L’église Saint-Laurent de Grenoble
En août-septembre 2011, soit il y a 7
ans, la revue «
L’Archéologue » publiait un article intitulé : « La France préromane :
architecture religieuse mérovingienne et carolingienne »
et citait les édifices suivants : les baptistères
d’Aix-en-Provence, de Cimiez (près de Nice), de Fréjus, de
Riez, les cryptes de Saint-Germain d’Auxerre, de
Flavigny-sur-Ozerain, de Saint-Bénigne de Dijon, de
Saint-Laurent de Grenoble, la basilique Saint-Just de Lyon,
les églises de Metz (Saint-Pierre-aux-Nonains), Ottmarsheim,
Montier-en-Der, Marmoutier, la crypte de Jouarre, l’église
d’Azay-le-Rideau, la tour de Charroux, les églises de
Cravant, de Civeaux, de Germigny-des-Prés, de
Saint-Benoit-sur-Loire, la crypte Saint-Aignan d’Orléans, le
baptistère Saint-Jean de Poitiers, les églises de
Saint-Pierre-les-Églises (Vienne), de Saint-Généroux, de
Meusnes, de Jumièges, de Saint-Wandrille, de Portbail, de
Saint-Philbert-de-Grandlieu, de Savennières. Soit en tout
trente édifices. Dont la plupart sont, soit à l’état de
ruines, soit datés du XIesiècle.
La crypte de l’église de Saint-Laurent de Grenoble fait donc
partie de ces 30 églises qui, il y a 7 ans, étaient
identifiées comme datées du premier millénaire (plus
exactement entre le IVeet le XIesiècle).
Notons cependant que depuis notre recherche, on en a
identifié près de vingt fois plus.
Nous n’avons pas eu l’occasion de
visiter cette église, qui, désaffectée au culte, est devenue
un musée. Les images sont extraites d’Internet. Nous n’avons
malheureusement pas pu recueillir celles des chapiteaux de
la crypte, jugées les plus intéressantes, car permettant
d’envisager une datation de celle-ci.
On constate sur les images de l’intérieur de la nef que
cette église est un véritable champ de fouilles. Selon le
plan de l'image 12, l’église supérieure
daterait du XIeou du XIIesiècle.
Les plans successifs, celui de l'image
9 extrait du livre «
Dauphiné Roman » de la collection Zodiaque
(1992), celui de l'image
11 (1995) et enfin celui de l'image
12 montrent l’évolution des fouilles.
L’intérêt principal se porte sur la crypte ou du moins ce
qu’il en reste (images 7,
8 et 9). Sa forme est tout à fait inusitée. Une
forme que nous n’arrivons pas à justifier. Compte tenu de la
date envisagée pour cette crypte (VIe-VIIesiècle),
son voûtement ne correspond pas à la période. Elle était
probablement charpentée à l’origine. Mais dans ce cas, on ne
comprend pas l’utilité des systèmes de trois colonnes
alignées à gauche et à droite sur l'image
7.
Le plan de l'image
11 a été utilisé pour indiquer la disposition des
corps dans les nécropoles. On constate que les corps
disposés dans les allées du cloître sont disposés dans
l’alignement de ces allées, et non dans une direction
privilégiée Nord-Sud ou Est-Ouest. Sur l'image
4, les
tombes sont placées à l’intérieur même de l’église. Ces
tombes ont été placées à une époque où l’enterrement était
autorisé à l’intérieur des églises. L’interdiction
d’enterrer dans les églises a été prononcée vers le VIIIesiècle.
Nous avons un peu « trafiqué » les images
13, 14 et 15.
Sur l'image 13, nous avons tracé un
trait bleu
pour faire apparaître la symétrie des édifices. Nous
constatons que ce trait est un axe de symétrie pour trois
édifices différents. Le premier en jaune
est formé de deux bâtiments séparés. Le second en vert.
Le troisième en rouge.
Que trois constructions différentes et superposées
présentent la même symétrie est un fait assez rare qui fait
penser à une continuité d’occupation du lieu.
L'image 14 quant à
elle est purement intuitive. Nous avons repris l’abside
semi-circulaire qui se trouve en bas sur l'image
12. Nous avons estimé que cette abside est en
fait une contre-abside. Et qu‘elle doit avoir une abside qui
lui est opposée, abside que nous avons représentée en
pointillés ne sachant où elle devait se trouver. Nous avons
pensé qu’il devait y avoir des murs latéraux et nous avons
pour cela recopié les murs de l’église actuelle datés du XIesiècle. Nous avons de plus pensé que l’église
devait avoir un plan basilical à trois nefs. Il devait y
avoir des piliers. Piliers que nous n’avons pas su placer.
Mais ces piliers existent bien, on les voit sur le plan de
l'image 11.
Nous avons enfin représenté sur l'image 15 le bâtiment
dont le plan est dessiné en
vert
et qui est daté du VIeou du VIIesiècle.
Nous ne sommes pas certains du tracé. Il s’inspire du plan
de fouilles. Mais il faut savoir que les plans de fouilles
peuvent être parfois des extrapolations.
Si donc ce plan correspond à la réalité, nous sommes en
présence d’un bâtiment à plan centré, cruciforme. Nous
connaissons d’autres églises à plan cruciforme en France et
ailleurs en Europe. Plus particulièrement en Géorgie et en
Arménie. Mais ce plan en croix est plus simple que celui de
Saint-Laurent.
Concernant les églises à plan en croix que nous avons
observées en Europe, nous avions envisagé une datation aux
alentours du VIIIe-IXesiècle. La
datation proposée à Saint-Laurent est antérieure d’environ
deux siècles. Ceci remet en question notre datation. Encore
faut-il que la datation du VIe-VIIesiècle
proposée sur le plan de l'image
12 s’appuie sur des données scientifiques
précises.