Édifices de Maine-et-Loire susceptibles de dater du premier millénaire 

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Nous n’avons trouvé que très peu de renseignements sur les églises romanes (dont certaines sont peut-être préromanes) du Maine-et-Loire. Il existait un grand nombre d ‘églises romanes à Angers, mais hormis Saint-Martin, et peut-être, Saint-Samson (image 13), toutes ont disparu. L’abbaye de Fontevraud est typiquement romane (XIe-XIIesiècle) et nous n’y voyons pas d’élément susceptible d’appartenir au Premier Millénaire. Le seul groupe cohérent d’églises romanes dont certaines pourraient être antérieures à l’an 1000 est présent sur les bords de la Loire, près de l’abbaye de Cunault.


Le château d’Angers : voir la page.


L’église Saint-Martin d’Angers : voir la page.


L’église prieurale Notre-Dame de Cunault à Chênehutte-Trèves-Cunault

A première vue, cette église ne semblait pas devoir faire l’objet d’une étude sur notre site. Tant à l’extérieur (image 1) qu’à l’intérieur (image 2), les arcs sont brisés. Sur l'image 2, on voit même que les voûtes sont de type « angevin », sur croisées d’ogives. On sait que la croisée d’ogives caractérise l’art gothique. Quant aux chapiteaux
(image 3), ils seraient plutôt de style roman. On est donc dans une période de transition entre le roman et le gothique. Nous situerions donc cet édifice dans le douxième siècle. Plutôt la seconde moitié du XIIesiècle. Voire même le début du XIIIesiècle.


La cause semble donc entendue : cet édifice est du XIIesiècle.

Il existe néanmoins un petit problème : le clocher. Lui, il semble roman. Constatons en effet que tous les arcs sont en plein cintre et ce, jusqu’au dernier étage avant la flèche. On découvre sur les deux derniers étages un décor de marqueterie de pierre (image 6), décor assez présent dans le premier art roman, inexistant dans le gothique. La frise située sous les grands arcs richement décorés est dotée d’un bandeau de billettes sous lequel ont été placées des plaques rectangulaires (voir les images 7 et 8).


Ces plaques rectangulaires qui ornent un clocher, on a eu l’occasion de les rencontrer dans des endroits très éloignés les unes des autres comme à Saint-Restitut dans la Drôme, ou Andlau en Alsace. Dans ces deux endroits, le caractère primitif des représentations conduit à envisager une datation aux alentours de l’an 1000 (plutôt antérieure à l’an 1000). Le clocher de Cunault pourrait donc lui aussi dater des environs de l’an 1000.

Il existe une autre raison permettant d’envisager une telle datation. Observons l'image 5 : le clocher traverse le toit ! Plus exactement, sachant qu’on est en présence d’un toit à double pente, le clocher traverse la pente Nord du toit.

Il s’agit là d’une véritable anomalie. En règle générale, les clochers sont soit installés hors des églises, soit sur la façade occidentale (il y en a deux de part et d’autre de l’entrée), soit à la croisée du transept. Mais pas à côté de celle-ci. D’ailleurs, pour qu’il y ait une croisée de transept, il faut qu’il y ait un transept. Or ici, il ne semble pas que ce soit le cas.


Notre hypothèse est la suivante : le clocher que l’on voit ici existait avant l’église du XIIesiècle. Il existait une église avant l’actuelle et le clocher appartenait à cette église. C’était même peut-être le clocher de la croisée de transept de cette église. Et le grand arc que l’on voit sur l'image 9 était un arc de croisée. Il nous semble que le mur que l’on voit au-dessous de cet arc, fait de pierres dépareillées, à été érigé là pour combler un espace vide. Si, par la pensée, on fait abstraction de ce mur, on se trouve en présence de la partie Nord d’une croisée de transept. Il faudrait vérifier (ce que nous n’avions pas songé à faire durant la prise de vues) si, à l’intérieur de l’église, on retrouve les parties Est, Sud et Ouest d’une croisée de transept. Ce qui permettrait de confirmer l’hypothèse.

