Pons : l’église Saint-Vivien et l’hospice des Pèlerins
Nous n’avons pu visiter la ville de Pons
que très rapidement. Il en est de même de tout le
département de la Charente-Maritime. En conséquence,
l’actuelle page doit être complétée par une étude plus
pointue.
L’église
Saint-Vivien présente une façade occidentale
typiquement romane (images
1, 2, 3 et 4). De quand daterait cette façade ?
Nous envisageons une datation du XIe siècle mais,
avant de nous prononcer, nous attendons une étude plus
complète des façades du pays de Poitou-Saintonge.
En pénétrant dans cette église (image
5) nous avons été surpris de ne pas découvrir la
nef romane que nous attendions. En effet cette nef n’a rien
de roman. Les piliers sont de type R0000 (à plan
rectangulaire sans saillie) et il n’y a pas de chapiteau. Il
n’y a pas non plus d’imposte. Cependant on remarque que
l’appareil des piliers et l’appareil du mur au-dessus des
piliers sont différents. Il est possible que les arcades et
le mur supérieur aient été remaniés.
Nous disons donc que cette nef n’est pas romane (c’est-à
dire du XIe ou XIIe siècle) elle ne
peut donc être qu’antérieure ou postérieure à cette période.
Supposons qu’elle soit postérieure au XIIe
siècle. Dans ce cas elle doit être de la période classique
ou baroque. Période durant laquelle les piliers à base
rectangulaire ou carrée réapparaissent. Mais, pour cette
période la nef devrait être voûtée. Or elle est charpentée
et le plafond est plat. Par ailleurs le chœur s’apparente à
des modèles dits préromans. Et enfin durant la période
classique on privilégie les nefs de grande ampleur c’est à
dire, à un seul vaisseau. Or, ici on a une nef à trois
vaisseaux.
Il est donc fort possible que cette nef à trois vaisseaux
date du premier millénaire. Mais elle a subi des
remaniements. En particulier les arcades et murs au-dessus
des piliers.
Il existe à Pons un autre monument
remarquable. Il s’agit de l’hospice
des Pèlerins, édifice classé au Patrimoine Mondial
de l’Unesco. Il est formé de deux bâtiments placés
perpendiculairement à la route. L’un devait être l’hospice
proprement dit qui accueillait les voyageurs. Et l’autre,
l’église de cet hospice. Entre ces deux bâtiments un pont
enjambe la route. Un tel ensemble ne devait pas être rare au
cours de la période romane. Ces hospices étaient en général
établis aux sorties des villes. Ils servaient d’auberges aux
voyageurs, d’hôpitaux aux malades, de lazarets aux
pestiférés. Celui de Pons est un des seuls à avoir été
conservé.
Ce pont enjambant un passage est-il comparable au portique
de Lorsch (voir la page concernant Lorsch dans le chapitre
Monuments-Allemagne) ? C’est difficile de se prononcer.
Concernant le style certainement pas ! Mais peut-il y avoir
d’autres choses à découvrir ?
Observons les deux arcades de l’image
9. Leur forme et leur décor ne s’apparente pas à
une œuvre romane : les arcs ne sont pas demi-circulaires. Le
secteur angulaire qu’ils déterminent est plus proche de 135°
que de 180° (secteur angulaire formé par les arcs en plein
cintre de la période romane). Un examen superficiel
fournirait la date du XVIe ou XVIIe
siècle.
Or l’image 10
ainsi que l’image 11
qui la suit montrent que cet arc à été recoupé par la
construction d’une porte qui, elle, est typiquement romane.
En conséquence cet arc que l’on croyait de période
Renaissance ou Classique s’affirme antérieur à la porte
romane.
Le texte de l’image 12
laisse entendre que « l’hôpital neuf » a été intégralement
construit « à la fin du XIIe siècle ».
Il y a là quelque chose que nous avons de la difficulté à
comprendre et à admettre. Nous acceptons à la limite que la
porte romane date de la fin du XIIe siècle. Mais
qu’en est-il des arcades qu’elle recoupe ? Suivant le
principe que les bâtisseurs du Moyen-Âge ne changeaient pas
d’opinion comme on change de paires de chaussettes, nous
estimons que ces arcades sont antérieures à la porte d’au
moins une cinquantaine d’années. En effet le fait que la
construction de la porte ait endommagé les arcades montre
qu’il y a eu là un changement radical de programme de
construction. Il devait y avoir là une galerie à arcades
empruntée par une route. Sans doute servait-elle déjà
d’accueil aux pèlerins qui s’abritaient sous les arcades. Il
a été décidé de construire de part et d’autre des bâtiments.
Et pour accéder à ces bâtiments, il fallait des portes qui
ont été percées dans les arcades.
Nous avons dit que ces arcades interrompues devaient être
antérieures d’au moins 50 ans à la porte qui, éventuellement
pourrait être de la fin du XIIe siècle. Cela
donnerait une date au plus égale à 1150. Date qui est certes
éloignée de l’an mille. Mais une étude plus approfondie des
décors de ces arcades devrait permettre d’en savoir plus.
Remarque : Lorsque nous avons étudié l’architecture de l’église Saint-Vivien et de l’Hospice des Pèlerins, il y a près d’un an, nos estimations de datation étaient encore très floues et pouvaient être fortement entachées d’erreurs. Nous pouvons à présent apporter les modifications suivantes : la nef de l’église Saint-Vivien avec ses piliers rectangulaires daterait de la fin de la première période : an 500 avec un écart estimé de 150 ans, la façade de le même église daterait du XIe siècle. L’Hospice des Pèlerins serait le réaménagement d’un portique à arcades qui daterait de la deuxième période : an 600 avec un écart estimé de 200 ans.