L'église Sainte-Radegonde de Talmont 

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Petite introduction à l'étude de ce monument de Saintonge


Cher ami lecteur attaché au patrimoine de la Saintonge, ce petit préambule s'adresse à vous. Notre site Internet a été créé dans le but d'identifier et de dater des édifices principalement antérieurs à l'an mille. Lire la suite...



L'église Sainte-Radegonde de Talmont

Nous avons effectué une courte visite de ce monument. La plupart des images de cette page sont issues de cette visite.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cet édifice nous apprend ceci : « L'église Sainte-Radegonde est édifiée à partir du XIe siècle à l'initiative des bénédictins de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély, lesquels auraient fait du sanctuaire une étape sur l'un des chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Ainsi, après avoir suivi la Via Turonensi jusqu'à Saintes, certains jacquets auraient choisi de se rendre à Talmont d'où ils auraient embarqué pour la basilique de Soulac, sur l'autre rive de l'estuaire de la Gironde, poursuivant leur périple par la voie de Soulac.

Bien qu'une plaque commémorant le pèlerinage ait été apposée à proximité de l'église par la “ Société des amis de Saint-Jacques”, l'importance - sinon la réalité - de celui-ci se heurte à l'absence de preuves tangibles antérieures au milieu du XXe siècle
. [...] »

Nous souscrivons entièrement à cette dernière analyse. Nous estimons que l'importance des Pèlerinages de Compostelle a été surévaluée dans notre période contemporaine. De nombreuses localités considérées comme des villes-étapes de ce Pèlerinage sont des bourgades comme il y en a tant d'autres et parfois elles-mêmes des destinations de pèlerinages. Quant aux « chemins de Compostelle », ce sont des simples routes reliant des villes. Bien sûr, pour des pèlerins désireux d'aller dans des lointains lieux de pèlerinage, à Jérusalem, Rome ou Compostelle, il a été nécessaire de composer des guides de voyage analogues à nos guides actuels indiquant les endroits à éviter, les lieux d'hébergement, les monuments à visiter (autres lieux de pèlerinage occasionnels). En ce qui concerne Talmont, il est fort probable que des pèlerins allant à Compostelle y ont fait une halte d'une nuit avant de traverser la Gironde en bateau. Mais il en a dû être de même pour d'autres ports situés sur la rive droite de la Gironde : Blaye, Royan, Conac, etc.


Le rédacteur de la page du site Wikipédia poursuit ses explications : « La transformation du village en bastide par le roi d'Angleterre Édouard 1er, duc d'Aquitaine, implique la fortification d'une partie de l'église. Un chemin de ronde est édifié au-dessus de l'abside. Cependant, ce ne sont pas les guerres qui provoquent la destruction d'une partie de l'église, mais une violente tempête qui cause l'effondrement d'une partie de la falaise servant d'assise à l'édifice. Les deux premières travées de la nef, une partie de la crypte, sont emportés par les flots. Des travaux de consolidation sont effectués par la suite, tandis qu'une nouvelle façade gothique est édifiée.

La façade latérale nord, typique de l'art roman saintongeais, s'oppose à la sobriété de la façade occidentale, refaite dans un style gothique assez sec après l'effondrement d'une partie de l'édifice au cours d'une violente tempête, ou à la face latérale sud, exposée aux intempéries
(images 1, 2, 3 et 12). [...] »


Poursuivons la lecture de la page de Wikipédia : « Cette façade nord (image 3) se développe sur trois registres verticaux. Dans sa partie inférieure, s'ouvre un portail à trois voussures, flanqué de deux arcades (image 4), tandis que la partie intermédiaire comporte une série de sept arcades supportées par des colonnettes et que la partie supérieure, formant pignon, est ornée d'un oculus.

Les sculptures du portail
(image 6) sont caractéristiques de la pensée médiévale selon laquelle la pierre doit être “  la Bible des illettrés” : elles sont des sermons imagés.

Sur la voussure supérieure, des hommes tirent avec une corde un animal prisonnier, tandis que la voussure centrale montre des hommes portés les uns par les autres, “ échelle humaine”, possible métaphore de la communauté chrétienne unie et solidaire. Enfin, la voussure inférieure montre des anges honorant l'Agneau Pascal, symbole du Christ.

Les voussures ornant les deux arcades latérales représentent l'enfer et le paradis. Celle de gauche
(image 5) est ornée de dragons ailés amphicéphales, gueule béante et crocs acérés ; à l'opposé, celle de droite (image 7) montre des pampres de vigne symbolisant la vie nouvelle. »

L'auteur ne décrit pas la richesse des chapiteaux des piédroits de ce portail (images 8 et 9), chapiteaux cependant très dégradés par le temps. On reconnaît diverses scènes comme des animaux ou hybrides affrontés.


Le texte de Wikipédia continue ainsi : « L'intérieur du sanctuaire contraste par sa sobriété. Présentant à l'origine un plan en croix latine, l'édifice est aujourd'hui limité à une nef d'une seule travée, un transept prolongé de deux absidioles, un avant-chœur de 8 mètres de long et une abside de 4,80 mètres de long, voûtée en cul-de-four. À la croisée du transept, s'élève une coupole sur pendentifs (images 13, 14, 20, 21 , 22).

De part et d'autre de la nef, se trouvent deux escaliers conduisant à une crypte établie sur deux niveaux : au niveau inférieur,était aménagé l'ossuaire, lui-même surmonté d'une chapelle funéraire. (remarque : nous n'avons pas pu visiter cette crypte)

À l'est, l'abside est divisée en cinq registres horizontaux par des contreforts-colonnes. Une partie du décor a été refaite lors de la restauration entamée dans les années 1960, notamment les modillons (images 10, 11 et 12). »

L'auteur ne parle pas des chapiteaux des piliers du transept (images 15, 16, 17 , 18, 19). Certains d'entre eux sont dits « à crochets » (images 15, 16). Mais de curieux crochets où l'on devine parfois des masques humains ou animaux ou une coquille Saint Jacques. Les autres chapiteaux représentent des scènes historiées : homme maîtrisant des dragons, homme accroupi (image 17), animaux affrontés (image 18), animaux affrontés et décors géométriques (image 19).

Notons enfin une décoration un peu surprenante dont nous ne connaissons pas le sens : à l'entrée du chœur (image 22), on peut voir côte à côte un groupe de deux piliers accolés, le premier étant une colonne cylindrique, le second un pilastre à section rectangulaire (côté Nord : image 23 , côté Sud : image 24).


Nous n'avons aucun des éléments qui nous permettraient d'envisager une datation antérieure à l'an mille. Mais alors ? Pour quelle raison l'avons nous introduit dans un chapitre qui devrait être réservé aux seuls monuments antérieurs à l'an mille ? La raison principale est que ce site est aussi un site de recherche à usage interne. Pour arriver à dater des édifices antérieurs, il faut être capable d'identifier des édifices du XIIe siècle, puis du XIe siècle, et pour être plus précis, de la première moitié du XIIe siècle, de la deuxième moitié du XIe siècle, et, de proche en proche, établir une chronologie qui remonte le temps.

Datation envisagée pour l'église Sainte-Radegonde de Talmont : an 1125 avec un écart de 50 ans.