Santa Cruz de la Serós : église San Caprasio 

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L’étude de la deuxième église de Santa Cruz de la Serós, l’église San Caprasio, s’est révélée, pour nous, enrichissante. Cette église est en effet décorée d’arcatures lombardes sur tous les côtés du bâtiment (images 2, 5, 8), hormis le clocher (image 7). Rappelons que les églises à arcatures lombardes sont très nombreuses et répandues sur presque toute l’Europe mais, assez paradoxalement, un peu moins en Lombardie (du moins dans ce que nous en connaissons : nous ne prétendons pas tout connaître). Nous estimons que ce système d’architecture a permis la construction des voûtes romanes. Nous estimons aussi, au vu du nombre d’édifices, que ce système a été utilisé durant plusieurs siècles, principalement le Xeet le XIesiècle. Bien que très répandu, il conserve beaucoup de mystères. Les églises, de taille souvent modeste et très peu décorées, sont rarement ouvertes. Il est en conséquence très difficile de définir une chronologie de construction de ce type de bâtiment.


L'image 2 de la façade Sud et l'image 8 de la façade Nord font apparaître un rythme régulier (un pilastre ou lésène tous les deux arcs). La seule rupture de rythme se trouve aux extrémités (pilastre plus large, deux arcs successifs plus petits).

Il en est tout à fait différemment au niveau de l’abside (images 4 et 5). On constate en effet que les arcs sont de différentes tailles et ce de façon aléatoire. Ainsi, sur l'image 5 de gauche à droite, grand-petit, puis, petit-grand, puis, moyen-moyen, et enfin petit-petit. La différence d’appareil au niveau de la retombée des arcs de l’arcature peut permettre de fournir une explication : les arcatures ont été installées après. Les pilastres faisaient partie de l’église primitive. Nous pensons que les fenêtres ont été percées après (si elles avaient été prévues dans le plan primitif, elles seraient au centre des panneaux). Les arcatures lombardes ont été posées après en contournant le sommet des fenêtres. Cela explique le caractère irrégulier de ces arcatures.

Une dissymétrie analogue est visible sur la façade Ouest (image 9) où l’on voit deux groupes de deux arcs à gauche et un seul à droite. La présence d’une porte pourrait peut être expliquer l’absence d’arcature au dessus de cette porte (image 10). Mais nous ne sommes pas convaincus du bien-fondé de cette explication.


Le plan (image 6) fait apparaitre l’épaisseur des murs destinés à supporter des voûtes massives. D’après le plan, il semble qu’il n’y ait qu’un seul doubleau. Il y a quatre voûtes : la voûte en cul-de four de l’abside, la voûte en plein cintre de l’avant-chœur et deux voûtes d’arêtes de la nef. Il s’agit là d’une structure assez complexe. D’autant plus complexe que le clocher est, semble-t-il, posé sur deux voûtes : la voûte de l’avant-chœur et une partie de la voûte de première travée de la nef.



Datation

Cette église nous paraissait a priori très simple à analyser. La régularité des arcatures nous faisait envisager une seule étape de construction. Nous découvrons que cette régularité n’était qu’apparente et que plusieurs étapes sont possibles.

Une datation antérieure à l’an 1000 est donc envisageable.