L'église Saint-Léonce de Saint-Léon-sur-Vézère 

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Voici ce que dit sur cette église la page qui lui est consacrée sur le site Internet Wikipedia :

« Église romane Saint-Léonce, XIIe siècle.  L'église appartient à un prieuré bénédictin dont la plus ancienne mention date d'une bulle du pape Eugène III de 1153. Elle a été construite sur le site d'une villa gallo-romaine. Le prieuré dépend alors de l'abbaye de Sarlat... L'église a un plan de croix latine avec abside et absidioles voûtées en cul-de-four à chaque croisillon du transept. La nef est charpentée. »

Les images de 1 à 9 ne permettent pas de réaliser une analyse précise de cet édifice. Il maque en particulier un plan qui permettrait de localiser l’emplacement des divers volumes. Tout au plus peut-on remarquer que le chevet, présentant trois absides resserrées entre elles, témoigne d’une période ancienne dans l’art dit « roman » (images 2 et 4)- Il pourrait donc être antérieur à l’an 1050.

Les images 3 et 5 font apparaître de grands piliers appuyés contre les piliers de croisée du transept. Ces piliers sont-ils des contreforts ? Ou ont-ils fait partie des piliers d’une nef primitive ? Toujours est-il que de part et d’autre de ces piliers, on observe d’étroits passages entre ces piliers et les murs latéraux de la nef. Ces passages sont-ils les restes d’anciens collatéraux ?

Remarquer, sur cette image 5, les arcs, arc triomphal et arc absidal. Ils sont légèrement outrepassés et surtout portés par des impostes et non le système chapiteau-tailloir. Il s’agit là d’un autre signe d’ancienneté.

Enfin l’église possède quelques fresques très dégradées. Celle de l'image 9 pourrait dater du XIVevoire XVesiècle. Celle de l'image 6, au décor de draperies, pourrait être plus ancienne encore (Xe? XIesiècle ?). L’état des fresques, le manque de qualité de la photo, ne nous permettent pas d’en savoir davantage.

Datation envisagée pour l’église Saint-Léonce de Saint-Léon- sur-Vézère : an 950 avec un écart de plus de 100 ans.



Ajouts d'informations le 7 décembre 2022

Le fichier ci-dessus formé du texte et des neuf premières images a été créé en avril 2018. Il n'avait pas été précédé d'une visite des lieux, mais pour le rédiger, nous avions récolté les informations sur le livre Périgord Roman de la collection Zodiaque et sur les pages d'Internet. Les neuf images étaient issues des galeries d'Internet.

Lors d'un séjour en Corrèze, nous avons pu visiter cette église en compagnie d'Alain et Anne-Marie Le Stang. Grâce aux photographies que nous avons prises, grâce aussi à la connaissance que nous avons pu acquérir sur ce type d'église depuis avril 2018, nous pouvons reprendre cette étude et éventuellement rectifier les erreurs que nous aurions pu faire.

Précédemment, nous avions regretté de ne pas disposer d'un plan. C'est chose faite avec l'image 10. Ce plan permet d'envisager quelle a pu être l'évolution dans les constructions. Nous constatons d'abord sur ce plan une rupture de continuité entre le chevet aux trois absides accolées, le transept et la nef. Il y aurait donc eu plusieurs phases de constructions (2 ?, 3 ?) avec à chaque fois remplacement d'une partie du monument par une nouvelle. Dans la plupart des cas rencontrés auparavant, c'est le sanctuaire qui fait l'objet de transformations. Ce qui est tout à fait normal étant donné que c'est la partie sacrée et, en conséquence, l'objet de plus de soins et d'embellissements. Pourtant, dans le cas présent, il semblerait que cette partie (les trois absides accolées) soit la plus ancienne. Ces trois absides accolées font penser immédiatement aux trois absides d'une église à nef à trois vaisseaux avec trois absides en prolongement de ces vaisseaux. Ce type de plan est très fréquent. En conséquence, il a probablement était utilisé pendant plusieurs siècles. Il marquerait la transition entre la basilique romaine et la basilique romane. À l'origine, les églises de ce type n'étaient pas, selon nous, pourvues de transept. La construction d'églises munies d'un transept a permis d'écarter les absides, les absidioles étant greffées sur le transept et non accolées à l'abside principale (le possible intérêt de la nouvelle disposition était de permettre de célébrer simultanément plusieurs offices religieux sans provoquer des gênes réciproques).

Un autre indice de plus grande ancienneté du chevet vient du fait que la croisée du transept est couverte d'une coupole (image 12) : la coupole est selon nous d'un emploi plutôt tardif dans l'art roman.

Nous avions auparavant signalé que l'emploi d'impostes puisse être signe d'ancienneté. Mais il ne s'agit pas là d'une règle absolue et nous avons parfois pu repérer l'utilisation d'impostes dans des édifices postérieurs à la période romane.

L'image 11 témoigne aussi de l'ancienneté des absides. Les différences de parement du mur de l'absidiole Sud mettent en évidence quatre interventions successives.

Mais c'est surtout l'intérieur de l'abside principale qui a attiré notre attention (image 13). Il semblerait (nous n'en sommes pas certains car nous n'avons pas songé à le vérifier quand nous étions sur place) que la colonnade de fond d'abside soit formée de colonnes cylindriques adossées aux parois et non de colonnes demi-cylindriques intégrées aux parois. La distinction peut sembler futile. Elle ne l'est pas si on envisage que cette colonnade à colonnes cylindriques a été introduite postérieurement à la construction initiale. Cette colonnade aurait pu être installée afin de permettre le voûtement en cul-de-four de l'abside.

Les chapiteaux de cette colonnade (images 14, 15, 16) sont aussi caractéristiques. D'abord par leur forme : parallélépipédique dans la partie supérieure, quasi tronconique dans la partie inférieure. Ensuite par leurs décors d'entrelacs, de palmettes, de feuillages entrelacés. Ces chapiteaux sont apparentés à d'autres vus à Nant (Aveyron), à Peyrusse-Grande (Gers), pour lesquels nous avons envisagé une inspiration, si ce n'est une création, barbare (les goths ?).

Nous avions précédemment émis l'idée que certaines des fresques pouvaient dater du XVe siècle alors que d'autres seraient plus anciennes. Mais nous émettions des réserves compte tenu de la mauvaise qualité des images. Les images 17 et 18, de meilleure qualité, viennent conforter nos estimations. La fresque de l'image 17 serait selon nous plus ancienne que la fresque de l'image 18 (du XVIe ou du XVIIe siècle) sans que l'on sache dans quelle période temporelle la ranger. Une meilleure connaissance de ce type de fresque pourrait permettre de mieux dater l'abside de l'église. Dans l'attente de cette évaluation, nous conservons l'estimation faite précédemment : an 950 avec un écart de plus de 100 ans.