Diverses églises de la Haute-Vienne (page 1/3)
Les églises de la Haute-Vienne étudiées
dans cette page sont : l'église
Notre-Dame de Bellac, la
collégiale Saint-Pierre du Dorat, la
collégiale Saint-Étienne d'Eymoutiers.
Le 10 décembre 2024, nous y ajoutons l'étude de l'église
Saint-Maurice de Bussière-Poitevine visitée par Clive
Kenyon.
L'église
Notre-Dame de Bellac
Cette église a été visitée en septembre
2020 par Alain et Anne-Marie Le Stang. Le principal intérêt
de cette église est la vitrine où est exposée la très belle
châsse-reliquaire des
images 3, 4,5 et 6. Voici un texte explicatif
concernant cette châsse : « Châsse. Atelier
Hispano-limousin. Vers 1130.
Cette châsse est le plus ancien reliquaire en forme de
sarcophage connu et le premier attribuable aux ateliers de
Limoges. Exemple unique qui ne connaîtra aucune postérité,
cette œuvre se présente sous la forme d'une maisonnette au
toit en bâtière. Elle est décorée de douze médaillons
bombés de cuivre champlevé, émaillé, dont trois ont
disparu à une époque indéterminée, présentant une
iconographie d'inspiration évangélique. Ces divers
éléments, symétriquement disposés, sont séparés les uns
les autres par des pierres taillées, du verre et des
intailles antiques montées en cabochons suivant la logique
imposée par la forme même de l'objet.
Ce reliquaire fut peut-être exécuté pour la chapelle des
Comtes de la Marche dans le château de Bellac, chapelle
qui dépendait de l'église Saint-Sauveur, aujourd'hui
sanctuaire paroissial de
l'Assomption-de-la-Très-Sainte-Vierge. »
Bien que cette châsse date probablement du second millénaire
et que notre site ne soit concerné que par le premier
millénaire, nous avons voulu la présenter. En effet, des
ouvrages d'une telle qualité ne surgissent pas subitement.
Elles sont le fruit d'une longue maturation qui a dû prendre
naissance au cours du premier millénaire.
Concernant le texte ci-dessus, nous aimerions avoir des
précisions au sujet du terme «Atelier
hispano-limousin». Comment sait-on qu'il y a eu une
influence hispanique ? Quant à la date «vers
1130», comment a-t-elle été trouvée ? Et quelle est
la précision sur la datation ?
Datation : Notre
estimation de datation est équivalente, an 1125 ... avec un
écart de 75 ans.
Le
Dorat : collégiale Saint-Pierre
La page du site Internet Wikipedia
réservée à cette église nous donne les informations
suivantes : « Le
Dorat s'appelait primitivement Scotorum, du nom des
missionnaires écossais qui, vers l'an 950, y
construisirent, ou probablement reconstruisirent, une
église dédiée à Saint Michel. Ce n'est qu'une vingtaine
d'années plus tard que Boson Ier le Vieux,
premier comte de la Marche, fonda près de Saint-Michel,
une chapelle Saint-Pierre et le chapitre du Dorat, La
collégiale fut reconstruite après l'incendie de l'an 1060.
»
La même page poursuit peu après : «
En 866, l'église et le monastère furent saccagés et brûlés
par les Normands.
Vers 980 - Boson Ier, dit le Vieux, premier
comte de la Marche, installe le chapitre du Dorat avec ses
vingt chanoines ...
En 1013 - Un nouvel incendie est allumé par les habitants
de Magnac-Laval, commandés par Étienne de Muret, baron de
Magnac, lors d'une guerre entre Bernard, comte de la
Marche et Hugues de Lusignan.
En 1063 - Consécration d'une nouvelle église.
En 1080 - Nouvel incendie.
...
En 1112 - Les chanoines ouvrent un important chantier.
Le 27 janvier 1130, les corps de Saint Israël et Saint
Théobald sont levés de terre et transportés en procession
dans la collégiale. Ces reliques sont exposées sur les
autels pour être vénérées par les fidèles. Enfin, elles
sont descendues dans la crypte, où les attendent deux
tombeaux en granit. Le chœur et la crypte sont consacrés.
