L'église Saint-Caprais d'Agris  

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Nous n'avons pas visité cette église. Un de nos correspondants, Monsieur Clive Kenyon, nous en ayant fait parvenir des images, nous avons estimé qu'elle devait faire partie de notre étude. Nous avons éventuellement complété l'information par des textes ou des images issus d'Internet.

M. Kenyon a par ailleurs publié sur le site Flickr un très bel album consacré à cette église : https://flickr.com/photos/200072446@N07/albums/72177720315368405/

Selon la page du site Internet de la mairie d'Agris relative à cette église :

« On pense qu’à l’origine, il y eut une première église recouverte en bois, probablement construite au Ve siècle sur les ordres de l’évêque d’Angoulême. On ne sait rien de l’histoire de cette église du Ve au XIIe siècles. Reconstruite au XIIe siècle, l’église d’Agris était alors possession du Prieuré Saint-Florent de la Roche, à La Rochefoucauld. [...]

Le frontispice, qui a dû être ajouté ultérieurement à la construction de l’église, est élevé en muraille dans un but défensif également. Le portail, sans tympan, est encadré de colonnettes à chapiteaux. Les murs Nord et Sud de l’église sont soutenus par deux contreforts massifs. Ceux du mur Sud encadrent une chapelle latérale elle-même épaulée de deux contreforts d’angles. Dans la maçonnerie du mur Nord, une pierre décorée de volutes porte l’inscription : “1603 A ESTES COUVERS L’EGLISE”. [...] La nef est à quatre travées, couverte d’une voûte en berceau en plein cintre. Le chœur est précédé d’un grand arc brisé qui s’ouvre sur la nef entre deux autels de pierre. Rebâti au début du XVIe, il est à chevet plat voûté d’ogives et éclairé par trois fenêtres. La chapelle latérale également du XVIe siècle communique avec la nef par une ouverture constituée de deux arcs superposés, le supérieur étant plus large. [...] Jean DELAHAYE »


Commentaires de ce texte

Il est possible que la première phrase, « On pense qu’à l’origine, il y eut une première église recouverte en bois, probablement construite au Ve siècle sur les ordres de l’évêque d’Angoulême.», soit inspirée par un document faisant allusion à une église « construite au Ve siècle sur les ordres de l’évêque d’Angoulême. ». En effet, nous n'avons pas l'habitude de rencontrer ce genre de phrase, la plupart des intervenants commençant leur texte par la phrase « Construite au XIIe siècle », et non par, « Reconstruite au XIIe siècle ».


Autre remarque : on apprend qu'en « 1603 A ESTES COUVERS L’EGLISE ». Une telle phrase a de quoi surprendre car les images 7, 8, 9, 10 montrent une église voûtée sur doubleaux, apparemment romane (donc du XIIe siècle). De plus l'image 11 montre une voûte en berceau brisé apparemment gothique (donc du XIIIe siècle). Il ne faut cependant pas s'arrêter là car, à y regarder de près, la voûte de la nef (images 7, 8, 9, 10) est en anse de panier, trait caractéristique de la Renaissance, une Renaissance qui aurait pu subsister jusqu'en 1603. De plus, l'image 1 montre qu'actuellement, l’église est couverte d'un toit sur charpente. Il est possible que l'inscription de 1603 ne concerne que le toit de tuiles et non les voûtes.


Analyse de l'architecture de l'édifice

Les images de 1 à 6 de l'extérieur ne nous apprennent pas grand-chose. Hormis la façade Ouest, il n'existe pas d'ouverture pouvant être qualifiée de romane ou de gothique. Mais cela ne signifie pas que les murs sont récents. Des murs récents peuvent recouvrir des murs anciens.

À l'inverse les images 7, 8, 9, 10 sont plus révélatrices. Considérons par exemple l'image 7. On y voit, appuyée contre le mur Nord, une succession de 4 arcs en plein cintre portés par des piliers à section rectangulaire. Il y a deux explications pour ce modèle architectural.

La première de ces explications consiste à dire qu'à l'origine, ces piliers et arcs n'existaient pas. Seuls les murs latéraux existaient. Lorsqu'on a décidé de voûter la nef, on a voulu renforcer les murs et raccourcir la portée en plaquant contre les murs les piliers et les arcs et en faisant porter tout le poids des voûtes sur les arcs et les piliers.

Mais il existe une deuxième explication : à l'origine, la nef était à trois vaisseaux. Les piliers et les arcs qui existaient dès l'origine séparaient le vaisseau principal des vaisseaux secondaires. On a décidé de transformer cette nef triple en nef unique, en supprimant les vaisseaux secondaires et en construisant des murs extérieurs contre les piliers et arcs. On a pu ultérieurement construire des voûtes. Afin de les construire, on a plaqué contre les piliers rectangulaires des colonnes demi-cylindriques supportant des chapiteaux porteurs d'arcs doubleaux, eux-mêmes porteurs des voûtes. L'image 7 fait bien apparaître que cette installation de colonnes demi-
cylindriques est bien postérieure à la construction des piliers : la colonne de gauche traverse et endommage l'imposte du pilier. Celle immédiatement à droite repose sur une console au-dessus de l'imposte sans la traverser. De telles petites différences sont signes de travaux de réfection.

L'image 12 montrant la base d'une colonne demi-cylindrique placée au-dessus d'un pilastre fait envisager qu'il existe une partie inférieure (Sous-sol ? Crypte ?).


Datation envisagée pour l'église Saint-Caprais d'Agris : an 850 avec un écart de 150 ans.