Les églises à arcatures lombardes de l’Hérault
Cette page répertorie les 13 édifices
suivants : Argelliers :
Église Saint-Étienne, Brissac
: Saint-Nazaire, Cazedarnes
: Sainte-Marie-de-Fontcaude, Cesseras
: Église Saint-Germain, Colombiers
: Saint-Sylvestre-et-Sainte-Colombe, La
Roque : Saint-Jean-Baptiste, Puissalicon
: Saint-Étienne-de-Pédan, Saint-Guilhem-le-Désert
: Abbatiale, Saint-André-de-Buèges
: Église paroissiale, Saint-Jean-de-Buèges
: Église paroissiale, Saint-Jean-de-la-Blaquière
: Église paroissiale, Saint-Julien-d’Olargues
: Prieuré Saint-Julien, Valergues
: Église Sainte-Agathe.
Rappelons que la décoration dite « à arcatures lombardes »
est très fréquente dans l’art roman. S’agit-il d’ailleurs
seulement d’une décoration ? Ne serait-ce pas plutôt une
technique de construction permettant d’épaissir et de
renforcer le faîte des murs ou la bordure d’un toit ? Ou
dans le cas d’un clocher comme celui ci-dessous de
Saint-Étienne-de-Pédan de permettre un chaînage des
bâtiments ?
Toujours est-il que le grand nombre d'édifices construits
fait envisager que ce type de construction s’est effectué
sur plusieurs siècles. Du Xesiècle
(Abbatiales de Saint-Guilhem-le-Désert ou de Tournus) au XIIIesiècle (cathédrale de Fidenza en Italie).
L’identification d’un de ces édifices à une époque
déterminée est délicate. Nous essaierons de la réaliser pour
les édifices suivants.
Argelliers
: Église Saint-Étienne.
Brissac : Saint-Nazaire.
Cazedarnes :
Sainte-Marie-de-Fontcaude.
Cesseras : Église Saint-Germain.
Seul le chevet de cette église (image
1) est à arcatures lombardes. Remarquons que
l’édifice est pourvu d’une ornementation polychrome :
incrustations de basalte au-dessus des fenêtres, tympan de
la porte d’entrée en damier (image
2). Mais ce qui, pour nous, est le plus
indicateur d’une ancienneté est le fait que l’abside demi-
circulaire n’est pas pourvue d’un avant-chœur rectangulaire
et qu’elle est percée d’une unique fenêtre très étroite. De
plus, cette fenêtre est surmontée d’un linteau monolithe
arrondi (image 3).
Tous ces petits détails nous amènent à penser que cette
église est de peu antérieure à l’an 1000.
Colombiers
: Saint-Sylvestre-et-Sainte-Colombe (Sur ce site,
une page est
consacrée à cet édifice).
La Roque :
Saint-Jean-Baptiste.
Puissalicon
: Tour Saint-Étienne-de-Pédan
Saint-Étienne-de-Pédan est une tour isolée, seul reste de
l’église d’un village aujourd’hui disparu. Les images
4, 5 et 6 ci-dessus permettent d’apprécier la
qualité de l’ornementation. Cette décoration s’exprime sous
beaucoup de formes : polychrome (cordons de basalte,
voussoirs alternativement noirs et blancs), série
d’arcatures, supports sculptés de têtes humaines, cordon en
dents d’engrenage. Nous estimons que cette tour a été
construite aux alentours de l’an 1000.
Saint-Guilhem-le-Désert
: Abbatiale (Sur ce site, une page
est consacrée à cet édifice).
Saint-André-de-Buèges
: Église paroissiale. Voir les
images 7,8,9 ci-dessus.
Saint-Jean-de-Buèges
: Église paroissiale
Concernant les deux églises voisines de
Saint-André-de-Buèges et Saint-Jean-de-Buèges, la décoration
d’arcatures lombardes semble plus tardive (pas de cordon en
dents d’engrenage, pas de décoration polychrome, présence
d’un avant-chœur rectangulaire). Cependant l’absence de
décor aux fenêtres (image
8) et aux portes
(images 9 et 12)
contredit ce point de vue. On est donc dans l’expectative
(XIesiècle?). Une visite de l’intérieur de
ces édifices pourrait peut-être permettre de répondre à ces
interrogations.
Saint-Jean-de-la-Blaquière
: Église paroissiale
Les arcatures lombardes sont aussi présentes sur les murs du
chevet et de la nef de cette église. On peut avoir au-dessus
de ces arcatures un double cordon de « dents d’engrenage ».
La datation estimée est le XIe- XIIesiècle.
Il est possible que les 3 belles fenêtres de l’abside aient
été percées ultérieurement à la construction initiale. C’est
en tout cas ce qu’on peut envisager en observant sur l'image 13 les reprises
de maçonnerie au voisinage de l’une d’entre elles.
Saint-Julien-d’Olargues
: Prieuré Saint-Julien
On a toujours des arcatures lombardes mais elles ne sont pas
surmontées d’un cordon en « dents d’engrenage » (image
16). Par contre, on retrouve une polychromie qui
se manifeste aussi sur le tympan du portail d’entrée (image 18). La nef,
probablement construite après le chœur, n’est pas décorée
d’arcatures lombardes (image
17) ; Il n’existe pas d’avant-chœur
rectangulaire. Ce type d’église pourrait être antérieur à
celui de l’église précédente (Saint-Jean-de-la-Blaquière ;
arcatures lombardes et dents d’engrenage) mais il faudrait
faire de nombreuses autres vérifications pour s’en assurer.
Valergues
: Église Sainte-Agathe
L’église de Valergues est aussi décorée d’arcatures
lombardes. On remarque néanmoins à partir de l'image
19 que cette église semble un peu différente des
précédentes par la taille des pierres. Pour celle-ci en
effet la taille des pierres est très régulière. Comme si
elles avaient été sciées. Alors que, dans le cas des
précédentes, les pierres apparaissent bosselées
grossièrement équarries. Les murs latéraux (image
20) sont eux aussi décorés d’arcatures lombardes.
Mais ces arcatures sont différentes de celles de l’abside (
image 19). Dans
celle-ci en effet les pilastres (ou lésènes) séparant les
panneaux sont à plan rectangulaire. Et il y a une lésène
tous les deux arcs. Pour les arcatures des murs latéraux,
les lésènes , demi-cylindriques, sont reproduites tous les
trois arcs. Dans ce dernier cas, l’arcature lombarde
pourrait avoir été construite au XIIIesiècle :
la colonnette cylindrique adossée au mur caractérise une
époque gothique .
L'image 21 montre
un détail de l'image 20. Face
à cette image 21,
nous devons avouer notre totale incompréhension. Regardons
la de plus près. On peut voir à l’extrême gauche un morceau
de lésène, une lésène qui se reproduit à l’identique tous
les trois arcs. Et c’est bien se qui se passe : trois arcs
après, la lésène est reproduite. Mais elle est coupée par la
fenêtre. On en retrouve les bouts en dessus et au dessous de
la fenêtre. La fenêtre a coupé la lésène ! Donc le percement
de la fenêtre est postérieur à la pose de l’arcature
lombarde. C’est logique !
Regardons à présent de plus près la fenêtre. Elle est
surmonté par un arc. Mais les parties supérieures de cet
arc, endommagées, ont été remplacées par des pierres
d’aspect différent. Et sur ces pierres est posée l’arcature
lombarde. Donc la pose de l’arcature lombarde est
postérieure à la pose de la fenêtre. C’est tout aussi
logique !
Comment gérer ces logiques contradictoires? Nous n’y sommes
pas arrivés.