Notons que le grand arc de l'image 9 est légèrement outrepassé. Il serait analogue à celui du Moutier-d’Ahun que nous estimons de peu antérieur à l’an 1000.

Les chapiteaux qui soutiennent cet arc (images 10 et 11) ont eux aussi un aspect relativement archaïque (rosaces, entrelacs). De même pour la pierre insérée dans la maçonnerie (image 12).

En résumé, si l’église semble dater de la fin du XIIesiècle (an 1200 avec un écart estimé de 30 ans), le clocher pourrait être nettement antérieur (an 1000 avec un écart estimé de 50 ans).




L’église Saint-Aubin de Trèves-Cunault

Il existe trois autres églises romanes dans les environs de l’abbaye de Cunault. Nous pensons que celle dédiée à Saint Aubin est représentée sur les images 15 et 16 .

On y voit une église à nef à trois vaisseaux. Les murs gouttereaux du vaisseau principal sont portés par des colonnes cylindriques (non monolithes). Les arcs entre les colonnes sont simples. Selon nos critères, une telle nef devrait dater au maximum du VIIIesiècle. Cependant, il faut noter que cette nef est voûtée et que le voûtement, en berceau simple, semble être contemporain de la construction. Un voûtement qui doit être antérieur à l’an 1000. Mais postérieur à l’an 800. On est donc un peu partagé par ce mélange de solutions archaïques et novatrices. L’estimation de datation est la suivante : an 900 avec un écart estimé de 150 ans.


Église Saint-Aubin du Lion-d’Angers

Cette église nous a été indiquée comme étant préromane. Nous n’avons pas pu la visiter lors de notre passage dans cette ville. Le portail décoré d’une marqueterie de pierres fait envisager une datation de peu inférieure à l’an 1000 (images 17 et 18 ci-dessus).




Église Saint-Macé de Trèves-Cunault

Il n’est possible de visiter cette église que lors des Journées du Patrimoine. Les images suivantes, de 19 à 24, ont été trouvées sur Internet. Et il est difficile, à partir de ces images, de retrouver l’histoire de cet édifice. On doit seulement envisager que le porche à deux arcades adossé à la façade Nord (image 21) n’est pas contemporain de cette façade. Les deux volumes sont en effet bien distincts. Le porche est-il antérieur ou postérieur à l’église attenante? La logique serait qu’il soit postérieur. Cependant, le problème semble plus complexe. En effet,, la présence d’un pilier à l’extrême gauche du porche, présence inexplicable pour un porche à deux arcades, amène à penser qu’il n’y avait pas primitivement deux arcades, mais trois, et peut-être même quatre, si on tient compte qu'à droite, le pilier apparaît inachevé. Ce porche pourrait donc témoigner de la présence d’une construction plus importante : un cloître ? mais pourquoi serait-il plus grand que l’église ? le bas-côté d’une basilique ? Une basilique qui serait donc plus ancienne que l’église en arrière-plan ? Notons enfin que les arcs de ce porche sont nettement outrepassés.


Il conviendrait aussi d’effectuer un examen détaillé des fresques (images 22, 23, 24). Sur l’image 24, les profils des personnages font penser à une œuvre du XVe siècle, alors que les objets ou maisons placés au-dessus des arcades font référence à certaines miniatures du Xe siècle.



Crypte de l’abbatiale de Saint-Florent à Saint-Hilaire-Saint-Florent

Les trois images de cette crypte, trouvées sur Internet et que nous reproduisons ci-dessous, ne permettent pas d’estimer sa datation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire (et que l’on a longtemps cru), une crypte n’est pas forcément l’endroit le plus ancien d’une église. En effet, une crypte peut être installée à l’intérieur d’un édifice déjà construit. Un peu comme un entresol ou une mezzanine. On appelle cela une « confession ». Il semblerait que beaucoup de confessions ont été construites aux alentours de l’an mille. En ce qui concerne Saint-Florent, un examen des chapiteaux pourrait peut-être permettre de préciser les datations. Cependant, nous ne parions pas sur une grande ancienneté : an 1100 avec un écart estimé de 50 ans.