Autres églises des Bouches-du-Rhône (page 1/4)
Cette page étudie les cinq édifices suivants : Boulbon
(Chapelle Saint-Marcellin), Boulbon
(Chapelle Saint-Julien), Cabannes
(Chapelle Saint-Michel), Fontvieille
(Chapelle Saint-Jean-du-Grès), Fos-sur-Mer
(Église Saint-Sauveur).
La
chapelle Saint-Marcellin de Boulbon
Cette chapelle dont nous n’avons pas eu l’occasion de
visiter l’intérieur présente quelques éléments susceptibles
d’être intéressants.
Il y a tout d’abord le portail situé côté Sud (image
2). Ce n’est probablement pas le portail tel
qu’il était primitivement. Il manque en effet les deux
colonnes portant chapiteaux (une colonne de chaque côté)
situées sous l’archivolte du milieu.
L'archivolte extérieure est ornée d’un décor en forme d’arcs
demi-circulaires (image
3). Ce décor fait penser aux arcs polylobés
rencontrés principalement en Espagne mais parfois en France,
à Loupian dans l’Hérault, ou au Puy-en-Velay, en
Haute-Loire.
La corniche (image 4)
est quant à elle décorée de damiers et de rouelles.
Il nous faut cependant émettre quelques réserves. La taille
de certaines pierres semble relativement fraîche. Il est
possible qu’une partie du décor, voire même sa totalité,
date du XIXesiècle.
Le plan (image 5)
est celui d’une église à nef unique, actuellement pourvue
d’un transept qui n’existait peut-être pas à l’origine. Le
plan permet de déceler la présence de pilastres triplés
permettant d’envisager l’existence de puissants doubleaux
(en l’occurrence on devrait plutôt parler de « tripleaux »)
soutenant la voûte. Cette disposition fait envisager que
l’église primitive était primitivement charpentée, et
qu’elle a été voûtée ultérieurement. L'image
8 de l’intérieur semble confirmer ce point de vue
: bien que la voûte soit en plein cintre, elle s’appuie sur
des consoles que nous estimons, à première vue, du XIVesiècle.
Ceci étant, on peut difficilement juger à partir de ces
photos très imprécises.
Nous voyons sur l'image 9
que l’hypothèse d’un transept émise à partir de l'image 5 et aussi de l'image 8 ne peut
convenir. La pièce située au Sud dans le prolongement de la
première travée n’est pas un croisillon de transept, mais
une pièce annexe.
Nous rappelons qu’il nous est encore très difficile de dater
une église à nef unique. Nous pensons que certaines de ses
caractéristiques (nef unique, chevet semi-circulaire)
témoignent plus d’une période romane que préromane.
La datation envisagée
est l’an 1050 avec un écart de 100 ans.
Chapelle
Saint-Julien de Boulbon
Nous n’avons pas visité Saint-Julien de Boulbon. Les images
que nous en avons sont extraites d’Internet.
Par son plan (image 12),
cette église s’apparente à la précédente. Néanmoins, les
vues extérieures révèlent quelques surprises par rapport à
l’église Saint-Marcellin.
On a vu en effet que l’église Saint-Marcellin avait été
probablement voûtée, après avoir été préalablement
charpentée. Ce voûtement avait été rendu possible grâce à un
certain nombre de transformations qui avait été effectuées à
l’intérieur de l’édifice (avec cependant des contreforts
placés à l’extérieur).
Or on voit ici à Saint-Julien, à l’extérieur de l’édifice,
sur l'image 10, des
arcs placés entre les contreforts. A priori, ces arcs ne
servent à rien. Par contre, ceux situés à l’intérieur (image 10) servent à
porter la voûte. Si l’église primitive avait été à nef
unique, sans chapelle latérale, les arcs intérieurs auraient
suffi. En conclusion, deux possibilités s’offrent à nous.
Soit l’église primitive était dotée de chapelles latérales
et les arcs que l’on voit protégeaient les ouvertures
d’accès à ces chapelles. Soit l’église primitive était à nef
triple, les arcs ayant la même fonction que précédemment.
Dans chacun des cas, on peut envisager une plus grande
ancienneté de Saint-Julien par rapport à Saint-Marcellin .
Cette ancienneté est confirmée an niveau du chevet
demi-circulaire à l’intérieur, pentagonal à l’extérieur (image 11).
L’unique fenêtre étroite du chevet constitue un autre indice
d’ancienneté.
