Monuments de l’Orne susceptibles de dater du Ier millénaire (page 1/2)
Les édifices décrits dans cette page et la suivante ont été
identifiés comme pouvant dater du premier millénaire. Mais
rien n’est certain. Ces églises ne nous sont connues que par
quelques images extraites d’Internet. Seule une visite
approfondie pourrait permettre une meilleure évaluation.
Les deux édifices étudiés dans cette page sont les suivants
: L’église
Notre-Dame à Autheuil, l’église
Notre-Dame de Courthioust à Colonard-Corubert.
Il est selon nous important de constater la rareté des
monuments du département de l’Orne. Nous n’en connaissons
pas la raison.
L’église
Notre-Dame à Autheuil
Nous n’avons pas eu l’occasion de
visiter cette église. Cependant, les nombreuses images
trouvées sur Internet nous incitent à penser qu’il s’agit
probablement d’un édifice antérieur à l’an mille. Nous
allons essayer d’examiner certaines de ces images.
Tout d’abord, l'image 1 fait
apparaître une façade Ouest appareillée avec soin. Un
appareil différent de celui de la façade Sud (image
5). Cette façade Ouest a été probablement refaite à
l’époque purement romane (XIeou XIIesiècle).
Le mur Ouest du croisillon Sud du transept est percé d’une
porte à linteau en bâtière (voir
l'image 1).
L’appareil grossier identique à celui de l'image
5 est observable sur l'image
2, mais assez paradoxalement, pas sur l'image
3.
Deux autres portes à linteau en bâtière sont observables sur
les images 4 et 6.
Selon nous, ces linteaux en bâtière sont caractéristiques
d’une époque. Il peut être intéressant de les comparer à
ceux de Beauieu-sur-Dordogne (voir sur ce site la page
Beaulieu-sur Dordogne/Corrèze/ Nouvelle Aquitaine/ France,
et dans cette page, les
images 14, 17 et 18). Sur ceux de Beaulieu, on
constate que les linteaux sont protégés par deux modes de
décharge : soit des blocs parallélépipédiques sont disposés
en biais sur le linteau, soit un arc de décharge s’appuie
directement sur les côtés du linteau. Dans le cas présent ,
à Notre-Dame d’Autheuil (images
4 et 6), l’arc ne s’appuie pas sur le linteau, mais
sur les piédroits de la porte. Quant au linteau, il repose
lui aussi sur les piédroits mais c’est vraiment de justesse.
Notre hypothèse est la suivante : il existait en cet
emplacement des portes à linteau en bâtière couvertes d’un
système de décharge qui s’est révélé défectueux (peut-être à
un autre endroit). Il a été décidé de remplacer ce système
de décharge par les arcs actuels en les faisant porter, non
sur les côtés des linteaux, mais directement sur les
piédroits de la porte. En conséquence, les côtés des
linteaux ont été supprimés en laissant aux linteaux une
marge minime pour reposer sur les piédroits. Il est
intéressant de noter qu’un linteau en bâtière photographié à
Pula en Croatie (page
de ce site : La cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Pula
et Split, images de 10 à 13)
est daté de l’an 852.
Nous ne disposons malheureusement pas
d’image d’ensemble de la nef qui devait être primitivement à
trois vaisseaux, - et qui l’est peut-être encore - ces trois
vaisseaux étant actuellement recouverts par un toit à deux
pentes.
En tout cas, les différences d’appareil entre les parties
basses et hautes sur l'image
5 montrent bien qu’il y a eu deux étapes de
travaux, étapes qu’il nous est difficile d’évaluer sur ces
simples photographies.
Le chevet (image 7)
est roman (XIeou XIIesiècle). Les arcs
de croisée du transept sont légèrement outrepassés (image
8). Il s’agit là d’une particularité que nous avons
constatée en plusieurs endroits. Particularité qui pourrait
faire l’objet d ‘études ultérieures.