Jusqu’en 1170, vont se succéder des campagnes de travaux
qui ajouteront la nef, la façade, le clocher du transept.
»
Voilà donc en ce qui concerne les informations sur cette
église fournies par le site Internet Wikipedia. La
documentation est importante. Il est rare de disposer de
textes antérieurs à l’an mille. Ce qui semble avoir été le
cas ici. Il ne faut cependant pas trop se fier à ces
informations. D’une part, on constate des différences entre
les deux parties du texte. L’une concerne la date de la
fondation par Boson : vers 970 dans la première partie (une
vingtaine d’années après 950), vers 980 dans la deuxième
partie. Cela pourrait signifier soit que l’auteur ne s’est
pas relu, soit qu’il a recopié sans les relire deux écrits
différents. Par ailleurs, dans la première partie, un
incendie est signalé pour 1060. Il ne l’est pas dans la
deuxième partie.
Il nous faut rappeler ce que nous avons déjà dit à plusieurs
reprises. Il faut développer une extrême prudence vis-à-vis
des textes anciens. Ces textes ne racontent en général
qu’une histoire. Celle d’une communauté d’hommes à la
recherche certes d’un idéal, mais aussi de dons, de faveurs,
de considération. Leurs écrits ne peuvent être qu’orientés
en vue de cette recherche. Et comme nous ne disposons pas
d’écrits contradictoires, il peut être difficile de
déterminer la part de vérité. Les sources d’erreurs sont
nombreuses et variées. Elles peuvent être anciennes,
contemporaines des textes écrits : comme pour nos actuelles
fraudes, les moines pouvaient exagérer les dommages qui leur
avaient été causés par des incendies ou des attaques de
normands. Des écrits tels que les Vies de Saints peuvent
être postérieurs de plusieurs siècles aux événements. Dans
un tel cas, ils obéissent plus à un modèle codifié qu’à une
vraie biographie. Les erreurs ont pu aussi se produire au
cours du XIXeou du
XXesiècle lorsque des érudits se sont efforcés de
reconstituer l’histoire de la localité dont ils étaient
originaires. Cette histoire comportant de nombreux vides,
ils ont pu s’efforcer de les combler. En admettant qu’ils
n’aient émis que des hypothèses, celles-ci sont devenues des
certitudes pour ceux qui ont recopié leurs écrits.
Il faudrait donc que toutes les données ci-dessus ainsi que
celles concernant les deux églises suivantes soient
vérifiées.
D’ores et déjà, nous émettons quelques doutes sur l’étendue
des destructions par les Arabes ou les Normands.
L’information, «
Le 27 janvier 1130, les corps de Saint Israël et Saint
Théobald sont levés de terre et transportés en procession
dans la collégiale. Ces reliques sont exposées sur les
autels pour être vénérées par les fidèles. Enfin, elles
sont descendues dans la crypte, où les attendent deux
tombeaux en granit. Le chœur et la crypte sont consacrés.
», est intéressante dans la mesure où elle décrit
une démarche sans doute fréquente au Moyen Âge. Une démarche
consistant à faire coïncider une translation de reliques à
la construction d’un édifice, en général un chevet ou un
martyrium. Souvent les deux : on construit en même temps la
crypte où repose le corps du Saint et le sanctuaire situé
au-dessus de celle-ci. La question est de savoir quelle
était l’intention primaire : construire un chevet ou
célébrer le culte d’un saint. La lecture du texte de la
translation des reliques de Saint Majan à Villemagne
l’Argentière (Hérault) nous fait envisager que c’est la
première hypothèse qui est la bonne. Dans le cas de Saint
Majan, il semble bien que le saint ait été inventé en même
temps que ses reliques pour répondre aux souhaits d’une
population vénérant un dénommé Majan.
La date 1130 pour la translation des corps de Saint Israël
et de Saint Théobald est possible. Cependant, il faut
remarquer que cette pratique de faire coïncider la
consécration d’un nouveau chevet avec la translation de
reliques est bien antérieure à cette date.
