Diverses églises du Rhône susceptibles de dater du premier millénaire
Le département du Rhône ne possède pas
d’édifice roman réputé. Hormis peut-être la basilique
Saint-Martin d’Ainay à Lyon, à laquelle nous consacrons une
page spéciale, la page suivante. Nous n’avons pas eu
l’occasion de visiter les églises de ce département. Par
contre, le site Internet « Églises romanes dans le
département du Rhône » révèle la présence de nombreuses
églises ou chapelles qualifiées de « romanes ». Nous en
avons présélectionné une trentaine. Après avoir consulté
divers autres sites Internet, nous avons rejeté de la
sélection les églises suivantes : l’église Saint-Nicolas de
Beaujeu, l’église Notre-Dame de Belleville, l’église
Saint-Christophe de Charnay, la chapelle Notre-Dame de Bon
Secours de Châtillon, l’église Saint-Pierre de Dracé,
l’église Saint-Dutrille de Frontenas, la chapelle
Saint-Lazare de Givors (Saint-Martin-de-Cornas), l’église
Saint Pancrace du Breuil, l’église Notre-Dame de Lyon
(Saint-Rambert-l'Ile-Barbe), la coupole romane de Saint-Paul
de Lyon, l’église Saint-Jean l'Évangéliste de Messimy,
l’église Saint-Sulpice de Montagny, la chapelle
Saint-Martin-Les-Périls de Montrottier, l’église Notre-Dame
de Morancé, l’église Saint-Antoine d'Ouroux, la chapelle
Saint-André de Pollionnay, l’église Saint-Martin de
Poule-les-Écharmeaux, l’église Saint-Christophe de
Saint-Christophe, l’église Saint-Georges de
Saint-Georges-de-Reneins, l’église Saint-Martin de
Salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais, l’église de la Nativité
de Notre-Dame de Taluyers, l’église Saint-Isidore de
Taponas, l’église Saint-Mayol de Ternay, l’église
Saint-Georges de Thizy, l’église Saint-Martin de Vauxrenard,
l’église Notre-Dame de Vernay, la chapelle
Saint-Jean-Baptiste d'Yzeron.
Il faut bien noter qu’un rejet de la sélection ne signifie
pas automatiquement que ces églises ne datent pas du premier
millénaire, voire qu’elles ne sont pas romanes. Si nous les
avons rejetées, c’est principalement parce que nous n’avions
pas suffisamment d’informations sur ces églises. Nous ne
disposions que d’une ou deux images capturées sur Internet.
Nous avons cependant pu sélectionner les sept églises
suivantes, décrites dans cette page : l’église
Notre-Dame-de-l'Assomption d’Avenas, l’église
Saint-Martin de Charentay, la
chapelle d'Ouilly de Gleizé, la
chapelle Saint-Paul de Lacenas, la
Manécanterie de Lyon, la
chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent d’Agny, l’église
Saint-Jean-Baptiste de Saint-Mamert.
Nous rappelons que nous n’avons pas visité ces églises. Les
images sont issues d’Internet. Elles ne peuvent remplacer
une visite in situ.
L’église
Notre-Dame-de-l'Assomption d’Avenas
Il nous est difficile d’évaluer cette église qui semble
avoir subi des modifications. L’arc brisé séparant la nef du
transept de l'image 3 pourrait
faire penser à une construction à l’époque gothique.
Néanmoins, il arrive souvent qu’un arc soit refait à une
époque ultérieure. En particulier, lorsque l’arc doit
supporter un poids supplémentaire. Ce qui pourrait être le
cas du clocher surmontant la croisée du transept (images
1 et 2). Par ailleurs, il semblerait que les
traces d’un arc en plein cintre subsistent au dessus de
l’arc brisé. Nous remarquons par ailleurs sur l'image
1 que le toit du croisillon du transept semble
être plus bas que celui de la nef. Nous estimons que le «
transept bas » est signe d’ancienneté. Selon nous,
l’invention du transept s’est faite progressivement en
plusieurs étapes. Initialement les églises étaient
dépourvues du transept : une nef rectangulaire et un chœur.
On a d’abord introduit à l’intérieur de la nef un mur de
séparation entre les clercs et les laïcs. Puis on a ajouté
des ailes de part et d’autre de la nef et du côté du chœur.
Ces ailes s’appuyaient sur les mur extérieurs de la nef,
leur toit étant plus bas que celui de la nef. Ce n’est que
plus tard que les architectes auraient songé à tout mettre
sous une couverture commune, à uniformiser l’ensemble (plus
de toits en dégradé, hormis pour les chevets d’Auvergne).
Nous ne connaissons pas la datation des fonts baptismaux (image 6). Nous les
estimons antérieurs à l’an 1000. Mais ce, sans apporter de
preuve déterminante.
Notons la présence d’un très beau devant d’autel roman. Nous
le datons de la seconde moitié du XIIesiècle.
Datation envisagée
pour l’église Notre-Dame-de-l'Assomption d’Avenas : an 950
avec un écart de plus de 100 ans.
L’église
Saint-Martin de Charentay
Extérieurement, l’église Saint-Martin de Charentay ne semble
pas représenter un grand intérêt (image
7). Il n’en est pas de même pour l’intérieur (image 8). Les piliers
sont de type R0000.
