Autres églises de l’Hérault susceptibles de dater du 1er Millénaire : Page 1/6 

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Cette page référencie les 10 édifices suivants : Assas : Église paroissiale Saint-Martial, Aumelas : Église du hameau, Aumelas : Chapelle du château, Aumelas : Chapelle Saint-Martin-du-Cardonnet, Baillargues : Église Saint-Julien, Beaulieu : Église Notre-Dame, Boussagues : Église paroissiale, Brissac : Église paroissiale, Buzignargues : Église Saint-Étienne, Cabrials : Église paroissiale.

Il est très difficile d ‘évaluer quel était, aux alentours de l’an mille, le partage du territoire occupé par l’actuel département de l’Hérault. En effet, outre des découpages purement géographiques, il devait subsister des découpages claniques en relation avec les peuples ayant vécu sur ces territoires : les gallo-romains étaient soumis à la loi latine, les wisigoths à la loi des goths, les francs à la loi des francs. Ainsi, dans le territoire de Béziers, l’évêque pouvait avoir des possessions personnelles. Mais d’autres possessions pouvaient appartenir au chapitre de la Cathédrale… ou à des membres du chapitre … ou à un comte wisigoth … ou à un comte franc. Sur son territoire l’évêque pouvait exercer une juridiction … mais seulement vis-à-vis des peuples de culture latine.

Et donc, sur ce territoire de Béziers ou à plus forte raison sur tout le territoire de l’Hérault, ont dû coexister des édifices religieux différents construits par des peuples différents (latins, wisigoths, francs). C’est ce qui se passe actuellement au Liban, voire même en France, où l’on peut voir assemblés dans une même ville des édifices chrétiens, protestants, juifs ou musulmans.

A cela s’ajoute le fait que sur une période de 800 ans (de l’an 400 à l’an 1200), beaucoup de changements ont pu se produire au sein d’un même groupe culturel.

Repérer les ressemblances ou les différences entre les formes architecturales et les attribuer à une période ou à un groupe bien déterminés relève donc de la gageure. C’est pourtant ce que nous essayons de faire sur ce site.

Au fur et à mesure de la rédaction des pages (plus d’une centaine déjà rédigées et au moins une autre centaine en préparation), les indices s’accumulent et nos convictions initiales s’étoffent : l’hypothèse selon laquelle il n’existerait plus de monument antérieur à l’an mille relèverait de la légende. Voire même d’une volonté délibérée de tirer un trait sur le passé.

En conséquence, nous estimons que le panneau indicatif si fréquent sur nos routes de France marquant la présence d’une « Église Romane du XIIesiècle » est faux dans plus de 80% des cas.

Une telle affirmation ne peut constituer une preuve. Et une fois cette affirmation posée, le plus dur reste à faire : dater l’édifice.

Les six pages suivantes sont intitulées : « Autres églises de l’Hérault susceptibles de dater du Premier Millénaire ».

La datation de ces églises est très délicate. Presque tous ces édifices sont à nef unique et pour la plupart d’entre eux, nous n’avons pu visiter l’intérieur. Par ailleurs ces églises sont presque totalement dépourvues d’ornementation sculptée.

Cependant on peut raisonnablement envisager que ces églises ont été construites entre l’an 750 et l’an 1150. Et que le tiers au moins de ces églises est antérieur à l’an 1000.


Assas : Église paroissiale Saint-Martial

Nous n’avons pu visiter l’intérieur de cette église à nef unique et abside semi-circulaire (le cas est fréquent à l’Est du fleuve Hérault : image 1).

Le tympan du portail (image 2) est orné d’une sorte de résille. Cette résille semble très restaurée. Cependant il est fort probable qu’il y ait eu, à l’origine, le même type de résille. Ce qui témoignerait d’une très grande originalité dans l’art roman. Car habituellement les tympans romans sont historiés. On pourrait donc être en présence d’un tympan préroman. Nous envisageons qu’il y ait eu une période « iconoclaste » en Occident comme il y en a eu chez les chrétiens d’Orient. On constate, en effet, qu'à un moment donné, toute représentation figurative semble disparaître au profit de décors géométriques ou de feuillages.

Le chapiteau de l'image 3 semble lui aussi préroman. Il s’apparente aux chapiteaux de Saint-Pierre de Lespignan et de Saint-Félix de Bayssan. Par ailleurs on retrouve la forme de V dont les branches se terminent en volute à Saint-Papoul (11).


