Santa Cruz de la Serós : église Santa Maria
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Le village de Santa Cruz de la Serós est logé en fond de
vallon, au pied du plateau où est installé le monastère San
Juan de la Peña (image 1). Ce petit village possède deux églises romanes,
toutes visibles sur l'image
2 : Santa Maria décrite sur cette page et San
Caprasio, sur la page suivante.
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Image 1
Le village de Santa Cruz de la Serós au pied de la colline de San Juan de la Peña.
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Image 2
Le village de Santa Cruz de la Serós avec les deux églises, Santa Maria et San Caprasio.
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Image 3
Église Santa Maria : le chevet vu du Nord-Est.
L’église Santa Maria présente une
particularité qui se trouve dans le chevet (images
3, 4 et plan de l'image
6). En effet, en règle générale, lorsqu’il y a
trois absides, comme c’est le cas ici, toutes les absides
sont à plan semi-circulaire. Or, ici, l’abside centrale est
semi-circulaire. Mais les deux absidioles sont
rectangulaires, faisant à peine saillie sur le mur Est du
transept. Une telle disposition pratiquement inconnue en
France est plus répandue en Italie, particulièrement dans
les Pouilles où l’on voit 3 absides à l’intérieur et une
seule apparente à l’extérieur.
Une autre particularité observée jusqu’à présent nulle part
ailleurs : le clocher est installé, non à la croisée du
transept, mais sur le croisillon Sud du transept (images
3 et 7). D’où vient cette anomalie ? Si on observe
attentivement les images
3 et 7, on s’aperçoit que sur la croisée du
transept a été installée une tour carrée. Puis au-dessus, un
étage octogonal. En fait pas tout à fait octogonal, puisque
côté Sud a été installé le clocher. On peut donc imaginer
que, initialement, il était prévu d’installer le clocher à
la croisée du transept. Ce projet a vu un début de
réalisation, mais il a été abandonné au profit du clocher du
croisillon Sud.
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Image 4
Autre vue du chevet.
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Image 5
Église Santa Maria : détail de la bordure de toit de l’abside principale.
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Image 6
Plan de l’église Santa Maria.
Une coupole de croisée devait aussi être
prévue. L'image 8 nous
révèle qu’elle a été remplacée par une voûte en plein
cintre.
Que s’est-il donc passé ? En observant à nouveau l'image
7, on réalise que le croisillon Nord du transept
est plus bas que la nef. Particularité que l’on peut aussi
vérifier à l’intérieur de la nef pour le croisillon Sud (image 8). Il est
possible que ces différences de hauteurs aient empêché la
réalisation du projet.
Toujours sur l'image 8 de
l’intérieur de la nef, on voit sur la gauche un escalier en
colimaçon aboutissant à une porte accolée au mur Nord. Le
plan de l'image 6 montre
que cette porte s’ouvre sur un escalier logé dans
l’épaisseur du mur qui conduit à une pièce de la tour de
croisée du transept située au dessus de la voûte en berceau
(image 7). Ces
observations qui relèvent de l’anecdote témoignent seulement
des hésitations qui ont conduit à abandonner le projet de
construction d’une tour de croisée au XIIe,
voire XIIIesiècle.
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Image 7
L’église vue du Nord-Ouest.
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Image 8
Intérieur de la nef.
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Image 9
Chapiteau de la nef.
Toujours sur l'image
8, l’arc situé au-dessus de l’abside apparaît
outrepassé. Il ne repose pas , comme les autres arcs sur des
chapiteaux, mais sur des impostes (nous estimons que le
système de support par l’imposte est plus ancien que le
système de support par chapiteau-tailloir).
Bien que floue, l'image 9
révèle une continuité du décor (à denticules ou
billettes) de la corniche et celui du pilastre voisin, mais
par contre une discontinuité entre ce même décor et celui du
tailloir situé au-dessus du chapiteau. On en déduit donc
que, si le pilastre et le mur auquel il est adossé sont
contemporains, la colonne cylindrique et le chapiteau
doivent être postérieurs.
Datation
Le plan de l'image 6,
monochrome, parfaitement symétrique, donne à penser que cet
édifice a été construit d’un seul jet. Cette première
impression est mise en défaut par l’examen des
photographies. Elles révèlent non seulement la dissymétrie
des volumes, mais aussi les différences d’appareils. Pour
son étude, il faudrait passer beaucoup plus de temps que le
quart d’heure que nous lui avons consacré.
Néanmoins, nous envisageons ainsi son évolution : le plan
primitif de cette église était très semblable au plan
actuel, une nef unique terminée par une abside
semi-circulaire. Cette nef était encadrée par deux chapelles
sur lesquelles étaient greffées les absidioles. La grande
différence réside dans le fait que cette nef était
charpentée. Autre différence : les deux chapelles accolées
donnent sur le plan une impression de transept, impression
moins apparente sur l'image
8.
Cette première église pourrait être antérieure à l’an 1000.
Plusieurs arguments militent en ce sens : l’église dédiée à
Sainte Marie est probablement plus ancienne que San
Caprasio; le transept bas, les absidioles rectangulaires,
témoignent de pratiques plus anciennes que le XIesiècle.
Cependant, par manque de certitude, nous préférons proposer
une date postérieure à l’an 1000 : 1020 avec un écart estimé
de 100 ans.
Par la suite, au XIeou XIIesiècle,
la nef a été voûtée. Puis plus tard, il y aurait eu
l’installation du clocher sur le croisillon Sud du transept.