L’église Notre-Dame de Mailhat à Lamontgie 

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La page du site Internet Wikipedia consacrée à cet édifice nous apprend ceci : « L'église de Mailhat est un édifice d'architecture romane de la fin du XIIe siècle, d'influence languedocienne, au chœur en hémicycle et au chevet polygonal. Elle est construite en arkose jaunâtre à gros grains, pierre extraite dans les carrières locales. Son abside est caractérisée par trois chapelles-niches incorporées dans l'épaisseur du mur et ouvrant directement sur le sanctuaire.

On retrouve donc ici un plan identique à celui de l’église Saint-Laurent à Auzon (Haute-Loire). Cette église à nef unique est également caractérisée par l'emploi général de l'arc brisé.

À l'extérieur, il faut admirer son clocher carré et sa belle abside à pans coupés, avec une arcature allégeant le mur. Sur chaque paroi du chevet polygonal, se détache, en creux, un arc en plein-cintre qui repose sur des colonnes encastrées dans les angles. Sous la corniche, les modillons sont très variés et d'une grande finesse d'exécution.

Le portail Sud comporte une quadruple rangée de voussures retombant sur des colonnes à chapiteaux. L'église de Mailhat serait construite sur un temple gallo-romain, lui-même sans doute érigé sur un lieu de culte bien plus ancien. La plus vieille mention écrite se trouve dans le cartulaire de Brioude (février 857).

L'église actuelle date du dernier quart du XIIe siècle, fin de la période romane. Son style élégant et orné (chapiteaux et sculptures) la rattache au roman du Velay. Cette église dépendait au XIe siècle de l'abbaye bénédictine de Sauxillanges (site clunisien) ; c'était la chapelle d'un prieuré.
  »


Nous ne sommes pas surpris par cette description que nous avons retrouvée presque à l’identique pour chacune des églises que nous avons étudiées : l’église est citée avant le XIIesiècle (dans le cas présent, en 857), mais ce n’est pas l’église que l’on voit puisque l’église date du XIIesiècle (dans le cas présent le dernier quart du
XIIesiècle).

Et comme pour les autres églises, les parties architecturales sont détaillées avec un vocabulaire choisi mais sans mise en évidence des « détails qui clochent ». Parmi ces
« détails qui clochent », nous mettons en évidence l’un d’entre eux : le chevet (image 5) est partagé en deux étages bien différenciés (appareil très régulier en bas, appareil irrégulier du XVIIeou du XVIIIesiècle en haut). Grâce à la position des étroites fenêtres de l’abside principale à l’extérieur (image 5) et à l’intérieur (image 7), on peut évaluer la position de la ligne séparatrice des deux étages, côté intérieur. On en déduit que la voûte en cul-de-four de l’abside principale occupe une grande partie de l’étage supérieur. On en déduit que la construction de cette voûte pourrait être postérieure à la construction de l’étage inférieur (lorsque nous disons « postérieure », nous envisageons plusieurs siècles et non quelques années).


Mais c’est surtout le plan de l'image 1 qui devrait susciter l’attention. Le chevet à trois absides disposées en croix est exceptionnel. On retrouve ce chevet dans certaines églises d’Orient (Géorgie, Arménie) ou plus près de Mailhat, à Sainte-Croix de Montmajour, en Provence. Certes, si l’on compare les églises de Sainte-Croix et de Notre-Dame de Maihat, on constate des différences importantes au niveau des plans. Mais il faut tenir compte des modifications intervenues au cours du temps. Plus particulièrement à Mailhat. On a déjà vu que le chevet avait été surélevé. La première travée de la nef à partir du chevet a été probablement aussi surélevée. Elle supporte le clocher. Sa partie inférieure est différente du chevet voisin.

Nous envisageons, mais sans certitude avérée, que l’édifice primitif devait être de dimensions modestes, avec un plan en forme de croix à branches d’égales dimensions. À la différence près que, côtés Nord, Est et Sud, les absides sont semi-circulaires, alors que côté Ouest, la forme est rectangulaire. Ce qui serait conforme au plan de l’église Sainte-Croix de Montmajour. Nous avons estimé que l’église Sainte-Croix de Montmajour était antérieure à l’an mille, mais sans plus. Nous avons daté une église analogue, le Saint-Sépulcre de Peyrolles-en-Provence, de l’an 700 avec un écart de 200 ans.


    Le plan primitif serait donc celui d’une église antérieure à l’an mille. Mais de cette église, il resterait peu de choses apparentes. Il semblerait que les murs anciens aient été recouverts par d’autres murs à l’époque romane (XIeou XIIesiècle). Les chapiteaux datent de la même époque.

    Le chapiteau de gauche de l'image 8 représente l’image bien connue de la sirène à deux queues (ici un homme).

    Sur le chapiteau au centre de l'image 9, deux hommes nus assis de part et d’autre d’une colonne. Image énigmatique.

    Le chapiteau de gauche de l'image 10 représente aussi l’image de la sirène à deux queues (ici une femme).

    Sur l'image 11, une chouette dévorant une grenouille. Image énigmatique.

    Sur l'image 12, représentation désormais classique des « oiseaux au canthare ».

    Sur l'image 13, masques crachant des entrelacs.

    La représentation d’oiseaux isolés est relativement rare ( image 14).

    Image 15 : Représentation énigmatique (têtes, oiseau, arbre ?).

    Image 17 : Représentation énigmatique  (têtes encadrant un treillis).

    L'image 18 de la nef montre qu’elle a subi des transformations (plusieurs arcs superposés. On ne connaît pas la raison).


    Le portail Sud (image 19) est roman (datation probable du XIIesiècle).

    Sur l'image 20, cinq hommes assis autour d’une table pourraient représenter la sainte Cène.

    Homme nu assis sur un chapiteau de l'image 21.

    Les piédroits du portail (images 22, 23 et 24) sont selon nous postérieurs aux chapiteaux. Ils dateraient des environs de l’an 1200. Sur le piédroit de gauche (image 22), on peut voir de haut en bas un moine tenant un livre (image 23), un poisson et le symbole de la luxure (image 22 : une femme nue dont un serpent dévore les seins).



    Datation envisagée

    L’église primitive daterait de l’an 800 ans avec un écart de 200 ans. Mais la plus grande partie de l’église daterait de l’époque romane. Pas le XIIesiècle cependant ; les thèmes iconographiques des images de 8 à 17 témoigneraient d’une époque antérieure : an 1050 avec un écart de 100 ans.