Aumelas : Église du hameau

On constate tout d’abord que cette église se termine par un chevet plat. A l’intérieur chaque travée est voûtée d’arêtes sur doubleaux brisés. A première vue, on pourrait penser que l’église est gothique, mais on remarque que les doubleaux brisés, finement moulurés, sont portés par de simples pilastres à section rectangulaire. Manifestement la voûte a été posée sur des pilastres préexistants (image 6). Datation envisagée : contemporaine ou inférieure à l’an mille.


Aumelas : Chapelle du château

Cette chapelle (images 7 à 9) est très ruinée. Elle pourrait dater du XIesiècle (présence de grandes fenêtres sur le côté Nord).


Aumelas : Chapelle Saint-Martin-du-Cardonnet

La chapelle Saint-Martin-du-Cardonnet est isolée en pleine garrigue. C’est une église à nef unique et abside semi-circulaire (le cas est fréquent à l’Est du fleuve Hérault). La nef est voûtée en berceau sur doubleaux plein cintre (image 13). Ce type de voûtement caractériserait une première période dans l’art roman. Le fait que les doubleaux soient supportés par des impostes rectangulaires (image 15), et non par des chapiteaux surmontés par des tailloirs, fait encore remonter la datation à une période de peu antérieure à l’an mille. Cependant, il est possible que le modèle créé avant l’an 1000 ait été recopié durant les siècles suivants.



Baillargues : Église Saint-Julien

Nous n’avons pu visiter l’intérieur de cette église. La façade Ouest (image 16) semble ne pas présenter un intérêt particulier. Par contre, la façade Sud (image 17) montre un ensemble très dégradé qui pourrait être un précurseur des arcatures lombardes. On voit en effet à l’extrême droite un arc reposant simultanément sur une console (à droite) et sur un chapiteau soutenu par une colonne cylindrique (à gauche). L’alternance console-chapiteau se poursuit vers la gauche conformément au rythme des arcatures lombardes. Les chapiteaux (image 18), à forme particulière (base demi-circulaire et surface adossée à la paroi aplatie), présentent un décor lui aussi très particulier (protomes de taureaux crachant des feuillages). Ces représentations de taureaux n’existent pratiquement pas dans l’art roman mais elles ont leurs équivalents dans l’antiquité (culte de Mithra). On peut donc envisager pour ces arcatures lombardes une datation inférieure à l’an 1000 (an 800 avec un écart estimé de 150 ans). En conséquence, le mur en dessous serait lui aussi antérieur à l’an mille.


Beaulieu : Église Notre-Dame

Nous n’avons pu visiter l’intérieur de cette église, à nef unique et abside semi-circulaire (le cas est fréquent à l’Est du fleuve Hérault). Donc peu de choses à dire hormis le fait que les ouvertures sont très étroites (inexistantes côté Nord). La forme de ces baies fait envisager une datation aux alentours de l’an mille. Mais ce, sans argument déterminant.


Boussagues : Église paroissiale

Nous n’avons pu visiter l’intérieur de cette église, à nef unique et abside semi-circulaire. Son chevet, bien que déjà élevé, a été surélevé. D’après la maçonnerie, la nef semble avoir été reprise à l’époque moderne.


Brissac : Église paroissiale

Le plan de l’église de Brissac (image 28) montre une nef unique allongée de trois travées. Il n’existe pas d’avant-chœur à plan rectangulaire. Ces éléments caractéristiques font envisager une datation antérieure au XIesiècle. Mais il faudrait effectuer une analyse plus détaillée de l’édifice.



Buzignargues : Église Saint-Étienne

Nous n’avons pu visiter l’intérieur de cette église, à nef unique et abside semi-circulaire (images 25 et 26). La façade Sud est manifestement romane. Par contre, la façade Ouest a été très probablement restaurée au XIXesiècle. Il est possible que la restauration ait imité la façade antérieure.


Cabrials : Église paroissiale

Comme pour Brissac, le plan de Cabrials est celui d’une nef unique allongée, terminée par un chevet semi-circulaire. On a pu visiter l’intérieur de cette église (image 30) mais cela ne nous apprend pas grand-chose. Seuls détails permettant d’envisager une haute datation : l’abside était autrefois éclairée par une seule étroite fenêtre. On ne retrouve pas cette fenêtre à l’extérieur (image 29), preuve que ce mur extérieur a été repris. Autre détail, toujours sur l'image 29 : les arcs doubleaux sont portés par des impostes et non des chapiteaux. Datation envisagée : aux alentours de l’an mille mais avec un écart estimé de plusieurs siècles.