Sanctuaire Notre-Dame d’Estibaliz à Vitoria-Gasteiz 

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1. Introduction aux monuments du Pays Basque

Il nous faut tout d’abord avouer que nous avons été surpris de ne trouver que très peu de renseignements sur les monuments concernant le Pays Basque.Le Pays Basque Espagnol est formé de quatre territoires : le Guipúzcoa (capitale : Saint Sébastien), l’Alava (capitale : Vitoria-Gasteiz), la Biscaye (capitale : Bilbao) et la Navarre (capitale Pampelune).

Il faut tout d’abord reconnaître que nous avons déjà étudié une des composantes de ce Pays Basque : la Navarre. Nous n’y avons trouvé que peu de monuments, la plupart étant situés au Sud-Est de ce territoire près du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Mais rien ou presque pour ce qui concerne les trois autres composantes du Pays Basque (Guipúzcoa, Alava, Biscaye) ainsi que pour le Nord-Ouest de la Navarre où un dialecte basque est encore utilisé.


Nous avons vainement cherché sur Internet des édifices susceptibles de dater du premier millénaire.

Cette quasi-absence d’édifices romans ou préromans ne surprend pas les historiens. Les divers documents décrivant le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle décrivent cette région comme pauvre et hostile et le chemin de Saint-Jacques s’efforce de l’éviter.

Cependant, nous pensons que l’absence de monuments, si elle est réelle, révèle un problème. En effet ,nous pensons que tout peuple est en quête d’un absolu. Et que cet absolu se révèle d’un façon ou d’une autre dans les monuments qu’il construit. Nous pensons donc que le peuple basque a construit des édifices à but religieux. Cela peut être des édifices non chrétiens. Ces édifices pouvaient être construits dans un matériau périssable comme le bois. Il est aussi possible que certains de ces édifices existent encore, mais on n’y accorde pas d’attention.



2. Le sanctuaire Notre-Dame d’Estibaliz


C‘est le seul monument du pays basque que nous avons eu l’occasion de visiter. Et encore, comme nous le verrons par la suite, nous ne sommes pas du tout certains qu’il date du premier millénaire.

En effet les images 1, 2 et 3 ne sont pas révélatrices d’une grande ancienneté. Le porche en avancé de la façade Sud (image 3) est manifestement roman. Un art roman probablement tardif si on remarque que le portail est surmonté d’un arc brisé (image 4).

Dans un premier temps, nous avons envisagé que les piédroits soient nettement plus anciens (images 5, 6 et 7). Le costume en forme de robe du personnage de l'image 6 nous conduisait à envisager cette hypothèse. Nous sommes à présent plus réservés. Il est en effet possible que ce costume ait été celui d’un basque au XIIeou au
XIIIesiècle.


L’analyse du chevet nous semble plus intéressante. En effet, on ne voit qu’une seule fenêtre dans ce chevet. Elle se trouve sur l’absidiole Sud (image 8). Par contre, il n’y a pas de fenêtre sur l’abside principale. Ce qui signifie que cette abside n’est pas éclairée. Or l’éclairement des absides est relativement tardif. Primitivement, l’intérieur des absides était recouvert de fresques ou de mosaïques. Ce qui empêchait le développement de grandes baies. Un autre indice de plus grande ancienneté est apparent dans les deux colonnes cylindriques adossées au mur de l’abside. Elles sont toutes deux surmontées d’un chapiteau roman situé un mètre en-dessous du bord du toit. Ceci signifie que le toit de cette abside a été surélevé. Les traces de l’ancien bord constitué de pierres de moindre épaisseur sont d’ailleurs visibles au-dessus des chapiteaux.

Le manque de luminosité de l’église nous avait fait envisager son ancienneté. Après un examen plus approfondi, cette ancienneté n’est pas avérée en ce qui concerne la nef (images 11, 12 et 13 ). De même les chapiteaux (images 14, 15 et 16) sont caractéristiques d’un art roman tardif (XIIesiècle). Le seul élément qui pourrait être le signe d’une antériorité à l’an 1000 est la corniche à billettes de l’abside principale (images 17 et 18).


La cuve baptismale (images 19, 20, 21) nous a aussi posé problème. D’une part, ses grandes dimensions font penser à des baptêmes d’adultes par aspersion (ou infusion) : le baptisé est debout dans la cuve. Le célébrant lui verse sur la tête l’eau du baptême. Ce type de baptême se serait généralisé à partir du VIIesiècle.

De plus, le décor de têtes coupées, d’oiseaux ou de lions, proche de représentations gauloises ou barbares est difficilement conciliable avec une datation tardive du
XIe ou du XIIesiècle.

On serait donc en présence d’une cuve baptismale préromane (IXe ou Xesiècle). Cependant, un détail de ce décor vient corriger la première impression. En effet, les arcs surmontant les têtes des personnages sont trilobés et ressemblent à des décors gothiques.

En fait, nous avons déjà vu ce type de décor formé de trilobés. C’était dans une fresque de l’église San Esteban de Sos del Rey Católico. Nous avions daté cette fresque de la seconde moitié du XIIesiècle. La cuve baptismale pourrait être plus ancienne encore.


Datation de Notre-Dame d’Estibaliz
: an 1100 avec un écart estimé de 100 ans.