L’église Notre-Dame-en-Saint-Melaine de Rennes (Ille-et-Vilaine)
Étude architecturale
Il
s’agit là d’une église très intéressante mais ayant subi
un grand nombre de modifications. En conséquence son étude
est difficile à établir. Elle est actuellement à trois
nefs charpentées. L’édifice primitif était probablement
lui aussi charpenté. Les piliers porteurs des murs
latéraux de la nef centrale étaient probablement tous
rectangulaires et flanqués de pilastres plus étroits
permettant de supporter les arcades intermédiaires à
double rouleau.
Dans l’image 3 on retrouve les mêmes arcades et on distingue à peine l’arcade de la première travée, en grande partie cachée par l’orgue.
La première étape correspondrait à la construction de la nef. De cette première étape ne subsisteraient que les piliers rectangulaires des deux premières travées(et sans doute une partie des murs). Ces piliers, de type 1010, sont semblables à ceux de Daoulas, mais de largeur plus importante.
La deuxième étape correspondrait à l’élévation de la croisée du transept. Il est possible que les constructions de l’étape 1 et de l’étape 2 aient été édifiées simultanément. Cependant c’est peu probable : les impostes des piliers sont différentes. Et, de plus selon Marc Déceneux (Bretagne Romane) il y aurait un décalage entre le pilier de la dernière travée de la nef (la plus près du transept) et le pilier du transept. Si les deux constructions (de la nef et du transept) avaient été programmées dans le plan initial, un tel décalage n’aurait pas eu lieu d’exister.
On voit donc sur cette image n°4 les éléments caractéristiques de cette étape 2. C’est à dire la construction d’arcades séparant cette croisée du transept, de la nef (arc triomphal), du collatéral sud, et du croisillon sud du transept. On voit aussi, faisant partie de cette construction 2, au dessus de l’arc triomphal des fenêtres géminées. Remarquer que l’arc triomphal est légèrement mais nettement outrepassé. Ceci témoigne, avec la présence d’impostes au lieu de chapiteaux, d’une ancienneté de ce type d’arcade.
Sur la mêmeimage n°4 on décèle les traces de la IIIe étape de construction. Il s’agit d’une grande arcade jetée au-dessus de l’arc triomphal. Elle est légèrement brisée. Elle s’appuie, quant à elle, sur un chapiteau porté par une colonne. Elle recoupe les fenêtres géminées. Cette arcade devait participer au soutien d’une voûte en croisée d’ogives placée au-dessus de la croisée du transept. A priori les oculi placés au dessus de cette arcade devraient faire partie de cette troisième étape de construction : on construit d’abord l’arcade puis le mur qui est au-dessus. Cela semble logique. Et pourtant ce n’est pas du tout certain ! En effet si on observe attentivement cette arcade (cela est surtout visible dans l’image suivante n°5 on s’aperçoit qu’elle ne soutient pas le mur mais qu’elle est accolée à celui-ci, reposant directement sur les chapiteaux et les colonnes situés dans les coins . Il est donc fort possible que les deux oculi situés au-dessus appartiennent au mur de la construction n° 2. Ils devaient faire partie de la tour de croisée et être situés au-dessus des toits de la nef. Alors que, actuellement ils sont situés sous les toits de la nef, comme le montre l’image 1. Ce qui tendrait en montrer que la nef a été rehaussée.
On retrouve dans l’image n°5 ci-dessus les traces des étapes de construction. Ainsi l’arcade séparant la croisée du transept du croisillon nord est analogue à l’arc triomphal (outrepassée). Elle fait partie de la construction 2. De même on retrouve l’arcade de la IIIe étape de construction. Mais ici on n’en voit qu’une partie. Et de même on ne voit pas les oculi qui devraient normalement se situer au-dessus. Par contre les fenêtres géminées qui auraient dû être endommagées par l’arcade de la construction 3 sont parfaitement intactes. Ce qui confirme que l’arcade n ‘était qu’adossée. On voit sur cette image n°5 apparaître une nouvelle étape de construction. En effet à une époque donnée postérieure à l’époque romane. Il a été décidé de supprimer la voûte de la croisée et de couvrir la croisée de transept et le chœur d’un toit unique. C’est cela la construction n°4. En effectuant cette transformation les piliers supportant la voûte de croisée devenaient inutiles. On a décidé de les supprimer du coté du chœur. En supprimant du même coup la IVe arcade située entre chœur et transept.
L’église Saint Melaine de Rennes mériterait une étude plus détaillée que celle, déjà complexe, effectuée ci-dessus. Après avoir contesté la datation du XIIe siècle attribuée par ses prédécesseurs Marc Déceneux, dont on vient de parler, affirme que « les parties les plus anciennes de l’église remontent donc à une période antérieure à la fin du XIe siècle. » L’inconvénient d’une telle estimation c’est qu’elle ne nous apprend pas grand chose. En effet, si, pour la plupart des spécialistes, « il ne reste plus aucune église antérieure à l’an mille car les barbares ont tout détruit », en ce qui nous concerne, plusieurs milliers d’édifices ont été construits avant l’an mille et les destructions seraient plus le fait de modifications ou de reconstructions, c’est-à-dire d’améliorations, que de l’action de barbares, hypothétiques dans la plupart des cas. En conséquence il est possible que l’estimation de datation par Marc Déceneux soit comprise entre l’an 1000 et l’an 1100. Auquel cas il s’agit d’une bonne estimation. Pour nous , « une période antérieure à la fin du XIe siècle », signifie : entre l’an 400 et l’an 1100. Ce qui ne veut rien dire.