Autres monuments de Charente-Maritime du premier millénaire (page 3/3) 

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Voici les deux édifices de Charente-Maritime décrits sur cette page : l’église Saint-Eutrope de Saintes, l’abbatiale Sainte-Marie de Saintes.



L’église Saint-Eutrope de Saintes


Lorsque nous avons visité pour la première fois, en août 2006, l’église Saint-Eutrope de Saintes, nous avons eu l’impression que l’église supérieure était plus ancienne que l’église inférieure. Sur le coup, cette impression plus que surprenante était à ce point illogique que nous l’avons en partie évacuée de notre mémoire. Néanmoins, il en est resté quelque chose et plus tard lorsque, en d’autres occasions, nous avons revécu la même impression, l’exemple de Saint-Eutrope nous est revenu à l’esprit. Nous pensons à présent que l’apparente anomalie consistant à ce que la partie inférieure d’un édifice soit plus récente que sa partie supérieure, est, non seulement explicable, mais aussi relativement fréquente. Son origine vient du fait que, à l’intérieur d’une église déjà construite et de grande hauteur, on a décidé de partager cet édifice en deux dans le sens de la hauteur en créant un plancher de séparation. La partie inférieure, plus sombre, est aménagée en crypte pour abriter les reliques du saint patron de l’édifice. La partie supérieure est réservée au culte.

C’est bien ce qu’on observe ici. Le plan de l’église supérieure (image 7) est superposable au plan de l’église inférieure (image 1). Ce qui rend crédible l’hypothèse précédente.

Le caractère « postérieur » de l’église inférieure apparaît bien dans les images 4 et 6 de cette partie comparées aux images 8 et 9 de l’église supérieure. Les voûtes d’arêtes posées sur des doubleaux surbaissés de la partie inférieure sont plus évoluées que les voûtes en berceau faiblement brisé sur doubleaux brisés de la partie supérieure.

L'image 8 est particulièrement claire et facile à interpréter. Les piliers sont de type R1010 ou R1110. Les arcs reliant les piliers sont doubles. La nef primitive, dont une partie a disparu (image 7), devait être charpentée. Il a été décidé de voûter le vaisseau central. Pour réaliser ce voûtement, il était nécessaire de poser auparavant des doubleaux. Mais il fallait que ces doubleaux reposent sur des chapiteaux eux-mêmes portés par des demi-colonnes adossées aux piliers. Lorsque les premiers essais de voûtement ont été réalisés, ces demi-colonnes reposaient directement sur le sol. Mais plus tard (fin du XIIIesiècle ?), on a estimé que ce n’était pas nécessaire et qu’il suffisait qu’elles reposent sur des consoles insérées dans les piliers. C’est le cas ici.

Cependant, un autre aménagement avait été effectué avant le voûtement de la nef : la création d’un transept à l’intérieur de la nef. Les chapiteaux en haut à gauche de l'image 8 et en haut au milieu de l'image 9 sont les chapiteaux des piliers de la croisée de transept.

La première nef, en parte disparue, mais dont les murs subsistent dans l’avant-chœur, daterait des alentours de l’an 1000.




L’abbatiale Sainte-Marie de Saintes


Logiquement, cette église ne devrait pas être étudiée dans l’actuel site consacré aux édifices du premier millénaire. Toutes ses parties semblent en effet être postérieures à l’an 1000. Ainsi la façade Ouest (image 10) est selon nous datable des alentours de l'an 1100. Il en est de même des parties révélées par les images 11, 12 et 13. Sur cette image 13 plus particulièrement, les arcs brisés témoignent d’une période relativement tardive. Néanmoins, cette image 13 doit être observée plus attentivement et le détail de l'image 14 ainsi que, dans une moindre mesure, celui de l'image 15, montrent que les piliers gothiques se sont superposés à des piliers romans nettement plus anciens.

Datation envisagée pour l'abbatiale Sainte-Marie de Saintes : an 1050 avec un écart de 100 ans.