L’église Saint-Pierre de Melle 

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Nous rappelons à nos lecteurs que, bien que le site soit intitulé « Premier Millénaire », tous les monuments cités ici ne datent pas forcément du premier millénaire. La première des raisons vient du fait que si, dans l’absolu, le premier millénaire s’arrête à l’an mille, dans la pratique, cet an mille ne crée pas une discontinuité entre le premier et le deuxième millénaire. Tous ceux qui ont vécu le passage de l’an deux mille le comprennent bien. La deuxième de ces raisons vient du fait que nous avons estimé que nous pouvions dater les monuments grâce à une étude préalable de l’évolution des constructions. Mais pour cela, il faut non seulement étudier les constructions estimées appartenir au premier millénaire, mais aussi celles des un ou deux siècles postérieurs.

Dans la page précédente, nous avons étudié Saint-Hilaire de Melle, édifice estimé à l’an 1100 (avec un écart de 100 ans). Il semble en être de même pour Saint-Pierre. C’est par une meilleure connaissance de ces deux édifices que nous en saurons davantage sur ceux qui leur sont antérieurs.

Sur l’historique de cette église, voici ce nous apprend une phrase extraite de la page qui lui est consacrée dans le site Internet Wikipédia : « L'église Saint-Pierre a été construite en calcaire ocre au début du XIIe siècle sur l'emplacement d'un oratoire datant de 950 et dépendant de l'abbaye de Saint-Maixent. Cette première église était cernée par un cimetière carolingien. »

Il est probable que l’information de l’existence d’un oratoire datant de 950 provienne d’une charte dont il serait intéressant de connaître la traduction exacte.



L’extérieur de l’édifice (images de 1 à 12) montre un ensemble apparemment homogène. On note cependant quelques anomalies de construction.

Tout d’abord, les toits semblent situés nettement au-dessous des pignons ou des corniches placées sur les faces du clocher, corniches censées protéger des infiltrations. C’est visible sur les images 1 , 3, 4 et 8.

Deuxième observation : les fenêtres du chevet (images 3 et 5) sont nettement plus décorées que celles de la nef (image 8). Leur style est aussi différent. Celles du chevet sont à colonnettes et chapiteaux et protégées par un ressaut du mur alors que celles de la nef sont quant à elles protégées par un simple « sourcil » (hormis la fenêtre surmontant le portail Sud. Mais celui-ci a pu être installé plus tard). En conséquence, il est possible que le chœur ait été construit après la nef. Cela peut sembler anormal mais rien n ‘empêche de penser qu’il a pu y avoir plusieurs chœurs successifs. Il faut comprendre que, dans une église, le chœur est de tous les espaces le plus sacré mais aussi le plus susceptible d’être modifié ou même remplacé.

Dernière anomalie apparente sur l'image 6 : il est surprenant d’y découvrit au fond d’une encoignure, une fenêtre richement décorée. Très probablement, l’absidiole située face à cette fenêtre a été ajoutée plus tard.


La nef ainsi que les collatéraux sont voûtés en berceau brisé sur doubleaux brisés (images 13, 14 et 15). On retrouve le même type de piliers qu’à Saint-Hilaire. Et de même, les arcs reliant les piliers sont brisés. Mais ici, ils sont doubles, alors qu‘à Saint Hilaire ils étaient simples.

Tout ce que l’on a vu jusqu’à présent était de style roman (XIeou XIIesiècle). Il s’agit même d’un art roman tardif. Les chapiteaux eux-mêmes sont représentatifs de cette période : (image 16 : décès d’une dame dont l’âme est emportée vers le ciel, image 17 : Adam et Ève recueillant le fruit défendu ?).

Nous repérons cependant une anomalie sur l'image 18 : en haut à droite, l’arc d’entrée de l’absidiole (image 19) devrait être porté par un chapiteau, comme cela est pour les autres arcs. Ce n’est pas le cas : il est soutenu par une longue imposte. Cette singularité fait envisager que cette partie est plus ancienne que les autres.


Nous savons qu’il y avait un cimetière à cet endroit. Ce cimetière était-il « carolingien » ? De fait, nous n’aimons pas trop le mot « carolingien » qui ramène toute une période et ses contemporains à un seul homme : Charlemagne. Aimerions-nous être appelés « macroniens » ?

De quand date ce cimetière ? Le sarcophage de l'image 22 est à logette céphalique. Il daterait du VIeou VIIesiècle.

Celui de l'image 23 présente une forme nouvelle pour nous : sur une croix latine est gravé un motif en croix pattée. Nous ne connaissons pas la datation de cet objet.


Datation

Compte tenu de ce qui vient d’être dit, il faudrait reprendre dans le détail l’étude de cet édifice. Nous ne pensons pas cependant qu’il puisse être antérieur à l’an mille hormis quelques restes éventuels d’un monument antérieur.

À l’inverse, nous estimons qu’il a subi des évolutions ou des transformations durant le XIe, XIIe, voire XIIIesiècle.

Datation estimée : an 1100 avec un écart de 100 ans.