Divers édifices de l’Isère susceptibles de dater du Ier millénaire (page 3/4) 

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La présente page contient les paragraphes suivants : l’église Saint-Loup de Penol, la chapelle Saint-Just de Saint-Just-Chaleyssin, l’église du prieuré de Salaise-sur-Sanne.




L’église Saint-Loup de Penol

Nous avouons être un peu déroutés par cette église que nous ne connaissons que par quelques images issues d’Internet. Extérieurement (images 1 et 2), l’appareil fait de blocs irréguliers n’est pas représentatif de l’art roman. Il évoquerait plutôt un art préroman. Mais le chaînage d’angle fait de blocs réguliers aux arêtes vives vient contredire cette hypothèse. On pense donc à une œuvre du XIXesiècle.

Une nouvelle contradiction apparaît avec l'image 3 (plan de l’édifice). En effet, bien que l’édifice soit à nef unique et abside principale semi-circulaire, plan globalement compatible avec les conceptions néo-romanes du XIXesiècle, il présente des absidioles insérées dans la maçonnerie d’ensemble. Or cette particularité est selon nous caractéristique d’une église antérieure à l’an mille. Nous pensons que cette disposition architecturale a une valeur symbolique. Elle pourrait s’expliquer - mais nous n’avons aucune certitude sur ce point - par la croyance chrétienne de l’existence d’un seul Dieu en trois personnes. Le seul Dieu est symbolisé à l’extérieur par l’unique abside. Les trois personnes sont quant à elles visibles à l’intérieur sous la forme des trois absides. L’hypothèse est ténue, dans la mesure où les autels installés dans les trois absides sont en général dédiés à des saints et non aux représentations divines, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, mais il faut tenir compte qu’il y a eu évolution des mentalités entre le IVeet le XIesiècle. Et il fallait bien faire une place aux saints locaux vénérés par la population. La différence tient peut-être dans le fait que l’abside presque close est la demeure de Dieu. Il arrive souvent que dans les cultes antiques, le temple contienne une pièce, la cella, entièrement vide, réservée à l’unique Dieu, considéré comme entité immatérielle. C’est le cas du « Saint des Saints » du temple de Jérusalem, édifié par les Juifs. Les chrétiens auraient ajouté à ce caractère immatériel de la divinité, le caractère matériel de l’autel consacré à un saint. En premier lieu la Vierge-Marie.

Un autre élément préroman est le portail d’entrée (image 5). Situé sous un porche qui, lui aussi, est peut-être préroman, il présente des formes très caractéristiques d’une ancienneté : il est situé au milieu de la façade Ouest; le linteau en bâtière qui protège la baie d’entrée est déchargé par un arc en plein cintre légèrement outrepassé. Compte tenu de l’ancienneté supposée, ce linteau apparaît en trop bon état. Nous envisageons donc que le portail ait fait l’objet d’une restauration mais il est fort possible que cette restauration ait été faite « à l’identique ».

Datation envisagée pour l’église Saint-Loup de Penol : an 900 avec un écart de 150 ans.





La chapelle Saint-Just de Saint-Just-Chaleyssin

Nous n’avons que peu de choses à dire sur cette église. D’autant que nous n’avons pas d’image de l’intérieur. Elle est à nef unique, semble-t-il voûtée. Son abside est à plan semi-circulaire. Deux fenêtres apparaissent sur l'image 8. Seule la fenêtre axiale pourrait être d’origine.

Datation envisagée pour la chapelle Saint-Just de Saint-Just-Chaleyssin : an 1050 avec un écart de plus de 100 ans.





L’église du prieuré de Salaise-sur-Sanne

À première vue, l’église du prieuré n’apparaît pas d’un grand intérêt (images 10, 11, et 12). Mais les plans des images 13 et 14, extraites du livre « Dauphiné Roman » des éditions Zodiaque, se révèlent nettement plus instructifs. La crypte est représentée sur l'image 14 alors que l'image 13 est celle de l’église supérieure. Ces deux images ne sont pas a priori exceptionnelles. Il arrive souvent qu’une crypte soit aménagée dans une abside déjà construite. Mais ici, on se trouve en présence d’une autre démarche. On constate en effet que les murs de la crypte (image 14) sont particulièrement épais. Et que leur pourtour extérieur semble être le même que celui de l’abside supérieure. Nous envisageons dons la démarche suivante : une église existait auparavant. C’était une église de petites dimensions. Sa nef était formée de trois vaisseaux. Il y avait trois absides. On peut voir les restes de ces absides sur le plan de la crypte. Il a été décidé d’envelopper ce chevet primitif de façon à supporter une abside plus grande, l’abside de l’église actuelle.

Bien sûr, il ne s’agit là que d’une hypothèse qui doit faire l’objet de vérifications. Mais selon nous c’est l’hypothèse la plus probable.

Datation envisagée pour l’église du prieuré de Salaise-sur-Sanne : an 700 ave un écart de 200 ans.