Ces piliers, associés à des arcs en plein cintre, sont pour
nous caractéristiques de basiliques du Haut Moyen-Âge
(Saint-Aphrodise et la Madeleine de Béziers). On nous
objectera sans doute que ce type de pilier se retrouve aussi
dans les périodes classique et baroque. Mais dans ce cas,
les fenêtres seraient dans le même style. Or ici elles sont
de style gothique. Nous estimons qu’il est plus facile de
refaire des fenêtres que des piliers maîtres. Cela étant,
les piliers que nous voyons ici ont été fortement restaurés.
Il est peu probable que les impostes soient d’origine.
Datation envisagée
pour l’église Saint-Martin de Charentay : an 600 avec un
écart de près de 200 ans.
La
chapelle d'Ouilly de Gleizé
Peu de choses à dire sur cette église dont nous avons pu
recueillir le plan (image
12). D’après le mot « ferme » utilisé dans ce
plan, la nef serait charpentée. Nous estimons qu'aux
environs de l’an mille, le voûtement des nefs a été
généralisé. Le voûtement en coupole de la croisée du
transept aurait lui aussi été généralisé. Dans le cas
présent, la croisée du transept est couverte par un parquet.
Nous estimons (mais sans preuve) que le type de porte de l'image 11, porte pourvue
d’un linteau rectangulaire, mais dépourvue de tympan, est
plus ancien que le type classique de la porte romane.
Datation envisagée
pour la chapelle d'Ouilly de Gleizé : an 950 avec un écart
de plus de 100 ans.
La
chapelle Saint-Paul de Lacenas
Sur l'image 13 de la façade
occidentale de cette église, on repère une porte de style
Renaissance ainsi que de part et d’autre et au dessus de
cette porte, deux arcades en partie arasées montrant que la
nef a été rabaissée.
L’abside demi-circulaire de l'image
14 est percée d’une unique fenêtre axiale de forme
meurtrière très étroite. Cette particularité est pour nous
signe d’ancienneté. Les grandes églises dites «
carolingiennes », du IXeou Xesiècle,
sont dotées de larges baies. C’est peut-être moins vrai pour
les petites églises de campagne qui devaient se protéger des
rodeurs. Néanmoins, le doute subsiste concernant une
datation du XIeou XIIesiècle.
Cette chapelle abriterait de belles fresques dont celle de
l'image 15, datable
du XIIIesiècle, représentant le Massacre des
Saints Innocents.
Datation envisagée
pour la chapelle Saint-Paul de Lacenas : an 950 avec un
écart de 150 ans.
La
Manécanterie de Lyon
Selon divers sites Internet, la Manécanterie serait un des
plus anciens monuments de Lyon. Voire même, le plus ancien.
Ce qui signifierait, au vu de l’ancienneté d’autres
monuments de Lyon, que ce bâtiment pourrait être antérieur à
l’an mille.
Nous avouons n’avoir pas repéré une telle ancienneté sur les
images 16, 17 et 18.
Les arcades de la façade s’apparentent plus à des arcatures
lombardes du XIesiècle qu’à des arcades
romaines. Il faut cependant dire que ces images ne suffisent
pas pour une estimation correcte. Il faudrait disposer
d’autres vues comme, par exemple, celles des chapiteaux
supportant les arcades.
Datation envisagée
pour la Manécanterie de Lyon (estimation s’appuyant sur le
seul examen de l’architecture de l’édifice et non sur des
données historiques) : an 1020 avec un écart de 75 ans.
La
chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent d’Agny
Nous remarquons en premier lieu que l ‘abside
semi-circulaire de cette chapelle repose sur un grand massif
à plan rectangulaire (image
19). En fait, il est difficile de savoir si
l’abside repose sur cette construction ou si elle est
adossée à celle-ci. Il est possible que l’église primitive
ait été à chevet carré et que l’on ait construit l’abside
semi-circulaire à l’intérieur et contre ce chevet carré. Il
n’est pas rare en effet de trouver des absides
semi-circulaires à l’intérieur, et carrées à l’extérieur.
Le portail de l'image 24 est
typique de certains portails que nous estimons préromans. La
porte est protégée par un arc de décharge dont les bases
s’appuient sur les côtés d’un linteau en bâtière. L’espace
vide entre l’arc de décharge et le linteau est rempli par
des moellons ou une mosaïque. Dans le cas présent, l’arc de
décharge formé d’une alternance de pierres et de briques, ne
s’appuie pas sur les côtés du linteau. Sans doute le
résultat d’une restauration.
Datation envisagée
pour la chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent d’Agny : an
900 avec un écart de 150 ans.
L’église
Saint-Jean-Baptiste de Saint-Mamert
On constate sur l'image 25
que les croisillons du transept sont nettement plus
élevés que la nef. Ceci signifierait que le transept a été
construit après la nef et sur une travée de celle-ci.
L'image 27 nous
fait découvrir l’intérieur du transept. On voit sur l’image
que les arcs de croisée du transept sont installés sur les
piliers par l’intermédiaire d’impostes (et non de la
construction classique typique de l’art roman : le système
chapiteau-tailloir). Ce pourrait être un signe d’ancienneté
par rapport à l’art roman. Cependant, les images ne sont pas
suffisamment précises et détaillées. Aussi, nous ne pouvons
proposer que la datation
suivante pour l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Mamert :
an 1050 avec un écart de 100 ans.