Venons en à présent aux chapiteaux. Ils
sont d’une richesse et d’une variété remarquable. Ces
chapiteaux semblent être placés dans les parties supérieures
de la nef
(image 11).
Il y a d’abord les chapiteaux à quadrupèdes adossés (images
12 et 13). C’est la première fois que nous voyons
ce type de chapiteau. Comme dans une des pages précédentes,
à Tollevast, l’image des animaux se détache sur une surface
lisse. Mais à Tollevast, les animaux étaient séparés et
affrontés.
Viennent ensuite des représentations plus « classiques » :
masque et feuillages (image
14), entrelacs (image
15), feuillages (image
16), entrelacs et masques - feuillages
(images 17 et 18).
Il faut cependant noter que ces représentations ne sont pas
aussi classiques qu’il n’y paraît. Observons par exemple le
tailloir situé au dessus du chapiteau dans l'image
16. En
règle générale, ces tailloirs portent un décor répétitif.
C’est le cas à gauche mais pas à droite où le décor en forme
de pointe de diamant est remplacé par une volute d’où
émerge, semble-t-il, un poisson.
Nous ne savons pas où sont localisés les chapiteaux des images 20, 21 ,22.
Au-dessus des piédroits d’une porte ? Ils sont en tout cas
très différents des chapiteaux romans rencontrés auparavant.
Nous avons même un temps envisagé qu’ils pouvaient dater du
XVIIIesiècle. Cependant, leur état de dégradation
ainsi que celui des tailloirs qui les surmontent nous a fait
rejeter cette idée.. C’est la première fois que nous
rencontrons sur des chapiteaux des représentations d’animaux
aussi graciles, pratiquement filiformes. On peut peut-être
trouver des modèles analogues dans les sculptures du mur
Nord de la Stavkirke d’Urnes en Norvège. Ces chapiteaux
pourraient donc être d’origine viking. Cependant il ne faut
pas passer à des conclusions hâtives pour des chapiteaux que
nous n’avons pas analysés dans leur entourage immédiat. De
plus, il est fort possiblet que la Normandie ait constitué
une terre de passage, voire de sédentarisation pour un grand
nombre de tribus venues du Nord : les Francs, les Angles,
les Saxons, les Frisons, les Jutes, les Suèves, les Goths,
etc. On a tendance à rassembler tous ces peuples dans un
seul, les Normands. Or on sait, par l'étude des dialectes
nordiques, que certains de ces peuples pouvaient être fort
différents.
Il reste enfin deux pierres situées à la jonction de deux
arcs. La première (image
23) représente un homme assis nu et auréolé portant
les bras levés dans une attitude d’orant. Sur la seconde (image 24), on peut voir
un Agneau Pascal auréolé portant une croix pattée et hampée.
Les deux sculptures en bas-relief sont préromanes.
Datation envisagée pour l'édifice primitif : an 850 avec un
écart de 150 ans.
L’église
Notre-Dame de Courthioust à Colonard-Corubert
Nous n’avons pas visité cette église à nef unique
charpentée. Les images tirées d’Internet nous permettent de
découvrir son aspect vétuste avec à l’intérieur une table de
communion d’une grande largeur peut-être réalisée avec du
matériau de récupération, mais peut-être s’agit-il aussi
d’un chancel préroman ?7. A l’extérieur (image
27), les murs révèlent des traces de réfection. Il
existe deux types de fenêtres. Tout d’abord, on voit sur
cette image 27 une
grande fenêtre de style gothique flamboyant. Et à côté
d’elle, deux fenêtres plus petites et très étroites. Nous
estimons que ces fenêtres sont préromanes. Elles ont toutes
deux la particularité d’être protégées, non pas par un arc,
mais par in linteau monolithe gravé en forme d’arc (images
28 et 29). L'image
30 est celle d’une fresque romane que nous ne
sommes pas en mesure de dater faute de connaissances en la
matière.
Datation envisagée pour cet édifice : an 950 avec un écart
de 100 ans.