Églises de Loire-Atlantique susceptibles de dater du Premier Millénaire 

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Rappelons que de nombreuses conditions sont nécessaires pour permettre la datation d’un édifice. Et tout d’abord, la possibilité d’y accéder tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. On peut bien sûr utiliser toute la documentation mise à notre disposition (livres, pages d’Internet). Mais dans bien des cas, cette documentation se révèle insuffisante. Ainsi, il suffit de consulter l’encyclopédie en ligne Wikipedia pour constater cette insuffisance : de nombreux édifices signalés comme romans ne font l’objet d’aucune description. Et lorsqu’il y a des photographies, ce n’est en général qu’une simple image de l’extérieur.

Cette carence est manifeste en ce qui concerne le département de Loire-Atlantique où, hormis l’abbatiale de Saint-Philbert-de-Grandlieu, nous n’avons pas trouvé d’édifice vraiment significatif. Les quelques églises signalées ci-dessous ne sont que les ébauches de travaux futurs.



L’église Saint-Jean-de-Béré à Châteaubriant

Le site Internet « Tourisme en France » qui signale cette église nous donne l’information suivante : « Édifiée au XIe siècle, cette église est la plus ancienne de Loire-Atlantique ». Les images 1 et 2 évoquent plutôt une église antérieure à l’an 1000. La nef unique n’est pas voûtée et ne l’a probablement jamais été. L’entrée s’ouvre sur la façade occidentale. L’archaïsme de cette-ci est évident. L’arc triomphal, nettement brisé (image 2) fait envisager une transformation opérée au XIIIe ou au XIVe siècle. La multiplicité de formes de baies est révélatrice d’un grand nombre de transformations successives. Nous ne pouvons pas fournir de datation plus précise que la suivante : an 850 avec un écart estimé de 150 ans.



La collégiale Saint-Aubin de Guérande

Sur le plan (image 3), on nous informe que la nef de cet édifice doit dater de la fin du XIIesiècle. Cette opinion est confortée par le croquis d’un pilier par Viollet-le-Duc (image 4). L’arc brisé porté par ce pilier est typiquement gothique. En conséquence, la datation est plausible. Il existe néanmoins pour nous un petit problème consistant à ce que l’on pourrait appeler une faute de goût architectural : la section du pilier cruciforme à huit excroissances est, sur le plan de Viollet-le-Duc, différente de la section de la partie immédiatement au-dessus du pilier, à quatre excroissances. Nous ne pensons pas à une faute de goût mais à un changement de programme. Changement qui a très bien pu s’opérer au cours de la construction. Dans tous les cas, il est peu probable que l’édifice primitif soit antérieur à l’an 1000.



La Meilleraye-de-Bretagne : l’abbatiale

Selon l’encyclopédie en ligne Wikipedia, l’abbaye de la Melleray serait une abbaye cistercienne fondée en 1145. Des restes de cette abbatiale subsisteraient dans l’actuel édifice mais nous n’avons pas vu de photographie. De toute façon, si la date de fondation est exacte et si l’abbaye a été construite sur un terrain vierge de toute construction antérieure, cette date de fondation la range hors des limites de notre étude.



L’église Saint-Jouin de Moisdon-la-Rivière

Cette église nous est signalée comme étant du XIe et du XIIIe siècle. Les images 5 et 6 ne témoignent pas d’une ancienneté antérieure au XIIIe siècle. Mais peut-être en est-il d’autres que nous ignorons ?


La chapelle Saint-Marcellin de Mouais

Nous n’avons pas d’image de cet édifice qui daterait du XIe siècle. Un édifice qui cacherait une fontaine miraculeuse. D’après Wikipedia, elle aurait abrité les reliques de Saint Marcellin déposées en 860 par les moines de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon. On retrouve dans cet énoncé la démarche récurrente repérée en de nombreuses occasions : une datation très imprécise, ici, le XIesiècle, est préférée à une datation précise, ici, l’an 860. Ce type de démarche se produit lorsque la date (860) est inférieure à l’an 1000. Nous sommes persuadés que si la date donnée avait été supérieure à l’an 1000, elle aurait été prise en compte dans la datation et l’événement de dépose des reliques de Saint Marcellin aurait été établi comme certain.



La chapelle Saint-Étienne du cimetière Saint-Donatien de Nantes

D’après Wikipedia, cette chapelle serait une des plus anciennes de Loire-Atlantique. Elle daterait du VIesiècle. Sans être aussi précis, nous souscrivons à cette ancienneté (an 550 avec une écart estimé de 75 ans). L’appareil de la chapelle avec alternance de moellons grossièrement équarris et de briques confirme cette datation. Par ailleurs, le plan rectangulaire de l’édifice correspond à celui d’églises du Premier Millénaire, à nef unique et chevet carré (image 7).



L’abbatiale de Saint-Gildas-des-Bois

L’abbaye de Saint-Gildas-des-Bois aurait été fondée en 1026. L’extérieur de l’abbatiale n’est pas très révélateur d’une quelconque ancienneté. La nef, quant à elle, pose problème (image 8). D’une part, la présence d’arcs brisés témoigne d’un art roman tardif. D’autre part, l’absence de voûtement du vaisseau principal est plutôt représentative d’un premier art roman. Comment concilier ces points de vue contradictoires ?

Il nous faut accepter l’idée que l’arc brisé est plus ancien qu’on l’imagine. Ainsi, il est présent à la cathédrale Saint-Lazare d’Autun construite vers 1130. Il pourrait être bien antérieur encore et remonter au XIesiècle. Néanmoins, il est douteux que cette nef date des premières années du XIesiècle. Datation envisagée : 1100 avec un écart estimé de 50 ans.



La chapelle Notre-Dame-des-Champs de Vieillevigne

Cette chapelle nous est indiquée comme étant du XIesiècle. Au vu de la seule image (image 9) que nous possédons, il nous est difficile de confirmer ou d’infirmer ce point de vue.