Nous n’avons eu que peu d’images de la collégiale
Saint-Pierre, et parmi ces images, aucune qui puisse la
dater antérieure à l’an mille. Cependant les images
1 et 2 font apparaître un massif ouvrage Ouest, à
comparer à ceux d'Évaux-les-Bains, ou de Bessuejouls,
estimés antérieurs à l’an mille. Il faudrait examiner de
plus près cet ouvrage Ouest qui a été sans doute
profondément modifié. Ainsi, il semblerait que le beau
porche polylobé (image 3 )
ait été installé postérieurement dans un pan de mur destiné
à faire office de contrefort.
En attendant une information complémentaire, la datation
envisagée pour la collégiale Saint-Pierre du Dorat
est l’an 1100 avec un écart de 100 ans.
La
collégiale Saint-Pierre du Dorat : ajout
en octobre 2020
Lors de la rédaction du texte ci-dessus concernant la
collégiale du Dorat, en juillet 2018, nous n'avions pas
encore visité cette église. Ce qui explique le manque
d'images. Le passage en ce lieu d'Alain et Anne-Marie Le
Stang, en septembre 2020, ont permis de combler ce vide. En
conséquence, nous avons pu ajouter les
images suivantes
de 10 à 27.
Les images 10 et 11 ne
sont pas très révélatrices en ce qui concerne le chevet et
le transept. On y distingue cependant de belles fenêtres
romanes datables, selon nous de la première moitié du XII
ème siècle (an 1125 ± 50 ans). La surprise vient des
images 13, 14 et 15.
Notre première réaction a été la suivante : « C'est une
église gothique ». C'est la réaction normale du visiteur
dont le regard est attiré vers le haut. Et dans le cas de
cette collégiale Saint-Pierre, les voûtes, en berceau brisé
sur doubleaux brisés, pour le vaisseau central, d'arêtes sur
doubleaux brisés outrepassés, pour les bas-côtés.
Mais nous savons à présent qu'il ne faut
pas s'arrêter à l'observation «aérienne» de la nef. Dans
notre démarche en vue d'une datation (lire à ce sujet les
pages consacrées à l'évolution des piliers de notre chapitre
datation), nous privilégions la vue du plan «au sol» des
piliers de la nef. Ceux-ci sont de type R0202.
Nous notons le caractère assez rare de ce type de pilier.
Les cas les plus fréquents sont les piliers de type R0000,
R1010, R1110,
R1111. Rappelons ce
que signifie le code R0202.
R signifie que le plan de base du pilier est rectangulaire.
Les nombres qui suivent désignent le nombre de saillies sur
chaque côté du rectangle de base. La saillie du plan de base
correspond à un pilastre (ou une demi-colonne) engagé (e)
sur le pilier. Le nombre 1 signifie qu'il y a une saillie,
Le nombre 2 signifie qu'il y a deux saillies superposées. Le
premier nombre du code correspond à la face Est du pilier,
le deuxième à la face côté collatéral, le troisième à la
face Ouest, le quatrième à la face côté vaisseau central.
Dans le cas présent, le code R0202,
on a un pilier à plan rectangulaire. Il n'y a pas de pilier
engagé sur les faces Est et Ouest. Par contre, il y en a
deux superposés (des pilastres) du côté des collatéraux, et
deux (une demi-colonne superposée à un pilastre) du côté du
vaisseau-central.
Ce discours peut paraître lourd et dépourvu d'intérêt. Il
est en fait primordial. Car tout notre raisonnement,
sous-tendu par de nombreuses constatations, part de l'idée
qu'un grand nombre de nefs préalablement charpentées ont été
par la suite voûtées. Le voûtement n'a été possible que
grâce à l'ajout de doubleaux pour soutenir les voûtes, mais
cet ajout n'a été possible que grâce à l'ajout de pilastres
adossés aux piliers. Donc les saillies citées plus haut
constituent un indicateur important. Le fait d'avoir deux
saillies au lieu d'une signifie que le maître d'oeuvre a
voulu réduire la portée des voûtes.
Par ailleurs, nous pensons que la forme de la saillie a
aussi son importance : la forme rectangulaire correspond à
un pilastre adossé ; la forme demi-circulaire correspond à
une demi-colonne. Selon nous, la seconde forme serait
postérieure à la première.
