Autres églises d’Aragon
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Notre unique voyage en Aragon ne nous a pas permis de
visiter toutes les églises, loin s’en faut. En consultant
divers ouvrages ainsi que les principaux sites Internet,
nous avons pu identifier d’autres édifices susceptibles de
dater du premier millénaire ou éventuellement du XIesiècle.
Bien sûr, chacun de ces édifices devrait être visité d’une
manière approfondie. La plupart des images sont extraites
d’Internet.
Biesca :
Église San Juan de Busa
L'image 1 permet
de découvrir une église à nef unique et abside
semi-circulaire. L’abside est recouverte d’un feston de
colonnettes. Nous avons déjà vu un système analogue à
Sussargues (dans Autres églises de l’Hérault (page 6/6)/
Occitanie/France). Nous pensons que ce décor servait de
bordure de toit et qu’il a dû précéder le décor d’arcatures
lombardes.
L'image 4 permet
de découvrir des arcs nettement outrepassés. Nous les
attribuons à une période préromane.
La nef (images 5 et 6)
est actuellement charpentée. On distingue nettement sur l'image 5 le départ d’un
doubleau. Ceci signifie qu’il y a eu voûtement de la nef ou
tentative avortée de voûtement. On remarque que les
doubleaux reposent par l’intermédiaire de chapiteaux
parallélépipédiques sur des colonnes doubles cylindriques,
lesquelles sont installées sur des massifs à plan
rectangulaire. On voit une telle disposition de l’autre côté
des Pyrénées à Saint-Just de Valcabrère. Mais aussi et d’une
façon nettement plus évoluée à Sant Pere de Rodes
(Catalogne/ Espagne) ou à Nant (Aveyron/Occitanie/France).
Datation envisagée
: an 900 avec un écart de 100 ans.
Isábena :
Cathédrale San Vicente de Roda
Nous n’avons pas disposé de suffisamment d’images de cet
édifice pour nous faire une idée plus précise. L’aspect
extérieur (images 7 et 8), encombré par des adjonctions d’époque baroque, est
peu révélateur. Seul le chevet aux trois absides accolées
décorées d’arcatures lombardes témoigne d’une ancienneté aux
alentours de l’an 1000. On aimerait mieux connaître la nef (image 9). Les
piliers rectangulaires surmontés d’impostes, et non de
chapiteaux, pourraient être préromans. Mais les arcs qui les
surmontent sont trop développés pour dater d’une haute
époque.
Une confession (image 10) a été créée, séparant la nef en deux parties. La
construction de ces confessions à l’intérieur d’un bâtiment
plus ancien semble dater des environs de l’an mille. Dans la
partie basse, se trouvait le tombeau du Saint sur lequel
était célébré le sacrifice de la messe. Les scènes
représentées sur celui-ci (image
11) sont typiquement romanes (Annonciation,
Visitation, Nativité, Adoration des Mages). Il pourrait
dater du XIesiècle. Le cloître voisin (image 12) est
probablement plus tardif (XIIesiècle).
Datation (provisoire)
de la nef : an 900 avec un écart de 200 ans.
Calvera :
Monastère de Santa María de Obarra
Le monastère est installé dans un cadre admirable (image
13). Seules semblent subsister deux églises. Nous
n’avons aucun renseignement sur la plus petite des deux. La
plus grande qui semble être l’abbatiale elle-même est un
édifice à trois vaisseaux et trois absides en prolongement
des vaisseaux (images de
14 à 18). L’absence de transept fait envisager une
haute ancienneté. Une grande partie de la nef est décorée
d’arcatures lombardes (image
15). Il en est de même des absidioles. L’abside
principale est quant à elle ornée d’un feston d’arcatures de
plus grandes dimensions (image
16). On voit des arcatures du même type à
Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault/Occitanie/ France) ou San
Vicente de Cardona (Catalogne/Espagne). Cette particularité
architecturale nous confirme dans l’idée que les arcatures
lombardes avaient plus une fonction architectonique que
décorative. Elles permettaient de renforcer la partie
supérieure des murs pour permettre le voûtement en plein
cintre des vaisseaux longitudinaux des nefs ou en
cul-de-four des absides. Lorsque les absides étaient trop
importantes comme ici, à Saint-Guilhem-le-Désert, ou à
Cardona, on installait ce système d’arcatures.
