L’église Saint-Blaise de la commanderie de Lacommande
Le nom du village, « Lacommande », est
directement issu de l’existence d’une commanderie. Selon la
page du site Internet Wikipedia consacrée à cette commune :
« Désigné en 1128 comme
hôpital du Faget d’Aubertin, ce lieu devient en effet
commanderie d’Aubertin au début du XIIIe
siècle, puis la Commande d’Aubertin sous l’Ancien Régime,
avant que ne soit créée la commune de Lacommande à la
Révolution. ». Puis plus loin : « Dans
les années 1115-1118, Gaston IV de Béarn, dit le Croisé,
entreprend la construction d’un relais hospitalier,
l'Espitau deu Faget d'Aubertii, entre les villes
épiscopales de Lescar et d’Oloron, sur un très ancien
chemin qui se prolonge vers l’Espagne par la vallée d’Aspe
et le Col du Somport. Cependant, un petit seigneur local
revendique la propriété du sol et de longues batailles
juridiques s’ensuivent, jusqu’à ce qu’un accord
intervienne en janvier 1128 ... L’hôpital peut continuer à
se développer sous la conduite de chanoines réguliers de
Saint-Augustin affiliés au prieuré de
Sainte-Christine-du-Somport. Des terres sont défrichées
entre la Bayse et le haut du coteau vers l’Ouest et une
église contigüe à l’hôpital est construite vers 1130-1140.
Les bulles des papes Eugène III en 1151 et Innocent III en
1216, font état de l’église d’Aubertin avec l’hôpital et
toutes ses dépendances ... au service des pauvres et des
étrangers. »
Les images
1 , 2, 3 et 4 de l’extérieur de l’église ne
permettent pas d ‘avoir une idée précise de l’évolution de
sa construction. L'image 5
de l’intérieur de la nef est encore moins éclairante.
L’arc triomphal, en anse de panier, a été construit à
l’époque moderne (c’est-à-dire au XVIeou XVIIesiècle).
Mais il a dû remplacer un arc triomphal plus ancien car les
colonnes qui le portent semblent être romanes. De même, la
nef primitive ne devait pas être voûtée mais charpentée.
L’intérêt principal se reporte sur l’abside principale (image 6). Le fond de
cette abside est tapissé par une colonnade portant une série
de chapiteaux historiés que nous pouvons examiner plus
attentivement grâce aux photographies prises par Anne-Marie
Le Stang.
Image
7 : Arcade portée par les chapiteaux des images
8 et 9.
Image 8 : Oiseaux
aux corps superposés cueillant des fruits. Peut-être
s’agit-il d’une variante de la scène des « Oiseaux au
Canthare » ? À remarquer que la scène se développe sur trois
faces alors que seules deux faces seraient nécessaires. Il
est possible que ce chapiteau soit de remploi.
Image 9 : Scène
énigmatique : un homme (un moine ?) offre une gerbe de blé à
un autre homme.
Image 10 : Deux
êtres hybrides (une sirène et un sphinx ?) affrontés. Le
bien contre le mal ? là encore le sens symbolique nous
échappe.
Image 11 : Combat
entre deux sagittaires. Mais le fait d’avoir nommé cette
scène ne signifie pas pour comprendre sa signification
profonde.
Image 12 : Même
interrogation en ce qui concerne ces deux hommes accroupis.
Image
13 : Ici, ce ne sont pas des hommes, mais des
singes qui sont accroupis.
Image 14 :
Sonneurs de trompe : jugement dernier ?
Image 15 : Joueur
de luth.
Image 16 : Homme
portant un livre et levant la main pour s’imposer face à un
dragon. S’il s’agit d’un saint, pourquoi ne porte-t-il pas
une auréole ?
Image 17 : La
scène semble être celle de la fuite en Égypte : précédée par
Saint Joseph, la Vierge Marie assise sur un cheval porte
l’Enfant Jésus dans ses bras. Là encore, les personnages ne
sont pas auréolés.
Image 18 : C’est
la scène classique des « oiseaux au canthare », mais ici le
canthare a été remplacé par la tête d’un oiseau monstrueux.
Image
19 : Singe sortant d’une cachette ?
Image 20 :
Cavaliers affrontés. Celui de gauche portant une couronne
pourrait être un roi. Celui de droite levant symboliquement
la main pourrait être un homme d’église.
Image 21 : Scène de
l’Adoration des Mages. Les Mages sont couronnés. La Vierge
Marie ne porte pas d’auréole, alors que son Fils en porte
une.
Image 22 : Sur le
côté de la cuve baptismale, une tête humaine est
représentée. La datation de ce type de pierre est délicate.
Image 23 : Les
stèles discoïdales basques sont aussi très difficiles à
dater. Sur celle de l’image
24, une croix pattée est incisée. Mais, à la
différence de croix pattées retrouvées en d’autres endroits,
croix qui remontent aux premier millénaire, les
caractéristiques de celles-ci (branches très étroites vers
le centre, très évasées vers l’extérieur) font envisager une
période plus récente, du XIIeau XIVesiècle.
On songe aux croix des templiers ou des hospitaliers. Et
justement, ça tombe bien : on est dans une commanderie !
Malgré le caractère archaïque de ces stèles discoïdales,
elles semblent être toutes postérieures au XIIesiècle.
Datation
Le texte de Wikipedia nous affirme que cette église a été
construite vers 1130-1140. Nous rappelons nos réserves
concernant ce type d’affirmation : une communauté monastique
peut avoir été installée à une date donnée dans des locaux
dotés d’un lieu de culte préexistant à cette installation.
Cependant rien dans les images ci-dessus ne permet
d’envisager une telle préexistence. Si certains détails des
chapiteaux, comme l’absence d’auréoles aux têtes des saints
apparaissent archaïques, d’autres détails comme la finesse
des traitements de certains visages font penser à des œuvres
du XIIIesiècle.
En conséquence, et en attendant que des analyses plus fines
soient effectuées, la datation que nous envisageons pour
l’abside est l’an 1150 avec un écart de 75 ans.