Venons en maintenant à l'interprétation dans le cas de la
collégiale Saint-Pierre. La nef primitive devait être
charpentée. Les piliers devaient être de type R0000.
Ils étaient reliés entre eux par des arcs simples posés sur
des impostes (et non des chapiteaux). Ultérieurement, on a
décidé de la voûter en commençant par les collatéraux, puis,
dans une autre campagne de travaux, le vaisseau central.
D'autres observations vont dans le sens
de cette analyse. Il y a d'abord l'absence de fenêtres
supérieures (image 17).
Cela signifie que les constructeurs ont privilégié la
construction de la voûte à l'éclairement de la nef. Ce qui
n'aurait pas été le cas si la construction avait été faite
d'un seul tenant : les maîtres d’œuvre auraient prévu les
deux priorités : voûtes et fenêtres supérieures.
On découvre aussi la présence d'impostes sur les piliers.
Nous estimons que le système des impostes a précédé le
système des chapiteaux-tailloirs. Et sur l'image
17, on
note bien cette présence d'impostes, simplement moulurées, à
chanfrein tourné vers l'intrados. Sauf que! ... à l'extrême
gauche, ce n'est pas une imposte, mais le système
chapiteau-tailloir ! Et qui plus est, le pilier n'est pas de
type R0202 mais R1111 ! Problème ? Non
! pas de problème ! Le pilier concerné n'est pas un pilier
de la nef mais de l'ouvrage Ouest (plan de l'image
12 , images 7
et 8). Extérieurement, cet ouvrage Ouest
apparaissait la partie la plus ancienne de l'édifice. On
réalise à présent que la structure de la nef pourrait être
plus ancienne encore.
Dernière observation : le plan de l'image
12 montre que la largeur du transept correspond à
celle d'une travée de nef. De plus, les entrées Nord et Sud
du déambulatoire du chœur sont dans l'alignement des
collatéraux. Nous envisageons la situation suivante :
l'église primitive était constituée d'une nef à trois
vaisseaux (les trois vaisseaux actuels), avec trois absides
dans le prolongement de ces trois vaisseaux. Dans un premier
temps, on aurait créé un transept en remplaçant la travée la
plus proche du chœur par ce transept. Dans un deuxième
temps, on aurait remplacé les trois absides, considérées
comme trop petites, pour les remplacer par la grande abside
à déambulatoire. Bien sûr tout cela doit être vérifié.
Notons aussi sur ce plan la présence entre la grande abside
à déambulatoire et les deux absidioles greffées sur le
transept de deux petites pièces symétriques. Ce sont les
vues en coupe des deux escaliers en colimaçon permettant
d'accéder aux étages supérieurs (la petite tour polygonale
ajourée surmontée d'un toit conique à l'angle de l'abside et
du transept). Nous avons le même type d'escalier à
Beaulieu-sur-Dordogne. Dans cette église, l'entrée de ces
escaliers est protégée par de magnifiques linteaux en
bâtière que nous estimons nettement antérieurs à l'an mille.
Nous donnons un aperçu des chapiteaux de cette église. Pour
certains d'entre eux, le thème, que nous n'arrivons pas à
interpréter, est vu pour la première fois (images
22 et 23).
Placée à l'entrée de la nef (image
13) une cuve baptismale suscite notre attention (images 25, 26, 27).
D'abord par ses dimensions et la qualité de la sculpture. On
y voit sur la face avant (image
26), deux lions adossés. Deux autres lions sont
disposés sur les côtés (image
27). Les têtes des lions se réunissent deux à deux
dans les angles. L'image est classique dans les arts
préroman et roman. Les lions sont à queue feuillue. Mais ici
c'est un peu différent de ce que l'on voit d'habitude (la
queue passe sous le corps de l'animal pour remonter le long
du corps) car la queue part directement de l'arrière-train
de l'animal. Cette représentation pourrait donc être plus
ancienne que celles précédemment citées.
