L’église Sainte-Agathe de Ris
Nous avons trouvé sur la page Internet
de Wikipedia consacrée à cette église les informations
suivantes : « Église
romane du Xesiècle, construite entre 979 et
985, d'inspiration carolingienne ; c'est l'une des plus
anciennes églises romanes du département, voire de
l'Auvergne.
Dans le chœur de l'église, on peut admirer une
reproduction de « La Vierge et l'Enfant » exposée au musée
du Louvre ...
On trouve également des fresques représentant des saints
martyrs (Étienne, Agathe) ; le cavalier au cerf (xii
e) ; une Visitation ; Saint Michel terrassant le
dragon; un abbé ; un évêque.
L'église était entourée des bâtiments prieuraux dont il
subsiste des éléments tardifs englobés dans le bâti
contemporain. On remarque également les anciennes bornes
du prieuré aux armes de la famille de Veyny d'Arbouze,
dont plusieurs membres ont été prieurs de Ris.
Il semble que le véritable nom de l'église soit
Sainte-Croix (église consacrée à l'Exaltation de la
Sainte-Croix), mais elle figure dans la base Mérimée sous
le nom d'église Sainte-Agathe, à partir de quoi ce nom
s'est répandu. Cette dénomination vient sans doute de la
présence dans le narthex d'une peinture murale
représentant le martyre de Sainte Agathe... »
Tout d’abord, prenons un temps d’arrêt
sur les commentaires précédents en constatant un net progrès
par rapport aux commentaires concernant d’autres églises. On
nous dit ici : « Église
romane du Xesiècle, construite entre 979 et
985. ». Jusqu’à présent, nous avons surtout
rencontré des phrases du style : « Église
romane du
XIIesiècle, citée en 979 et en 985.
». Ce que nous voulons dire, c’est que jusqu’à présent, les
spécialistes considéraient comme impossible l’idée qu’une
église puisse être antérieure à l’an mille. En conséquence,
si une église était citée avant l’an mille, elle ne pouvait
qu’avoir été détruite au passage de l’an mille (le 31
décembre 999? le premier janvier 1000?) Mais bien sûr, aucun
de ces spécialistes ne fournit d’information sur l’église
disparue.
Cependant, il doit y avoir encore quelques progrès à faire.
Les dates de 979 et de 985 correspondent sans doute à celles
de chartes . Nous savons par expérience que, dans la plupart
des cas, ces chartes ne concernent pas la construction même
des édifices, mais des questions annexes (achat de terrains,
donation, etc.) Il faudrait bien sûr voir de plus près ces
chartes. Mais il y a de fortes chances que ces chartes ne
témoignent que d’une existence de cette église en 979 et en
985 et que cette église soit antérieure à ces dates-là.
Peut-être de beaucoup.
Un arc double protège le passage du
porche d’entrée du monastère (image
1). Cet arc est porté par une imposte à chanfrein
vers l’intrados, tout à fait analogue à celles que l’on voit
à l’intérieur de l’église.
Les plans de l'image 2 font
apparaître la présence d’une nef à quatre travées, prolongée
d’une travée de transept et d’une travée d’avant-chœur, puis
d’une abside semi-circulaire. Cependant, un examen plus
attentif montre que les travées de transept et d’avant-chœur
sont semblables (images
12 et 13). Nous envisageons que ces deux travées
aient fait partie d’une nef primitive.
Concernant les 4 travées côté Ouest, on constate que leur
construction est relativement homogène (images
2, 7, 8, 9, 10, 11) Les arcs sont simples et
portés par des impostes à chanfrein vers l’intrados. Ce type
d’imposte a été vu à plusieurs reprises en Auvergne, à
Artonne, Beaumont, Ébreuil, etc. Nous pensons que toutes ces
églises sont contemporaines... et antérieures à l’an 1000. À
Ris, on voit ces impostes, non seulement sur les quatre
premières travées, mais aussi sur les deux suivantes. Seule
ombre au tableau : sur la partie de nef correspondant aux
quatre premières travées, les arcs sont très légèrement
brisés. Nous estimons que les arcs brisés sont postérieurs à
l’an mille. Alors où est la solution ? Les arcs brisés
pourraient-ils être antérieurs à l’an mille ?
Sur l'image
11, le
pilastre adossé au pilier a sans doute été ajouté
postérieurement. Les impostes sont visibles sur les
images 15, 16 et 21.
Sur l'image 18, on distingue deux
arcs . Ces arcs sont placés sur le passage entre la nef et
le transept. Celui en arrière-plan repose sur des impostes à
chanfrein vers l’intrados. Celui de premier plan repose,
d’un côté sur un chapiteau, de l’autre sur une imposte (image 19). Nous
pensons que les arcs ont été posés successivement, l’arc au
chapiteau ayant été posé après.
Les fresques représentées sur les
images 22, 23 et 24 datent du XVesiècle.
Elles se se situent donc hors des limites de notre étude.
Cependant, nous les exposons ici tout d’abord pour leur
intérêt « touristique ». Mais aussi pour montrer que, dans
ce type d’église à impostes non décorées, le seul décor sur
les murs est sous forme de fresques ou de mosaïques.
Datation envisagée pour l’église Sainte-Agathe de
Ris : an 750 avec un écart de 150 ans.