont possibles. La première (hypothèse 1) consiste à envisager qu'à l'origine, la nef était à trois vaisseaux charpentés avec des piliers de type R1010 et des arcs doubles reliant les piliers. Ultérieurement, il aurait été décidé de voûter le vaisseau central. Pour ce faire, on aurait adossé aux piliers côté vaisseau central les colonnes demi-cylindriques, puis posé les chapiteaux, les arcs doubleaux et, par-dessus, la voûte. La deuxième (hypothèse 2) est plus simple : dès le début, la nef a été conçue telle qu'elle est actuellement, entièrement voûtée (en fait, nous n'avons pas d'image des collatéraux qui peuvent ne pas être voûtés), avec des piliers de type R1011 ou R1111.

Nous ne cachons pas que c'est l'hypothèse 1 qui nous satisferait le plus. En effet, la date de 1025 pourrait correspondre à l'achèvement de l'église d'origine à nef à trois vaisseaux charpentés. Et la date de 1125 pourrait correspondre à la fin des travaux de voûtement en berceau plein cintre. Dans la perspective d'une datation rendue cohérente, il serait bon de relire les textes correspondants aux dates 1025 et 1125 et d'analyser scrupuleusement l'architecture du vaisseau central et des collatéraux.

Datation envisagée pour l'abbatiale de Saint-Amand-de-Boixe : an 1025 avec un écart de 75 ans.




L'église Saint-Quentin de Saint-Quentin-de-Chalais (images de 43 à 48)

La page du site Internet Wikipédia relative au village de Saint-Quentin-de-Chalais nous apprend ceci sur son église : « L'église paroissiale Saint-Quentin est de style roman (XIIe siècle) pour la partie centrale, et gothique primitif (XVe siècle) pour les bas-côtés. Comme beaucoup d'autres églises, elle fut construite sur les restes d'un édifice antérieur. À la fin du Moyen Âge, elle est fortifiée avec chemin de ronde, salle de garde, bretèche et clocher-donjon. Elle est classée monument historique depuis 1913. »

La vue satellitaire de l'image 43 montre une nef de grande largeur et donc probablement à trois vaisseaux, bien qu'il y ait un toit à deux pentes. Sur les murs de la façade Ouest (image 45), les différences d'appareil montrent que les collatéraux ont été surélevés afin de couvrir la totalité de la nef par un toit à deux pentes.

Nous ne disposons que d'une vue de l'intérieur de la nef (image 48). Elle est néanmoins très instructive. On repère dans cette nef trois travées jusqu'à l'arc triomphal. En observant la partie droite, on examine tout d'abord un premier pilier, puis un second, et enfin le pilier de croisée du transept qui porte l'arc triomphal. Celui-ci est brisé alors que les arcs de la nef sont en plein cintre. Les deux premiers piliers sont de type R0001. Ils portent des arcs en plein cintre et à un seul rouleau par l'intermédiaire d'impostes. Nous avons déjà vu ce type de situation. La nef d'origine n'était pas voûtée mais charpentée. Les piliers étaient de type R0000. Lorsqu'il a été décidé de voûter cette nef, on a adossé aux piliers côté vaisseau central des colonnes demi-circulaires, puis au-dessus des chapiteaux destinés à porter les arcs doubleaux supports de la voûte. Nous estimons que les principaux éléments de cette structure (piliers de type R0000, impostes, arcs simples reliant les piliers) caractérisent une nef préromane. Mais un petit problème apparaît : contre le pilier du transept, ce n'est pas une imposte mais un chapiteau qui supporte un arc en plein cintre. La solution est la suivante : initialement, il n'y avait pas de transept ; pour en construire un, on a utilisé une partie de nef. Cela pouvait être une travée de nef, ou deux travées de nef mais peut-être aussi, par exemple, 1,1 travée de nef. Ce qui implique que l'on doit modifier la travée la plus proche du transept. Cela expliquerait pourquoi il y a un chapiteau et non une imposte contre le pilier du transept.

Datation envisagée pour l'église Saint-Quentin de Saint-Quentin-de-Chalais : an 850 avec un écart de 150 ans.




L'église Saint-Pierre de Sers (images de 49 à 54)

Le seul renseignement que nous avons pu avoir sur cette église est qu 'elle a été classée monument historique le 9 juillet 1970.

Certains indices témoignent en faveur d'une ancienneté. Ainsi, les deux premiers étages du clocher et l'abside pourraient remonter au XIe siècle (images 49 et 50). Cette impression est confirmée par les images de l'intérieur (images 53 et 54). Le portail (image 52) daterait aussi du XIe siècle, voire même un peu avant.

Dans ces conditions, il est fort possible que la nef, en général rarement modifiée, soit antérieure à ces dates. Les robustes piliers de type R0000 dotés d'impostes témoigneraient d'une forte ancienneté. Seul problème : les arcs qui relient ces piliers sont brisés donc assez tardifs. Cependant on a la possibilité que ces arcs aient été refaits lors du voûtement de la nef.

En conséquence, une situation complexe qui nécessite que l'on étudie l'architecture avec plus de soin. La datation est, pour l'heure, très peu précise.

Datation envisagée pour l'église Saint-Pierre de Sers : an 1000 avec un écart de 150 ans.