L'église Saint-Thomas de Saint-Thomas-de-Conac
Petite introduction à l'étude de ce monument de Saintonge
Cher ami lecteur attaché au patrimoine de la Saintonge, ce
petit préambule s'adresse à vous. Notre site Internet a été
créé dans le but d'identifier et de dater des édifices
principalement antérieurs à l'an mille. Lire
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L'église Saint-Thomas de
Saint-Thomas-de-Conac
Nous avons effectué une courte visite de ce monument, visite
pendant laquelle la plupart des photographies de cette page
a été prise.
L'église Saint-Thomas semble a priori peu intéressante. L'image 2 de la façade
Ouest et l'image 3 de
l'intérieur de la nef montrent des parties entièrement
refaites. L'intérêt apparaît dans les images suivantes.
Sur l'image 4, on découvre
l’avant-chœur qui s'apparente à celui de Bougneau : à
l'étage inférieur, des pilastres portent des arcatures et à
l'étage supérieur, ce sont des colonnes cylindriques qui
portent les arcatures.
Les chapiteaux de cet avant-chœur
développent des thèmes analogues à ceux vus ailleurs, mais
avec des différences notables dans la réalisation.
Ainsi, celui de l'image 5
est orné de feuillages (palmettes), thème on ne peut
plus classique. Mais il n'est pas régulier. Il est déformé
du côté gauche : cela est manifeste en comparant avec le
tailloir situé au-dessus. De plus, il est formé de deux
blocs apparemment distincts, empilés l'un sur l'autre.
Celui de l'image 6 développe
là aussi un thème fréquent : l'aigle impérial aux ailes
déployées. Mais celui-ci est encadré par 6 aiglons, fait
tout à fait nouveau pour nous. Peut-être ne s'agit-il pas
d'un aigle mais de l'image du pélican se sacrifiant pour ses
petits.
Le chapiteau de l'image 7
est lui aussi à feuillages. Mais il y a une sorte de
rupture stylistique entre la partie inférieure à feuilles
dressées verticalement et la partie supérieure à feuilles
apparentées à des volutes.
On retrouve la même discordance entre partie inférieure et
partie supérieure sur l'image
8.
L'abside (image
9) a aussi deux niveaux d'arcatures. Mais à la
différence de l’avant-chœur, les piliers portant les arcades
du niveau inférieur sont des colonnes cylindriques et non
des pilastres. Cette particularité fait envisager que
l'abside soit plus récente que l’avant-chœur.
Les chapiteaux des images
10, 11 et 12 sont situés dans la partie inférieure.
Ils sont eux aussi à feuillages. Leur finition apparaît un
peu plus évoluée que celle des chapiteaux précédents.
Remarquer le décor des tailloirs : entrelacs, cercles
entrelacés.
Les chapiteaux des images
13, 14 et 15 appartiennent à la partie supérieure.
Remarquer que ces chapiteaux et tailloirs sont différents de
ceux de la partie inférieure. Nous ne sommes pas certains
qu'ils soient tous d'origine. Ainsi, sur celui de droite de
l'image 14,
une bouteille fort peu romane semble avoir été
dessinée.
Venons-en à présent à la partie la plus
intéressante : le chevet représenté sur les
images 1, 16, 17, 18.
Observons tout d'abord les différences d'appareil de
maçonnerie. Les murs de l’avant-chœur sont entièrement
constitués de blocs de taille moyenne de forme
parallélépipédique soigneusement taillés et ajustés. On
retrouve les mêmes blocs sur les murs de l'abside au -dessus
des fenêtres (image 17)
ou autour et au-dessus des fenêtres (image
18). L'appareil en dessous des fenêtres est
constitué de blocs plus irréguliers. C'est sans nul doute
l'appareil le plus ancien.
Les fenêtres de l’avant-chœur ne sont pas décorées. Par
contre, celles de l'abside sont encadrées par des plaques
rectangulaires portant un riche décor de cercles entrelacés
(images 19 et 22),
de palmettes (image 21)
et d'entrelacs (images 20,
23 et 24). Ce décor est tout à fait semblable à
celui vu à Peyrusse-Grande, dans le Gers. La grande
différence avec Peyrusse-Grande est qu'ici, le chevet est
semi-circulaire alors qu'à Peyrusse-Grande, il est plat. Il
existe une autre différence avec Peyrusse-Grande :
l'ouverture est nettement plus large. Mais hormis cela on
retrouve le même décor et le même type d'arc au-dessus des
fenêtres, des arcs formés de claveaux utilisant les mêmes
blocs que ceux de l'appareil régulier. D'où la même idée que
celle que nous avions eu en étudiant l'église de
Peyrusse-Grande : dans l'église primitive, l'arc en plein
cintre protégeant l'ouverture n'existait pas. L'ouverture
devait être protégée par un linteau qui a été remplacé par
la suite par un arc. Il est même possible que à cette
occasion l'ouverture ait été élargie.
L'existence d'entrelacs dits «
carolingiens » fait envisager une datation antérieure à l'an
1000
Datation envisagée
pour l'église Saint-Thomas de Saint-Thomas-de-Conac : an 900
avec un écart de 100 ans.