Les images 17 et 18 permettent
de voir qu’il y a corrélation entre ce type d’église voûtée
en plein cintre sur doubleaux plein cintre et les arcatures
lombardes.
Datation envisagée
: an 950 avec un écart de 100 ans.
Sopeira :
Monastère Santa María y San Pedro de Alaón
Comme l’abbatiale précédente, cette église est installée
dans un splendide décor de montagnes. C’est une église à
trois vaisseaux prolongés par trois absides. Elle est
décorée d’arcatures lombardes.
Datation envisagée
: an 950 avec un écart de 100 ans.
Sos del
Rey Católico : Église San Esteban
Bien que l’église San Esteban soit le seul édifice de cette
page que nous ayons eu l’occasion de visiter au cours de
notre voyage, nous ne pouvons en dire grand-chose. D’une
part, l’édifice est à ce point imbriqué dans les bâtiments
environnants qu’il est impossible d’en découvrir le plan au
vu des seules images 22,
23, 24. Par ailleurs, on ne sait pour quelle
raison, il est interdit de prendre des photographies de
l’intérieur. Les reproductions des images
26 et 27 ont été extraites d’Internet. La fresque
de l'image 26 pourrait
dater de la deuxième moitié du XIIesiècle
(représentation d’arcs brisés). Celle de l'image
27 serait plus tardive : XIIIe, voire
XIVesiècle. Bien que très dégradé, le portail,
quant à lui, pourrait dater du XIesiècle. Le
Christ en gloire est entouré des symboles des évangélistes (image 25).
Nous avons surtout essayé de comprendre les images
23 et 24 : ces deux images se succèdent, de
gauche à droite. On y distingue trois pans de mur : le
premier en pierres calcaires régulièrement taillées. Le
second est en briques. Le troisième, percé d’une grande baie
en arc brisé, est constitutif du porche abritant le portail.
Le premier et le troisième pan de mur pourraient être
contemporains, du XIesiècle (la baie en arc
brisé a pu avoir été percée après). Le deuxième pan de mur
du type dit « mudejar » aurait été posé ultérieurement. Il
reste cependant à vérifier tout cela sur place, car les
raccords entre les pans de mur sont difficiles à interpréter
sur ces images.
Datation : En
l’état actuel de nos observations, la datation que nous
proposons est l’an 1050 avec un écart de 100 ans. Cependant
cette datation pourrait être remontée dans le temps à la
suite d’une analyse plus poussée de cet édifice énigmatique.
Tolva :
Église San Cristóbal de Luzás
Il s’agit d’une chapelle à nef unique prolongée par une
abside semi-circulaire (images
28 et 29).
Cet édifice nous pose question. En effet, l'image
29 fait apparaître deux grandes fenêtres sur
l’abside. Or on ne retrouve pas les mêmes fenêtres sur la
fresque de l'image 30. S’agit-il
bien de la même église ? Ou doit-on en conclure que les
fenêtres ont été murées lors de la pose de la fresque ?
Autant qu‘on puisse en juger, la fresque daterait du XIVesiècle.
La chapelle quant à elle est nettement plus ancienne. Les
fenêtres sont typiquement romanes. L’ensemble est
relativement homogène. Cependant, on constate sur la façade
que le cordon reliant les fenêtres faisant office de
tailloir aux chapiteaux s’interrompt de part et d’autre,
preuve d’une réfection. Il semblerait même que c’est toute
la partie située au-dessus de ce cordon qui soit concernée
par cette réfection (image
29). Il est donc possible que ces fenêtres
romanes aient été percées ultérieurement à la construction.
Ce qui ferait remonter la datation que nous proposons : an
1050 aves un écart estimé de 75 ans.