Autres monuments du premier millénaire de Castille - La Mancha
Nous n’avons que très peu à dire sur les
monuments de cette région de Castille - La Mancha autres que
ceux de Tolède. D’une part, nous n’avons visité cette région
qu’en « coup de vent ». D’autre part, la recherche sur
Internet de monuments susceptibles de dater du Premier
Millénaire n’a révélé que des ruines, hormis l’église
Sainte-Marie de Melque.
Arisgotas
Le mot « Goth » pourrait être à l’origine du nom « Arisgotas
». Deux sites du premier millénaire seraient sur le
territoire de la commune, Los Hitos et San Pedro de la Mata.
Et à Arisgotas même, un petit musée wisigothique rassemblant
les découvertes des fouilles aurait été installé.
Los
Hitos (images de 1 à 5)
On peut voir sur les images
1 et 2, à l’intérieur des restes d’un grand
bâtiment, des tombes soigneusement disposées. Leurs formes
trapézoïdales permettent de les dater du premier millénaire
: an 550 avec un écart de 150 ans. Nous pensons que l'image 5 est une image
de synthèse montrant le bâtiment des images
1 et 2 tel qu’il devait être è l’origine.
Remarquons sa ressemblance avec Sainte-Marie de Naranco
(Oviedo).
Arisgotas
: Église San Pedro de la Mata (images de 6 à 9)
Il nous est difficile d’interpréter ces images. Ainsi, par
exemple, nous ne connaissons pas l’emplacement exact de
l’arc outrepassé de l'image
9. L’apport le plus intéressant semble être le
plan de l'image 7. On
y découvre un détail qui nous semble important. La nef de
l’église devait être à un seul vaisseau mais elle était
encadrée par deux grandes salles. Le tout était inscrit dans
un grand rectangle. Ce plan est tout à fait différent de
celui d’une basilique à nef à trois vaisseaux car à San
Pedro de la Mata, il n’existe pas, semble-t-il, de
communication forte entre la nef centrale et les salles
latérales. Une autre église témoigne d’une approche
analogue. Il s’agit de San Pedro de la Nave de la province
de Castille-León étudiée dans une page précédente. À la
différence de San Pedro de Mata, à San Pedro de la Nave la
nef est formée de trois vaisseaux. le vaisseau central étant
soutenu par des piliers. Mais des murets d’environ un mètre
de haut créent une séparation entre le vaisseau central et
les vaisseaux latéraux, faisant, dans la pratique,
ressembler cette nef à celle de San Pedro de la Mata. On
peut donc envisager qu’il y a eu une évolution à partir du
modèle initial de la basilique à trois vaisseaux
communiquant entre eux pour aboutir au modèle de San Pedro
de la Mata. L’étape intermédiaire étant San Pedro de la
Nave.
Cabeza
de Griego (Segobriga) : images de 10 à 12
La basilique de Cabeza de Griego, connue dès 1760, a été
fouillée entre 1789 et 1790. Ce furent les premières
fouilles d’Espagne. L’abside, actuellement à plan circulaire
fortement outrepassé, pourrait avoir été à l’origine un
temple circulaire.
Zorita
de Los Canes : ruines de Récopolis (images de 13 à 15)
La ville de Récopolis aurait été fondée en 578 par le roi
wisigoth Léovigild. Le nom de la cité viendrait du grec «
polis » signifiant « ville » et du préfixe , « reg »
signifiant « roi » : ville royale.
Peu de choses à dire sur cette ville au vu des images dont
nous disposons. L’arc double de l'image
14 pourrait dater de la fin du premier millénaire.
San
Martin de Montalban : Église Santa María de Melque (images
de 16 à 24)
L’église Santa María de Melque est, mises à part les églises
de Tolède, la seule église du premier millénaire de la
région Castille - La Mancha encore debout.
Son plan en forme de croix la range dans les églises du VIIIeou
IXesiècle. C’est en effet vers cette époque
que les premières églises ayant le même type de plan
apparaissent au Proche-Orient (Géorgie-Arménie). Il en
existe aussi en Europe (Sainte-Croix de Montmajour en
Provence). Les arcs fortement outrepassés (images
20 et 22), l‘utilisation d’impostes et non de
chapiteaux (image 23),
le dessin de ces impostes à saillie vers l’intrados,
militent aussi en faveur d’une datation du
VIIIe- IXesiècle.
Conclusions sur les édifices de Castille - La Mancha
L’étude qui vient d’être faite est beaucoup trop succincte
pour en arriver à des conclusions hâtives. Tout au plus
peut-on poser quelques questions. Comment se fait-il qu’il
subsiste à Tolède tant de monuments du premier millénaire (7
, du moins que nous estimons dater du premier millénaire).
Et si peu à l’extérieur de Tolède (un seul : Melque).
Certes, on peut objecter que cette région aride est
relativement désertique. Les constructions d’édifices ont dû
être rares. Mais le même problème existe pour d’autres
régions beaucoup moins arides que l’Andalousie. Deux
réponses sont possibles. La première est que d’autres
églises existent mais que, cachées sous les enduits et les
décorations, elles restent à découvrir. La deuxième réponse
est que ces églises ont fait l’objet de destructions
massives, destructions qui ont épargné la ville de Tolède.