L’église Sainte-Eulalie de Secondigny
Remarque
préliminaire : nous avons visité cette église en
août 2007, il y a donc onze ans. C’est-à-dire bien avant
d’avoir envisagé de réaliser une étude sur les monuments
préromans ou romans. Nous n’avions pas à ce moment-là défini
une méthode d’investigation. En conséquence, notre
bibliothèque d’images se révèle insuffisante pour une
évaluation à peu près correcte de la datation de cet
édifice. La recherche sur Internet ne nous a pas permis de
compléter cette bibliothèque.
Il semblerait de plus que les quelques éléments recueillis
ne permettent pas d’envisager une datation antérieure à l‘an
mille. Dans cette perspective, on peut se poser la question
des raisons qui nous incitent à l’étudier. En fait, tout
tient dans le texte d’un panneau situé à l’entrée de cette
église. En voici la teneur : « En
1068, Josselin II seigneur de Parthenay, accorde à l’abbé
de Bourgeuil-Raimont le droit d’édifier un bourg et une
église. Ce sanctuaire roman du XIesiècle, trop
près des douves, a vu sa partie Est (c’est à dire du côté
du sanctuaire) s’effondrer rapidement et à plusieurs
reprises. L’abside a été raccourcie et reconstruite en
style gothique. Le clocher octogonal du XIIesiècle
remonté sur le transept Sud est l’un des rares en
Deux-Sèvres à être ainsi excentré... ».
Cette information est complétée par cette autre issue
d’Internet : « En
l'an 1068, Jocelyn, seigneur de Parthenay, qui avait créé
un cercle de défense entourant la Gâtine, décide de créer
un bourg au lieu dit «Castrum Secondignacum», déjà pourvu
d'un château avec sa chapelle Saint-Pierre, édifiés sur
une motte entourée de marécages. Il fit appel aux moines
de Bourgueil pour y construire une église à 3 nefs. »
Il faudrait bien sûr vérifier cette
information. C’est-à-dire voir s’il existe une charte datée
de 1068, correctement traduite, et mentionnant la création
d’un bourg et d’une église à Secondigny.
Si tel est le cas, nous sommes en présence d’un document
exceptionnel permettant de dater une église. En effet, dans
la plupart des cas rencontrés, les textes ne font que
renseigner de l’existence d’une église à un moment donné et
non la date de sa construction. On peut certes dire que,
dans le cas présent, on se trouve dans une situation
analogue puisque l’église n’était pas encore construite en
1068. Mais cette construction a très probablement suivi
rapidement la rédaction de l’acte. En effet, le seigneur de
Parthenay attendait de l’abbé de Bourgeuil que le droit
accordé soit suivi d’un effet immédiat.
L’étude architecturale de l’édifice devrait donc permettre
de déterminer quelles étaient les conceptions
architecturales dans la seconde moitié du XIesiècle.
On a vu ci-dessus que nous n’avons pas suffisamment d’images
pour effectuer une telle évaluation.
Le porche (image
4) est surmonté d’un arc brisé. Il est possible que
cet arc soit postérieur aux piédroits qui le supportent.
Ceux-ci sont surmontés de chapiteaux romans (images
5 et 6). Deux de ces chapiteaux sont très
intéressants. Celui de l'image
7 montre un homme et un lion. Le lion est à queue
feuillue. Cette queue passe entre les pattes arrière du lion
pour remonter et s'étaler en une large feuille. L’homme,
quant à lui, est réfugié dans une sorte de caverne. Ce
pourrait être la scène classique de « Daniel et le lion ».
Le chapiteau de l'image 8
représente une autre scène classique, « Les oiseaux
au canthare », deux oiseaux encadrant un grand vase.
Ces deux scènes ont une origine très ancienne : les «
oiseaux au canthare » seraient présents dans des figurations
romaines du IVesiècle. La figure de Daniel et le
(ou les) lion(s) est quant à elle un peu plus tardive, du
VIIeou VIIIesiècle. Cependant, nous
sommes un peu surpris que ces représentations aient pu durer
plusieurs siècles. Car celles-ci datent au moins du XIesiècle.
Il faut bien comprendre que le sens de ces représentations
nous échappe. Nous ne devons pas prendre ces représentations
à la légère, comme s’il s’agissait de simples décors sans
importance. Elles doivent avoir une signification. Mais
quelle signification ? On ne voit ici aucun symbole
typiquement chrétien.
Les images
11, 12 et 13 sont celles d’un pilier porteur de la
voûte de croisée du transept. L'image
13 est celle d’un chapiteau. Ce chapiteau porte
une colonne adossée. On constate que le matériau de couleur
noire dans lequel a été édifié cette colonne est différent
de celui du chapiteau et de la colonne qui supporte ce
chapiteau (image 12).
Sur l'image 11, on peut voir l’arc
situé au-dessus du chapiteau. C’est un arc brisé. Mais
construit en pierre noire, il a probablement remplacé un
système plus ancien, peut-être un arc en plein cintre.
Les images
20 et 21 montrent des chapiteaux qui ne sont plus
romans, mais déjà gothiques. Il semblerait que celui de l'image 21 ne soit pas
en réalité un chapiteau mais un bas-relief sculpté dans le
coin du mur.
Datation envisagée
Nous pensons que la datation proposée au début, après 1068,
est envisageable : an 1075 avec un écart de 50 ans.