Mais la principale raison de notre intérêt pour cette cuve
monolithe est sa forme, rectangulaire en premier plan,
demi-circulaire après. Une forme très originale que nous
découvrons pour la première fois. Mais à travers laquelle
nous retrouvons la symbolique chrétienne, une symbolique que
nous ne découvrons pas tout à fait dans la plupart des
formes censées servir à l'usage du baptême. Qu'est-ce en
effet que le baptême ? Du moins tel qu'il est conçu
actuellement. C'est un rite de passage. Le passage de
l'impétrant d'une zone inférieure à une zone supérieure, de
la Terre au Ciel. Or ici, la Terre, on la voit à sa forme
carrée. Et le Ciel, à sa forme circulaire. Mais; ce qu'il
faut bien comprendre, c'est qu'il y a interpénétration entre
les deux. On peut accéder dans le Ciel en restant sur Terre.
On peut, quand on est dans le Ciel, descendre sur Terre.
C'est sans doute pour expliquer cela que la Terre est sous
la forme d'un demi-carré et le Ciel sous la forme d'un
demi-disque. Probablement, le futur baptisé devait descendre
dans la cuve du côté de la Terre et remonter, une fois
baptisé, du côté du Ciel. Autre remarque : nous avions
auparavant envisagé que les lions devaient représenter les
puissances temporelles censées protéger mais aussi diriger
les humains. L'hypothèse semble se confirmer : les lions
apparaissent comme des gardiens pour deux des quatre coins
du monde.
Datation envisagée
Pour la nef primitive de la collégiale Saint-Pierre du Dorat
: an 750 avec un écart de 150 ans.
Pour le transept de la collégiale Saint-Pierre du Dorat : an
900 avec un écart de 150 ans.
Pour le chevet à déambulatoire de la collégiale Saint-Pierre
du Dorat : an 1100 avec un écart de 75 ans.
Pour le voûtement de la nef de la collégiale Saint-Pierre du
Dorat : an 1125 avec un écart de 75 ans.
Cette église a été visitée récemment
(en septembre 2020) par Alain et Anne-Marie Le Stang. Les
photographies ci-dessus (images
de 28 à 36) ont été prises lors de cette visite
Nous sommes très démunis en ce qui la concerne. La page du
site Internet Wikipedia qui la décrit est très peu prolixe.
La seule indication de datation est le
XIIesiècle. Ce qui ne veut pratiquement rien dire
vu que la plus grande partie de l'église est gothique (images 33, 34 et 35) et
que les éléments caractéristiques de la période romane
n'apparaissent pas immédiatement.
En fait, le seul élément attribuable au XIIesiècle
semble être le clocher (images
29 et 30) . On y distingue cinq étages tous de
styles différents (l'un d'entre eux est à arcatures
lombardes). Il nous semble impossible qu'il ait pu y avoir
cinq campagnes de travaux différentes en un seul siècle. En
conséquence, nous estimons que, même si une partie du
clocher date du XIIesiècle, l'ensemble est
l’œuvre de plusieurs siècles.
Nous remarquons la présence à proximité de l'église d'un
pierre tombale (image 31)
que nous datons du Moyen-Âge (deuxième millénaire ) et de
deux sarcophages à logette céphalique (image
32) que nous datons du Haut-Moyen-Âge (an 550 avec
un écart de 150 ans). La présence de ces sarcophages
témoigne de l'ancienneté du lieu mais ne présume pas sur
l'ancienneté de l'église.
L'image 33 de
l'intérieur de l'église révèle un chœur gothique (image
34). Mais on remarque, sur cette image
33, à l'extrême gauche et à l'extrême droite, deux
piliers portant des impostes et supportant des arcs. Ces
piliers pourraient être les restes des piliers d'une nef à
trois vaisseaux préromane. On retrouve ces piliers à imposte
sur les images 35 et 36.
Il y a là une piste à creuser. Cependant, nous
n'avons pas suffisamment d'arguments pour développer une
théorie et retrouver le plan de l'église primitive. Il nous
faudrait en particulier disposer d'un plan très précis de
l'église actuelle.
Datation envisagée
En conséquence, nous ne pouvons proposer que
difficilement une datation de la collégiale Saint-Étienne
d'Eymoutiers : an 1100 avec un écart supérieur à 200 ans.
