L’église Saint-André de Sauveterre-de-Béarn
Selon la page du site Internet Wikipedia
consacrée à cette église, «
L'église de Sauveterre-de-Béarn, dédiée à Saint-André, a
été bâtie à une époque de transition entre les XIIe
et XIIIe siècles. Son architecture est un
mélange de style roman et de style gothique. “
Nous ne sommes pas tout à fait d’accord avec ce point de
vue, qui laisserait croire que cette église a été construite
en une seule fois, « à
une époque de transition entre l’art roman et l’art
gothique ».
De fait, il n’y a pas une seule période de construction,
mais plusieurs assez nettement différenciées.
De la période romane subsiste le chevet
(images 2, 3 et 4,
intérieur en image 9).
Au vu de l’intérieur (image
9), on pourrait être amené à croire que ce chevet
doté de grandes baies est gothique du XIVesiècle.
Pourtant, l’examen de l’extérieur (image
3) révèle qu’une corniche qui faisait le tour de
l’abside principale a été bien entamée par le percement des
grandes fenêtres citées ci-dessus. La corniche située
au-dessous décorée de billettes n’a quant a elle pas été
entamée. Elle est romane. Elle contourne un bloc
parallélépipédique, lui aussi roman. Par contre, les deux
fines colonnettes installées sur ce bloc datent probablement
du percement des grandes baies, à l’époque gothique.
Sont aussi romanes les deux absidioles qui encadrent
l’abside principale (image
3). La présence d’étroites fenêtres axiales
protégées par des linteaux monolithes, et non des arcs, fait
envisager un haute datation. Peut-être antérieure à l’an
1000 ?
On retrouve l’absidiole Sud dans l'image
4. Mais aussi le croisillon Sud du transept. Son
apparence massive fait envisager une structure romane.
Mais ce qui retient surtout l’attention dans cette image
4, est la
fenêtre ébrasée située à gauche dans le collatéral Sud ; on
retrouve cette fenêtre (romane) à l’intérieur sur le mur de
droite de l'image 10.
On retrouve à l’intérieur de l’église
des chapiteaux romans (images
11, 14, 15, 16 et 18). Certains de ces chapiteaux
sont historiés. Ainsi, celui de la Médisance et de la
Gourmandise (images 12
et 13), ou celui de la Nativité (image
19). Ces chapiteaux pourraient dater du XIIesiècle.
Assez paradoxalement, les divers sites Internet consultés ne
donnent pas de datation du tympan (images
6, 7 et 8). Le paradoxe vient du fait que l’on
s’attendait à une datation du XIIesiècle. Or,
il semble bien que ce ne soit pas le cas. D’une part, le
portail a subi de fortes modifications. Il devait être
beaucoup plus monumental avec 7 voussures concentriques au
lieu d’une seule maintenant. D’autre part, et bien que le
thème présenté (le Christ entouré des symboles des
Evangélistes) soit fréquent au XIIesiècle (et
même bien avant), les traits des personnages sont
caractéristiques du XIIIeou même du XIVesiècle.
Datation : nous
n’envisageons pas pour cet édifice une datation antérieure
au XIIesiècle.
Le mystère Basque
Le bilan concernant les édifices de Pyrénées-Atlantiques
susceptibles de dater du premier millénaire s’avère fort
mince. Sur les cinq édifices évoqués, un seul, l’église
Saint-Blaise de l’Hôpital Saint-Blaise, pourrait être
antérieur à l’an mille.
Qui plus est, tous les édifices évoqués se trouvent dans le
Béarn et non dans le Pays Basque (le Pays Basque Français
occupe trois régions du département des Pyrénées-Atlantiques
: le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule : image
20). La superficie du Pays Basque correspond à la
moitié du département des Pyrénées-Atlantiques.
On constate que les monuments préromans, voire même romans,
sont quasi absents du Pays Basque Français. Par ailleurs, le
département des Landes, au Nord du département des
Pyrénées-Atlantiques, est lui aussi pauvre en monuments
anciens.
Il faut ajouter à cela le fait que le Pays Basque Espagnol,
beaucoup plus étendu que le Pays Basque Français, est lui
aussi très pauvre en monuments antérieurs à l’an 1200.
À quoi attribuer ce déficit de monuments ? Un terrain
montagneux ? Mais la carte de l'image
21 nous apprend que l’altitude de plus de la
moitié de ce pays est inférieure à 500 mètres. Un territoire
inoccupé, jusqu’à l’époque moderne ? Mais diverses cartes ou
catalogues nous révèlent l’existence de villes dès l’époque
romaine. L’hostilité des basques vis-à-vis de la religion
catholique romaine ? Cette hostilité nous est révélée par
des livres comme le Guide des Pèlerins de Saint Jacques.
Mais les conseils du Guide des Pèlerins ne sont certainement
valables que pour une période limitée du Moyen-Âge. Il est
possible qu'à d’autres moments, les basques aient été plus
accueillants pour les pèlerins. De toute façon, en admettant
que les basques aient ignoré ou même attaqué la religion
chrétienne, ils devaient avoir leur propre religion. Et des
bâtiments pour célébrer le culte de cette religion.
Il y a donc un mystère Basque : que sont devenus ces
bâtiments ? Outre le fait toujours possible que ces
bâtiments n’ont jamais existé, plusieurs solutions sont
envisageables. Les bâtiments ou les œuvres d’art ont été
réalisés dans des matériaux périssables comme le bois. C’est
ce qui s’est passé dans les pays d’Afrique Noire. Les
bâtiments les plus anciens construits en bois ne datent que
du XXesiècle. Une deuxième hypothèse est que
certains de ces bâtiments existent encore, mais n’ont pas
été repérés.