L’église Saint-Martin de Volonne
Extérieurement, l’église Saint-Martin de
Volonne a toutes les apparences d’une église préromane :
chevet triple percé de fenêtres très étroites (image
1), absence de fenêtres et appareil irrégulier
sur la façade Nord (image
2), fenêtre centrale encadrée par deux oculi sur
la façade Ouest (image 3).
La fenêtre géminée (images
4 et 5) porte le seul élément sculpté de
l’édifice : il s’agit d’un chapiteau à feuilles d’acanthe ?
Les impostes situées de part et d’autre sont à saillie vers
l’intrados de l’arc.
La façade Sud (image
6) est percée de quatre fenêtres étroites et de
grande hauteur. Le bas de ces fenêtres a été obstrué. Ces
fenêtres ne sont probablement pas d’origine. En effet, le
sommet de celle de droite est situé en-dessous de celui des
autres fenêtres.. Ce qui ne serait certainement pas le cas
si les fenêtres étaient d’origine.
L’arc de décharge d’une porte est visible sur cette façade (image 7). Cet arc
présente la particularité d’être polychrome. On verra plus
loin que, dans la partie intérieure, il est outrepassé.
A l’intérieur, on découvre une nef à 3
vaisseaux (image 8).
Le toit qui recouvre l’ensemble est manifestement récent.
Primitivement, les trois vaisseaux devaient être charpentés.
On se trouve donc en présence d’une nef construite sur le
modèle des basiliques romaines primitives.
On découvre des signes d’ancienneté. Ainsi, le fait que les
absides soient situées dans l’exact prolongement des
vaisseaux (images 8, 9,
10). Ainsi aussi l’absence de transept.
Autre signe d’ancienneté : des
chapiteaux tous identiques. Avec des profils inusités dans
l’art roman : pas de tailloir, mais une astragale développée
dont la base prolonge sans discontinuité la colonne située
au dessous (images 12 et
13).
Les arcs d’entrée des absides ou absidioles (images
15 et 16) sont soutenus par des impostes à
saillie dans toutes les directions. Les impostes situées à
la retombée des arcs soutenant le vaisseau central sont du
même type.
On constate aussi que les arcs soutenant
le vaisseau central sont à simple rouleau (les arcs à double
rouleau sont considérés comme plus récents).
Chacun de ces éléments témoigne de l’ancienneté de cette
église. Il faut cependant noter que, bien que proche du
modèle romain, elle s’en écarte par plusieurs aspects : les
colonnes ne sont pas monolithes mais formées d’un petit
appareil de pierres soigneusement ajustées. Ces colonnes
devaient être recouvertes d’un crépi. C’était sans doute
aussi le cas des murs.
L’arc de la porte Sud est nettement outrepassé (image
17).
Datation
Au vu de toutes ces constatations, nous pensons tout d’abord
que cette église constitue un ensemble homogène très peu
modifié au cours des siècles. Seule la fenêtre géminée de la
façade occidentale pourrait être un peu plus récente que le
reste de l’édifice. Mais sans certitude absolue. La datation
se révèle délicate à cause de la rareté de ce type d’église
de type basilical dont le vaisseau central est porté par des
colonnes cylindriques bâties.
Cependant, nous estimons qu’elle a été édifiée en plein
premier millénaire : an 750 avec un écart estimé de 150 ans.