L'église Saint-Maurice de Bussière-Poitevine
La plupart des images de 38 à 45 nous ont été apportées par Clive Kenyon qui a visité et photographié cette église.
La page du site Internet Wikipédia décrivant cette église nous apprend ceci :
« L’église aurait été construite en deux temps : le chevet et le transept à l’époque romane, la nef entre 1170 et 1180 au XIIe siècle. L’état des pierres montre qu’il y a eu un incendie notamment au cours de la Révolution. »
Commentaires divers
À première vue, cette église semble dépourvue d'intérêt. On y voit certes de beaux modillons sculptés, mais ils n'appartiennent pas à la période que nous étudions. Et si on devait se fier au seul texte écrit ci-dessus, toute l'église serait du deuxième millénaire (par sa définition même, l'art roman a été élaboré aux XIe et XIIe siècles).
Pour l'auteur de ce texte, la construction se serait effectuée en deux étapes : d'abord le transept et le chevet, puis la nef. Nous ne savons pas comment il détermine que cette nef a été construite entre 1170 et 1180 mais, par expérience, nous savons que de telles dates sont totalement arbitraires, la plupart s'inspirant de documents non liés à la construction de l'édifice.
Cela étant, il a probablement raison quand il affirme que le chevet et le transept ont été construits durant la période romane. Les principales caractéristiques de cet ouvrage – transept haut et débordant (images 38 et 41), absidioles greffées sur le transept (images 39 et 40) – font partie, selon nous, des innovations postérieures à l 'an mille.
Mais c'est surtout la nef qui nous intéresse. En effet, nous avons souvent constaté que, pour des églises anciennes qui n'avaient pas de transept, la nef avait été conservée et on avait mis à la place du chevet, un ensemble transept, avant-chœur, chœur et absidoles.
La question se pose donc de savoir si, contrairement au texte ci-dessus, la nef est plus ancienne que le transept et le chevet.
A priori ce n'est pas le cas. Car nous avons aussi constaté qu'antérieurement à l'an mille, pratiquement toutes les églises de la même taille que celle-ci contenaient des nefs à trois vaisseaux. Et ici la nef est à un seul vaisseau !
Mais examinons de plus près cette nef (images 43 et 44). On voit de grandes arcades sur les murs. La présence d'arcades plaquées sur les murs latéraux dans une nef unique peut se justifier dans deux cas particuliers :
Premier cas : si la nef est voûtée et porte un toit à deux pentes, il faut que le haut des murs soit suffisamment large pour pouvoir supporter à la fois la retombée des voûtes et les poutres du toit. Il existe aussi une autre raison : compenser la poussée latérale des voûtes en augmentant la masse des murs.
Deuxième cas : Nous avons constaté que des nefs qui étaient à l'origine à trois vaisseaux charpentés ont été par la suite transformées en nefs uniques par suppression des collatéraux. Dans ce cas, les baies à arcades qui permettaient d'accéder aux collatéraux ont été murées. Et souvent, en particulier si, par la suite, la nef a été voûtée, comme c'est le cas ici, les murs ont été doublés par un autre mur, extérieurement ou intérieurement.
De ces deux cas particuliers, quel pourrait être le bon concernant cette église ?
Il nous semble que si on se situe dans le premier cas, c'est-à-dire si on accepte l'idée que dès l'origine, elle a été conçue pour être à nef unique voûtée avec des murs à arcades, l'architecte n'a pas imaginé de placer les arcades côté intérieur, comme c'est le cas ici, mais côté extérieur. C'est d'ailleurs ce qui se passe pour les arcatures lombardes qui sont accolées sur les murs côté extérieur.
Il y a donc comparativement plus de chances que cette église ait eu primitivement une nef à trois vaisseaux transformée ultérieurement en une nef à un vaisseau.
La cuve du sarcophage de l'image 45 porte un décor d'arcades (selon nous, ce décor a un sens symbolique). Nous n'avons malheureusement pas d'image du couvercle qui porterait des dessins significatifs.
Datation
envisagée pour l'église Saint-Maurice de
Bussière-Poitevine : an 850 avec un écart de 150 ans.