Autres églises de Catalogne : Les églises à nefs à 3 ou 5 vaisseaux 

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Nous n’avons certes pas visité toutes les églises de Catalogne : il en existe plusieurs centaines. Nous nous sommes seulement efforcés d’identifier celles qui pourraient dater du premier millénaire, dans le but d’une éventuelle visite ultérieure. La recherche a été basée en premier sur la lecture du livre « Catalogne Romane » de la collection Zodiaque, puis sur la consultation de sites Internet décrivant les monuments les plus significatifs. Nous décrivons dans cette page les églises à nefs multiples (3 ou 5 vaisseaux). Nous pensons en effet que ce type d’église, hérité du modèle romain à plan basilical, est aussi le plus ancien. Hormis les églises déjà étudiées de Besalú (Sant Pere, Sant Vicenç), de Gérone (Sant Feliu, Sant Pere de Galligants) et de Bossòts (église Santa María), nous n’avons identifié que deux églises de ce type : la chapelle Sant Joan à Bellcaire d'Empordà, l’abbatiale Santa María de Ripoll.





La chapelle Sant Joan à Bellcaire d'Empordà

Extérieurement, la chapelle Sant Joan ne semble présenter aucun intérêt et nous aurions pu passer devant sans voir son importance. On remarque seulement sur l'image 1 l’existence d’une double pente de toit au niveau de la nef, signe probable d’une nef à trois vaisseaux, et d’une porte en « trou de serrure ». Ce n’est que récemment que notre attention s’est portée sur les baies « en trou de serrure ». Il est possible que ce type de baie ait précédé la baie en arc outrepassé. Autre indice d’ancienneté : la façade occidentale (image 2). Elle présente les traits caractéristiques de la façade d’une basilique romaine : porte médiane, fenêtres donnant sur les collatéraux, oculus au-dessus de la porte. Seul le contour extérieur est différent.

A l’intérieur (image 3), on se trouve bien en présence d’une nef à trois vaisseaux à piliers rectangulaires de type R0000 dépourvus d’impostes. Par contre, l’arc séparant le collatéral Sud du transept est pourvu d’une imposte. Il semblerait bien que le transept soit postérieur à la nef.

Datation envisagée pour la construction initiale : an 650 avec un écart estimé de 200 ans.





L’abbatiale Santa María de Ripoll

Le plan de l’église Sainte-Marie (image 4) incite à croire que l’on se trouve en présence d’une magnifique église romane. Malheureusement, nous apprenons que ce monument a subi un fort tremblement de terre en 1428, puis un terrible incendie en 1835. On voit sur l'image 5 ce qu’il restait du Sud de la nef avant les restaurations commencées en 1886.

On en déduit qu’il ne doit pas rester grand-chose de l’édifice primitif. Cependant, le plan général et les bases ont dû être conservés. Ainsi la façade Ouest (image 6) a été très probablement refaite, mais à sa base, le portail (images 7 et 8) est pratiquement intact. Le chevet (image 9) a lui aussi été refait. On sait que la couple central n’est pas d’origine. Les parties supérieures du transept et de l’abside principale apparaissent récentes. Par contre les absidioles pourraient être d’origine.



La nef (images 10 et 11) a elle aussi été restaurée mais il est probable qu’elle ait été restaurée à l’identique, du moins dans sa partie principale. Par contre, il est probable que les colonnes cylindriques du mur séparant les collatéraux aient été, au cours de la restauration, ajoutées aux piliers rectangulaires antérieurs à celle-ci (image 12).




Datation

Avant d’aborder la question de la datation, lisons cette partie du texte de la page Wikipedia : « Il existe plusieurs légendes. Cependant la première référence documentée de l’image de la Vierge date du 25 avril 880, lorsque l’évêque Gotmar de Vic la trouva, prévenu par des bergers de la présence d’étranges lumières apparaissant tous les samedis dans les montagnes. » Nous pensons que ceci n’est pas une légende. Plus exactement, sachant que toute légende est le récit déformé d’un événement qui s’est réellement passé, nous pensons que celui-ci est très proche de la réalité. Nous comparons ce texte à celui de la « Translation des Reliques de Saint Majan » qui nous apprend que le transfert des reliques à Villemagne l’Argentière au IXesiècle, autait permis de faire reculer le culte du Sabbat (ou du samedi). Ces « étranges lumières apparaissant tous les samedis dans les montagnes » ne seraient-elles pas dûes à des montagnards se déplaçant pour assister à ce culte du Sabbat ? Faut-il s’étonner alors que l’évêque de Vic veuille lui substituer le culte de la Vierge Marie, et les moines de Villemagne la vénération de Saint Majan ? Doit-on envisager que les peuples concernés par le culte du Sabbat étaient des Juifs ? C’est possible. Cependant, nous ne savons rien du culte pratiqué par les hérétiques ariens qui ont pu utiliser le samedi comme jour de prière. Il est même possible que le Sabbat ait été utilisé par des chrétiens orthodoxes avant la grande réforme liturgique du XIesiècle.

Tout aussi intéressant soit-elle, la date de 880 ne concerne pas cette église, qui selon nous est antérieure à cette date.

Nous l’évaluons à l'an 650 avec un écart estimé de 200 ans pour la construction initiale.