L’église de la Sainte Trinité de Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai
Voici la légende expliquant le nom du village : «
En 732 (ou 733 selon certains historiens), Charles MARTEL
arrête les Sarrasins au Sud de Châtellerault (Vienne).
Après la mort de leur chef sur le champ de bataille,
l’armée musulmane se dispersa. Un petit groupe aurait
alors trouvé refuge dans l’église Saint-Sauveur. Assiégés
par les habitants de la paroisse, ils promirent de se
rendre s’il givrait le lendemain. Or signe divin, au petit
matin de ce mois de mai, il givra ! Tenant leur promesse,
les envahisseurs se rendirent. Ainsi naquit la légende du
village de Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai. »
Nous avons de la difficulté à croire à cette légende. D’une
part, elle laisserait entendre que l’église Saint Sauveur
existait au VIIIesiècle. Ce qui est
contradictoire avec l’autre information qui affirme qu’elle
date du XIIesiècle. D’autre part, on a
peut-être donné un peu trop d’importance aux sarrasins en ce
qui concerne leurs incursions au nord des Pyrénées. Ils
avaient certainement un rôle de direction des armées, mais
celles-ci étaient plus certainement composées de mercenaires
wisigoths ou d’autres peuples.
Nous pensons que cette légende pourrait provenir du fait que
le territoire de Saint-Sauveur serait concerné par un
microclimat de nature froide au début de l’été, à tort ou à
raison.
Nous avons très peu de choses à dire
sur cette église.
Elle est à nef unique, une nef vaste. Les nefs uniques
sont difficiles à dater car il n’y a aucun élément qui
puisse les caractériser. Il en existe cependant quelques
indications. Le fait par exemple que cette église ne soit
pas voûtée et ne l’ait jamais été (image
9). On ne voit pas en effet de reste de piliers
adossés ou d’arcs doubleaux.
Autre indice : les murs de cette nef sont percés de peu de
fenêtres. Sur l'image 5, on voit une fenêtre
gothique et une fenêtre romane qui ont sans doute été
percées ultérieurement. Mais il existe aussi deux autres
fenêtres très étroites surmontées d’un petit linteau
monolithe. Ces fenêtres pourraient être préromanes.
Lors de notre visite de cette église en août 2007, nous
n’avons pas songé à examiner plus attentivement les
fresques du mur Nord (à gauche sur l'image
9).
Enfin, notons que la croix qui surmonte la façade
occidentale est installée sur un socle triangulaire
monolithe de forme triangulaire. La croix est une croix
pattée (voir l'image 7).
Tous ces éléments militent en faveur d’une datation
antérieure à l’an mille. Néanmoins, ces éléments sont
insuffisants pour justifier une telle datation. À plus
forte raison pour la préciser.
La deuxième partie de cette église est
le chœur.
On constate l’existence de fenêtres à l’extérieur. Sur l'image 3, on peut voir
de gauche à droite deux fenêtres à un ressaut surmontées
d’un sourcil, puis une fenêtre sans sorcil, puis de
nouveau une fenêtre avec sourcil. Fenêtre qu’on retrouve
sur l'image 4.
Elle est suivie d’une fenêtre sans sourcil, à ébrasement.
Et enfin, une fenêtre étroite.
Les différences entre les fenêtres montrent qu’il y a eu
plusieurs étapes de travaux sur ce chevet.
Cependant, ce n’est pas là le plus important. Nous
constatons la présence d’un déambulatoire (images 10, 11, 12 et 13). Mais ce déambulatoire
a ici quelque chose de particulier. L’ensemble formé par
le déambulatoire et la partie intérieure au déambulatoire
est située sous un seul toit (images
3 et 4). Cette disposition est contraire à ce
que l’on voit habituellement : le toit de la partie
centrale du chœur est plus élevé que celui du
déambulatoire situé sur le pourtour.
D’où l’idée suivante : le chœur primitif ne comportait pas
de déambulatoire. Il était très vaste, encerclé par les
actuels murs extérieurs. Ce chœur était probablement
charpenté. Le déambulatoire aurait été ajouté plus tard.
Datation
Nous inclinons à penser que cet édifice pourrait être
antérieur à l’an mille. Cependant, par prudence, nous
envisageons la datation suivante : an 1025 avec un écart
supérieur à 100 ans. Le déambulatoire construit à
l’intérieur du chœur serait plus tardif : an 1175 avec un
écart de 75 ans.