Enfin, la façade occidentale (image
13) est héritée des modèles paléochrétiens. Dans
cette façade, seule la porte semble détonner, mais on devine
par l’interruption de la frise qui la surmonte qu’elle a
fait l’objet d’une forte restauration.
Dans l’attente d’une analyse plus poussée à l’intérieur et à
l’extérieur, nous proposons la datation
: an 900 avec écart supérieur à 150 ans.
Chapelle
Saint-Michel de Cabannes
De même que la précédente, cette chapelle n’a pas fait
l’objet d’une visite de notre part. À l’extérieur (image
16), l’église semble quelconque. Une visite de
l’intérieur serait plus instructive. D’une part, l’arc
triomphal est d’une grande ampleur. Il serait porté par des
impostes et non des chapiteaux (image
17). La fresque du cul-de four de l’abside nous
semble intéressante. Les visages des personnages font penser
à une œuvre du XVesiècle. On note dans cette
fresque la représentation de la terre avec ses trois
continents, l’Europe, l’Asie et l’Afrique, portée par des
anges. Représentation très symbolique, mais qui invite à
penser que dès cette époque, la représentation sphérique de
la terre devait être admise au plus profond des campagnes.
Datation de Saint-Michel
(en attendant de plus amples informations) : an 1100 avec un
écart de plus de 100 ans.
Chapelle
Saint-Jean-du-Grès de Fontvieille
Là encore, peu de choses à dire sur cette petite chapelle
dont nous n’avons pu visiter l’intérieur. Le livre «
Provence Romane 1 » est cependant plus instructif. Il nous
informe qu’elle est voûtée en plein cintre sans doubleau. Ce
voûtement expliquerait la présence de 4 contreforts
extérieurs plus récents destinés à contrecarrer la poussée
des voûtes.
Assez paradoxalement, l’auteur de la notice du livre «
Provence Romane 1 » nous dit d’abord : « Dressée
au pied des Alpilles, sur le site primitif du village
Saint-Jean-du- Grès, connu par un texte dès le XIesiècle…
» , puis , « cette
église très simple pourrait remonter au XIesiècle.
»
En ce qui nous concerne, nous estimons que si un édifice est
cité au XIesiècle, il pourrait remonter plus
haut que le XIesiècle et non plus bas.
Concernant celui-ci, nous notons d’abord qu’une banquette
visible sur le plan de l'image
19 court tout autour de la nef (mais non autour du
chœur). Des banquettes analogues ont été identifiées dans
des églises à chevet carré et datées, grâce à des monnaies,
du IXeou du Xesiècle.
De plus, le chœur présente la particularité de ne pas
posséder de fenêtre, alors que la nef en a trois. Une telle
disposition est plus qu’étonnante. Nous estimons que dans la
période romane, les chœurs sont éclairés. Si ce n’est pas le
cas, cela signifie que les parois intérieures étaient très
probablement décorées en totalité d’une fresque ou d’une
mosaïque.
Datation estimée :
an 850 avec un écart de 150 ans.
Église
Saint-Sauveur de Fos-sur-Mer
La ville de Fos sur Mer est connue au moins depuis
l’antiquité romaine. C’était un port situé à l’embouchure du
Rhône du nom de Fossae Marianae. Ce devait être un port
aussi important que Ostie (port de la ville de Rome). Il
contrôlait le passage maritime vers la Gaule. Il est
mentionné sur la carte de Peutinger.
De ce port, il ne reste pratiquement rien … ou, au
contraire, tout. Nous pensons en effet (et nous ne sommes
certainement pas les seuls) qu’une bonne partie de ce port
est enfouie sous les alluvions du Rhône et probablement
aussi quelques mètres d’eau de mer. Il faut en effet
envisager que, en dehors des dépôts fluviaux, s’est produit
le phénomène de transgression marine ou montée des eaux
marines depuis la dernière glaciation.
Ce qui reste de la ville de Fos du Moyen-Âge se trouve sur
le plateau de l’église Saint-Sauveur. Les images
22 à 25 ne nous apprennent pas grand-chose sur
cette église et les édifices qui l’entourent. L'image
26 montre des silos et, peut-être, des alignements
de sépultures. L'image 27
est quant à elle plus précise. Les tombes creusées
qu’on y découvre sont des sépultures anthropomorphes à
logette céphalique que l’on date usuellement du VIIeou
VIIIesiècle (an 700 avec un écart de 150 ans).
Les recherches qui s’effectivement actuellement permettront
certainement d’en savoir plus dans quelques années.